Alex Alice
(scénario & dessin)

Le Château des étoiles, tome 5

Bande dessinée, science-fiction / steampunk
Publiée le 17 juin 2020 chez Rue de Sèvres

Planète Mars, 1873 : Séraphin et ses amis escortent la Princesse et son peuple à travers les hauts plateaux. La colonne de martiaux fuit l’invasion prussienne, et espère trouver refuge au-delà des terres interdites du pôle de Mars. Mais les phénomènes étranges se multiplient, et les aigles de guerre de Bismarck menacent… Poussés au bord du désespoir, leur salut viendra-t-il des reliques d’une antique civilisations martienne, ou d’une alliance plus pragmatique avec le tout nouvel empire interplanétaire de Napoléon III ?

Je suis un grand fan d’Alex Alice en général et de sa série-là en particulier, mais dans ce tome 5 la magie a eu du mal à opérer sur moi. Alors peut-être que je n’ai pas adhéré aux choix réalisés par l’auteur, mais je crois surtout à la malédiction du tome de transition car on change très souvent d’unité de lieu, de temps et d’action en laissant pas mal de choses en suspens. Or le talent de l’auteur a souvent résidé à poser une ambiance et en prenant tout temps nécessaire pour exposer tous les tenants et aboutissants de son récit…

Donc on commence par un flashback de l’invasion prussienne de Mars, puis on passe à un flashforward d’une investigation en Auvergne, puis on repart sur Mars avec en plus une ellipse car l’invasion et la conquête de Mars ne sont mêmes pas montrées. D’un côté on a Schneidig qui s’insurge contre l’asservissement des Martiaux pour le plus grand profit de la ploutocratie prussienne, et d’un autre côté la Team Séraphin qui emmène les réfugiés martiaux vers le Pôle Nord, « Forteresse de Solitude » de Louis II de Bavière leur « Dernier Espoir ». C’est un peu une inversion de la course vers l’équateur dans Les Chiens de Skaith de Leigh Brackett. Les ellipses sont d’autant plus nombreuses qu’en plus le Château dans les étoiles crée des distorsions temporelles d’autant plus fortes qu’on se rapproche d’elles. La résolution est précipitée, frustrante et pour ma part assez décevante…

ATTENTION SPOILERS Louis II a utilisé la super-technologie des Anciens qui permet à la pensée d’influer sur la réalité pour recréer sa Bavière natale dans une vallée perdue du Pôle Nord de Mars, le Balafré veut s’en emparer mais on ne sait pas pourquoi, on ne sait oas plus si Gunther devenu fou sert Louis II ou le Balafré (s’il veut l’argent ou le pouvoir), et en en détruisant la Clé la super-technologie des Anciens est perdue pour tous. Et comme par hasard la Princesse de Mars la plus grande télépathe de son peuple n’arrive à pas contacter Louis II en état de transe : comme c’est utile pour réaliser plusieurs tomes de plus… Toutes les promesses entrevues et entretenues précédemment sont donc reportées aux calendes grecques, et on a quasiment un arc pour « rien » car « rien » n’est résolu ! Mais c’est quand même beau que les « Révoltés du Bounty » de Schneifig fassent eux la promesse de protéger la civilisation martienne contre la ploutocratie et l’impérialisme de la Terre (Albator / Harlock forever : les vrais savent)… FIN SPOILERS

Il n’y a qu’un terrien pour accorder de la valeur à l’or !

C’est sans aucune transition qu’on repart ensuite sur Terre pour convaincre Napoléon III d’intervenir en faveur des habitants de Mars, et force est de constater que cela part un peu dans tous les sens… De retour en Bretagne le pauvre Loïc Lebrun découvre qu’il s’est battu pour rien, arrivée à Paris la Princesse de Mars découvre elle les démons et les merveilles de l’humanité à travers le capitalisme et l’impérialisme, le libéralisme et le racisme, tandis que la Team Séraphin se lance dans des investigations dignes de Rouletabille avec la journaliste Jocaste Daumier. Et puis notre héros est confronté au neveu de Napoléon Bonaparte : je n’ai pas compris pourquoi Alex Alice faisait du personnage un parangon de la realpolitik alors qu’IRL il s’est toujours illustré par son idéalisme (souvent à son détriment)… Peu importe, dans un scène digne du Nadia, le secret de l’eau bleue du célèbre Hideaki Anno fils caché du légendaire Hayao Miyazaki (les vrais savent), la Team Séraphin est dispersée aux quatre vents…

« Être adulte, ce n’est pas renoncer. C’est assumer ses responsabilité. » C’est ainsi que Séraphin s’oppose à son père passé du côté de la France et de son grand-père passé du côté de l’Autriche. Le message est très beau certes, mais c’est dommage que le héros soit allé sur Mars pour sauver son père alors qu’après moult tribulations on en arrive là… Au final tous les espoirs du système solaire libre repose sur Loïc et Sophie perdus au plus profond de l’Auvergne : on est plus que jamais To Be Continued !!!

note : 7+/10

Alfaric

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