Jean-David Morvan (scénario)
Pierre Alary (dessin)
d’après R.E. Howard

Conan le Cimmérien,
tome 1 : La Reine de la Côte noire

Bande dessinée, fantasy
Publiée le 02 mai 2018 chez Glénat

De barbare à pirate, il n’y a qu’un pas.

Poursuivi pour avoir tué un juge, Conan trouve refuge in extremis sur un navire marchand. Mais peu de temps après avoir appareillé, le Cimmérien et ses nouveaux compagnons doivent faire face à une menace : les pirates de la légendaire Bêlit, autoproclamée Reine de la Côte Noire ! Après un combat éprouvant, Conan fait sensation auprès de sa terrible adversaire qui ne tarde pas à tomber sous le charme. Elle voit en lui celui qu’elle a toujours attendu, le roi pirate qui mènera ses hommes à la gloire…

On ne présente plus R.E. Howard, l’auteur texan qui a fait entrer le récit d’aventure dans le XXe siècle. Il est d’une telle modernité, que non seulement la plupart de ces récits n’ont pas pris une ride, mais en plus certains d’entre eux font aussi moderne que ce qui se fait aujourd’hui, voire plus moderne que certains auteurs peu inspirés…
Plus qu’à tous les genres de l’imaginaire (inventant la Fantasy contemporaine en mélangeant les récits historiques d’Harold Lamb, mais pas que, aux récits fantastiques d’H.P. Lovecraft, mais pas que), l’auteur mort à l’âge de 30 ans s’est attaqué à tous les genres populaires avec enthousiasme, mais aussi mélancolie, avec ce mélange action / horreur qui a toujours fait le bonheur du survival. Bref, n’en déplaise aux pisse-froid, aux rageux élitistes et aux esprit chagrins on est bien dans la Res Adventura, un univers d’aventures hautes en couleurs ! Et cet univers que les éditions Glénat ont décidé d’adapter en bandes dessinées avec un budget et un lancement conséquent, le tout sous la supervision de notre Patrice Louinet national, spécialiste mondial et mondialement connu de l’oeuvre du père fondateur de la Sword & Sorcery, Oh Yeah !!!

Chez les civilisés, le bâtiment principal dépasse toujours, afin que le peuple se sente écrasé par la puissance des autorités.

Ce tome 1 est une adaptation de la nouvelle intitulée La Reine de la Côte Noire réalisée par le scénariste bien connu Jean-David Morvan et le dessinateur moins connu Pierre Alary (assisté aux couleurs de Sedyas).

Dans le Royaume d’Argos Conan le barbare a maille à partir avec un juge civilisé qui l’accuse de complicité avec un ami qui en état de légitime défense a tué un représentant de l’autoproclamée autorité… Après la décapitation dudit juge et sa fuite rocambolesque sinon éperdue, il trouve refuge à bord du navire marchand et / ou contrebandier du capitaine Tito en route vers les côtes kushiennes (échapper à la noyade en portant une cotte de mailles, mais bien sûr). A que cela ne tienne l’antihéros se fait le garde du corps dudit capitaine, jusqu’au jour où son navire croise la route de la Tigresse, le bateau pirate d’une diablesse à la peau blanche blanche et de son équipage à la peau noire…

Le Cimmérien se bat comme un beau diable au point d’attirer l’attention de Bêlit qui décide de l’épargner car elle est persuadée d’avoir enfin trouvé son âme sœur (et réciproquement pourrait-on dire). C’est le coup de foudre, et les amants terribles sèment la terreur sur les côtes shémites et stygiennes jusqu’au jour au Bêlit décide de réaliser son grand projet : remonter la sombre rivière qu’elle a découverte, pour au cœur des ténèbres trouver la cité oubliée dont elle espère découvrir les secrets… Et son immense trésor est découvert, mais un démon antédiluvien dernier survivant d’une civilisation qui passa d’anges à démons hante les ruines de la cité maudite, et de Conan et Bêlit seul l’un d’entre eux survivra pour venger la mémoire de l’autre !

Le schéma initial est assez simple certes, mais est magnifié par la relation Conan / Bêlit qui elle est tout sauf simple ! Conan sincère homme d’action ne peut trouver de sincère relation homme/femme autrement qu’avec une femme d’action (n’oubliez pas que tout ceci a été conçu et écrit au début des années 1930 !!!)… Bêlit semble être sa version féminine et semble être son âme soeur, du coup la BD s’attarde sur la confrontation de leurs visions de la vie semblables certes, mais tantôt complémentaires tantôt opposées (sur fond d’amour vache, voir sado-maso)… Les deux compères sont des âmes fortes sans dieux ni maîtres qui ne vivent que pour l’instant présent, mais Bêlit qui s’avère plus ambitieuse et plus cupide que lui donc plus dominatrice finit par sceller sa perte, mais en assurant ironiquement sa victoire morale : il y a quelque chose au-delà de la vie, car l’amour est plus fort que la mort ! Que pense de tout cela Conan après avoir vengé sa bien aimée ? Nous ne le saurons jamais, et c’est très bien ainsi… Intellos coincés du cul et bobos hipsters prétendument éclairés ont accusé l’auteur de machisme et de misogynie, pourtant dans l’entre-deux-guerres plus ou moins puritaine voire puritaniste sur 21 nouvelles nous avons 17 strong independant women… Ils sont stupides et débiles, mais ça on le savait déjà !!!

Le travail de Jean-David Morvan supervisé par Patrice Louinet est impeccable, du coup je ne peux qu’avoir honte d’écrire que les graphismes de Pierre Alary qu’ici je vois particulièrement inspiré par le sujet (waouh ses doubles pages qui abolissent le frontière entre auteurs et lecteurs) sont sans doute « une terrible erreur de casting »… Rien à faire, avec son style plus ou moins cartoonesque, du début à la fin j’ai plus ou moins eu l’impression de lire une aventure de Lanfeust en lieu et place d’une aventure de Conan… Toutefois j’ai aimé son travail sur SinBad, du coup j’ai envie de découvrir son travail sur la série Silas Corey !

note : 6,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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