Kia Asamiya

Batman : L’Enfant des rêves, tome 1

Comic, policier / superhéros
Publié en VF le 26 novembre 2001 chez Semic
Publié en 2001 chez DC Comics (« Batman: Child of Dreams »)

Gotham City. Aujourd’hui. « Le suspect s’est réfugié au vingt-deuxième étage. Il a des otages ! Des civils ! On confirme qu’il a des complices ! Et ils quinze otage ! » L’intervention de Batman permet de libérer in extremis une équipe de journaliste venus de Tokyo des griffes de Pile ou Face, le criminel défiguré. Malheureusement, ce dernier meurt dans le fourgon de la police, ne laissant aucun témoin derrière lui. Plus étrange encore, l’autopsie révèle qu’il ne s’agit pas du vrai Pile ou Face. Qui sont donc ces ersatz de vilains qui sèment le chaos dans la cité ? Et que se passera-t-il lorsque le pire d’entre eux, le Joker, fera son entrée en scène ?

On ne présente plus le personnage iconique de Batman, le héros vigilante surnommé le Chevalier Noir de Gotham qui a marqué le XXe siècle de son empreinte au point d’être associé au phénomène de l’urbanité. Car derrière le masque plus qu’un homme il y a des idées, et les idées sont dotées de l’immortalité !
Les univers mangas et comics font parfois de belles voire fructueuses collaborations, et tel est le cas ici où Kia Asamiya réaliser un récit en 2 parties intitulé L’Enfant des rêves : la 1ère se déroule à Gotham, la 2e à Tokyo !

Je vais commence par parler de la forme : pour un habitué du manga comme moi le format comic est très agréable à lire. Après le mangaka a un style très typé années 1990 qui a un peu vieilli (il n’a pas fait grand-chose avant les années 1990 et n’a plus fait grand-chose après les années 1990), avec des planches entièrement tramées et un charadesign qui par moment n’est pas sans rappeler celui d’Hiromu Arakawa (les personnages sont très expressifs mais pas toujours réalistes avec leurs longs nez typiques du mangaka). Par contre on sent bien que l’auteur possède la double casquette dessinateur / animateur : le découpage est très fluide, les scènes d’action sont très dynamiques tout en restant claires et lisibles, et cerise sur la gâteau toutes les doubles planches pètent la grande classe !

– Je ne suis qu’un type normal… Ceci dit, ceux qui ont déjà vu l’autre moi-même me considéraient-ils comme normal ? Mes deux visages ont enfanté deux personnalités dans mon esprit… Non, ce n’est pas tout à fait vrai… Mon seul corps porte deux personnalités… L’obscurité ma changé. L’obscurité protège les ruelles d’ombre. Je vis depuis si longtemps avec l’obscurité à mes côtés. Mais avant d’avoir eu le temps de le comprendre, j’étais déjà devenu le centre d’intérêt de tant de gens qui mettaient en moi leurs espoirs et leurs aspirations. Ce n’était pas ce que ce que cherchais… Je ne suis pas un surhomme. En dépit de ce que pensent les autres… Je ne suis qu’un type normal.

Pour la jeune et belle journaliste Yuko c’est le plus beau jour de sa vie : fangirl du Batman qui naguère l’a sauvée elle et ses parents, elle est envoyé en reportage à Gotham… Et entre la recrudescence de violence et de la criminalité suite à l’arrivée sur le marché de nouvelles drogues, et une vague d’attentats commis par les supervilains locaux, il y a fort à faire tant pour Yuko que pour le Batman. Sauf que Pile-ou-Face, le Pingouin, le Sphinx et le Joker s’avère des imposteurs qui ne survivent pas à leur prise de la dernière drogue en date : l’Otaku, une substance qui vous change corps et âme…
Il y a une belle réflexion sur la construction et l’évolution de la personnalité car on fait le parallèle entre Yuko et Bruce Wayne qui ont connu les mêmes malheurs mais qui ont évolué différemment. Pour Yuko il y a eu Batman et elle s’est construit avec Batman pour modèle, pour Bruce Wayne il n’y a eu personne donc il s’est construit par lui-même (donc un self-made man comme la mythologie américaine les aime tant). L’Otaku est aussi une critique de ces générations qui vivent leurs vies par procuration au lieu de prendre leurs destins en main, et pour les âmes égarées prêtes à tout pour exister et attirer le regard des autres il est tellement plus facile de suivre un modèle négatif plutôt que positif…

Tout cela est vraiment pas mal du tout, mais il y a des dialogues inégaux et quelques clichés qui tirent un peu l’ensemble vers le bas : la journaliste à la fois amoureuse de Bruce Wayne et de Batman, la famille bourgeoise qui s’égare dans une rue mal famée, les Japonais qui font un complexe d’infériorité par rapport à la prétendue efficacité américaine alors que chez eux la criminalité est quasiment inexistante…

note : 7/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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