Valérie Mangin (scénario)
Thierry Démarez (dessin)
d’après Jacques Martin

Alix Senator tome 11

L’Esclave de Khorsabad

Bande dessinée, histoire / antiquité
Publiée le 04 novembre 2020 chez Casterman

Répondant à l’invitation de son cousin, Alix est de retour en Gaule. Vanik, devenu gouverneur, veut faire renaître la splendeur perdue d’Alésia. Non loin de l’ancien oppidum d’étranges créatures se terrent. Ils sont les vétérans mutilés de l’armée maudite de Vercingétorix. Les ombres torturées du passé s’étendent sur le présent. Pris au piège de la forêt gauloise et de ses créatures, Alix devra faire face à la haine et aux rancœurs tenaces.

Dans ce tome 11 intitulé L’Esclave de Khorsabad, Alix traumatisé par les tragédies précédentes continue d’effectuer une retour aux sources se rendant là où tout à commence pour lui et pour les lecteurs. Vu que son fils Titus est plus que jamais aux centre des games of thrones romains, pas sûr que cela soit une bonne idée que de le laisser tout seul de son côté, lui qui a les mêmes deuils que lui à affronter…

On démarre par un droit de quota de flashbacks qui met en avant ce que Jacques Martin nous avait dit mais jamais montré : le père d’Alix était un cavalier gaulois parti avec Crassus pour sa campagne orientale, mort avec son général lors de la désastreuses bataille de Carrhes en 53 avant Jésus-Christ. Le problème c’est que cette nécessaire explication vient beaucoup trop tard, et que fatalement les incohérences viennent pointer le bout de leur nez : on nous montre Alix vendu comme esclave aux prêtres de la cité maudite de Khorsabad, alors que dans l’album de la série d’origine Iorix le Grand c’était écrit noir sur blanc que les Parthes avait acheté la reddition ds Gaulois en leur offrant la liberté et le retour chez eux (et puis comment Alix s’est-il retrouvé le seul habitant de Khorsabad ? pourquoi y est-il resté alors qu’il aurait pu s’enfuir et retrouver les siens ? et WTF pourquoi Suréna et son armée sont-ils entrés comme si de rien n’était dans la cité interdite que tout le monde évite ?)

Il est moins dangereux de se savoir haï que de se croire aimé.

Il y a un contexte historique : l’esclave italienne Musa est devenue la principale épouse du roi parthe Phraatès IV, et la révolte gronde parmi la noblesse contre sa politique jugée trop conciliante avec l’Empire romain. Le problème c’est que notre seule source historique c’est Joseph ben Mattathias dit Flavius Josèphe, collabo juif lécheur de cul de la dynastie flavienne, peu avare de nationalisme gratuit et de racisme de bas étage dans ses écrits (en colportant par exemple des histoires d’inceste institutionnel que n’attestent aucune autre source que lui-même).
Alix et ses compagnons sont pris à parti, et se retrouvent enlevés par Osacès conseiller du dénommé Bazarphanès qui veut lui arracher les secrets du trésor caché de Khorsabad pour lever une armée et prendre le pouvoir (refrain bien connu). Déjà Alix est censément en quête de l’Atlantide pour trouver un remède pour guérir Enak censément mort dans un tome précédent, et pour cela il est accompagné les prêtres-guérisseurs Achoris et Tefnout qui ne sont même pas présentés : il y a toujours eu un petit côté fantastique dans la série, mais dois-je préciser que tout cela n’est pas très bien amené (voire capillotracté) ? Ensuite Alix prend immédiatement sous son aile le dénommé Monacès qu’il ne connaît absolument pas juste parce qu’il ressemble à Enak, bien que Tefnout ne cesse de répéter qu’il n’est pas Enak (où comment spoiler le plus gros twist du tome). Après son inévitable évasion la Team Alix se réfugie donc dans la cité maudite, en espérant que vont s’affronter l’ambition et la superstition parmi leurs poursuivants…

C’est quand même un bel album avec les ruines de Khorsabad enneigés magnifiquement dessinées par Thierry Démarez, avec ses qualités et ses limitations habituelles (il est plus illustrateur que dessinateur, donc ses graphismes ont souvent un côté froid voire figé). L’opposition entre un Alix humble qui veut rendre hommage à son père et son antagoniste ambitieux qui se sert se père est intéressante. Mais il y avait mieux à faire : un bon vieux survival dans une cité abandonnée aurait été plus efficace qu’un Alix mené par le bout du nez par un méchant aux plans machiavéliques qui se déroulent sans aucun accroc. N’empêche j’ai bien ri à la référence à l’album de la série d’origine Le Dieu Sauvage

J’ai comme l’impression que ce relaunch d’Alix arrive trop tard : on a fait durer la série d’origine trop longtemps avec des tomes moyens voire très moyens pour pouvoir la relancer efficacement voire correctement. A l’époque de la nostalgie et du reboot facile je tremble pour toutes les autres séries dites « classiques »…

note : 6,5/10

Alfaric

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