Jean-Luc Istin (scénario)
Erion Campanella Ardisha (dessin)

Conquêtes, tome 8

Neïta

Bande dessinée, science-fiction
Publiée le 25 août 2021 chez Soleil

Les Croisés, en route pour la planète Néo-Jérusalem, se posent sur Neïta où vit une colonie de mineurs. L’inquisiteur Evangelisti découvre que Nazareth Prime est devenue une ville fantôme. Commence alors une enquête qui le mènera au cœur de la mine, auprès d’une entité qui dit s’appeler Yahvé. Alors que les colons réapparaissent dans un état proche de la catatonie, sur Neïta, le mystère s’épaissit…​

Ce tome 8 intitulé Neïta est d’un immense classicisme avec le colonie qui ne répond plus et la population qui ne répond plus (remember Aliens, les vrais savent). Pour des raisons que la raison ignore la Science-Fiction fait un complexe d’infériorité par rapport à la littérature blanche donc elle se pique à intervalles régulier de donner dans la métaphysique. C’est le cas ici, mais c’est fait avec du tact et de la subtilité…

Donc après l’annexion de la Terre par les Conquérants, les réfugiés humains continuent de sillonner le cosmos et ici les Néo-Italiens font escale à Nazareth Prime avant de rejoindre Néo Jérusalem. Mais la colonie ne répond plus et les 3000 colons ont disparus. L’Inquisiteur Evangelisti qui préconise la prudence est en conflit avec le Cardinal Kovénéri qui préconise l’urgence, mais le pape donne les pleins pouvoirs pour aux enquêteurs. Ils ont quatre jours pour sécurisé la place avant l’arrivée des réfugiées…

Le très croyant Inquisiteur Evangelisti fait équipe avec sa peu croyante fille adoptive adoptive Sarah Teroni, et ils courent après une jeune fille par très humaine prénommée Sonya (Newt dans Aliens, les vrais savent). Dans les entrailles de la colonie ils tombent sur une zone alien à la structure techno-organique à la H.G. Giger. Mais Elle ne contient ni space jockey, ni reine xénomorphes mais une sphère qui se fait appeler Yahvé ! (remember le livre de Michael Crichton, et le film de Barry Levinson)

Alors que les enquêteurs accumulent les preuves de la mort des colons, lesdits colons réapparaissent catatoniques puis amnésiques… Le pape ordonne une grande messe de célébration, mais entre ceux qui pensent que « Yahvé » est Dieu, et « Yahvé » qui se prend pour Dieu mais qui ne comprend pas grand-chose aux concepts de vie, de mort et de religion on va dit que le clash et inévitable. Et il va être très très violent !

« – Où nous avait menés notre manière de penser ? Où nous avait menés notre si précieuse religion ?

On est dans un survival horror qu’on a déjà vu moult fois, mais comme je le dis toujours originalité n’est pas synonyme de qualité. Entre l’ambiance lourde et pesante, les structures non-humaines bien flippantes, la menace virologique, les doppelgängers, l’attaque des zombis, le « ils sont parmi nous » et le boss de fin aux discours chelou qui semblent invincible il y a de quoi faire…
Mais ce que j’ai aimé dans l’album, mais qui va gonfler les grenouilles de bénitiers, c’est le cheminement du héros qui passe de la foi au doute, de l’orthodoxie à la radicalité. Qu’attendre de puissances tellement éloignées de l’humanité quelles ne peuvent même âs les comprendre (quand bien même elles en auraient la volonté). Le divin est ici plus proche de la mythologie lovecraftienne que de la mythologie chrétienne. Et c’est magnifiquement mis en scène par la dernière case de la page 47 qui est un détournement de La Création d’Adam de Michel-Ange… Sonya la création de « Yahvé » a gagné l’existence et la liberté en tournant le dos à son créateur. Et si les hommes faisaient de même pour arrêter de ressasser de vieilles idées qui ne les font pas avancer ? Ce n’est pas comme si les survivants néo-chrétiens étaient accueillis par les aliens animistes et pacifistes d’Islandia…

 

J’ai suffisamment été critique envers Jean-Luc Istin pour écrire qu’ici il fait de sobriété donc de qualité. Les différentes inspirations, hommages et clins d’œil sont tendus vers un même but. Donc il ne disperse pas, et on reste centré sur un survival-horror qui finalement porte une vraie réflexion sur le fond. Pour ne rien gâcher il a lâché du lest sur les monologues intérieurs en phylactères, même si pourrait encore alléger un peu la narration.

C’est le dessinateur albanais Erion Campanella Ardisha qui assure la partie graphique. Que de progrès accomplis depuis que l’ai découvert dans le cycle Troie. En voilà un qui a bien progressé dans sa voie, et la colorisation d’Olivier Héban tire vers le haut des graphismes très plaisants pour ne pas dire très beaux.

note : 8-/10

Alfaric

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