Olivier Peru (scénario)
Stéphane Bileau (dessin)

Elfes tome 3 :

Elfe Blanc, Cœur Noir

Bande dessinée, fantasy / heroic fantasy
Publiée le 21 août 2013 chez Soleil

Immortels et sages, les Elfes blancs vivent sur leurs îles, loin des hommes et des autres Elfes. Ils se considèrent comme les gardiens du monde et s’efforcent de protéger tout ce qui doit un jour disparaître : des livres, des armes, des œuvres d’arts et parfois même des créatures vivantes. Aussi, quand le dernier dragon blanc est aperçu sur la terre des hommes, les elfes n’ont d’autre choix que de le prendre en chasse pour le ramener sur leurs îles. Ils envoient deux de leurs meilleurs pisteurs après le monstre. Elfes blancs, dragon blanc. La traque commence…

Re-lecture, donc re-critique pour ce tome 3 de la série Elfes intitulé Elfe Blanc, Cœur Noir. On change de lieu, on change d’époque, on change de personnages… Olivier Peru oblige ici les inspirations sont plus moorcockiennes que tolkieniennes : remember Elric de Melniboné ! Le combat entre la lumière et les ténèbres n’ont pas encore fait rage en l’âme de l’auteur, donc nous ne sommes pas encore dans le « noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir » (même si on sent que le scénariste est très à l’aise avec la tragédie).

Fall est le fils adoptif de Meliatell qui lui a appris le métier de pisteur. Les Elfes Blancs se considèrent comme les préservateurs du monde, donc ils pistent tout ce qui est amener à disparaître pour le préserver (ou à mettre hors de portée de mains des âmes faibles les créations qui pourrait hâter encore davantage la disparition de la création). C’est ensemble qui pistent un dragon blanc, peut-être le dernier de son espèce, et Fall qui agit avec passion est plus proche de la solution que Meliatell qui agit avec raison. Mais il a élevé et modelé par la civilisation des Elfes Blancs et il lui manque quelque chose pour capturer le dragon blanc. C’est son apprenti Alornell, qui lui doit doublement la vie, qui lui apporte l’imprévisibilité propre aux êtres humains et lui permet de réussir sa mission… Mais la tragédie est en marche : les dieux sont joueurs, les dieux sont cruels, et c’est pour cela que je suis bien content d’être athée !

Les hommes ne sont pas des êtres de lumière. Ils écrivent leur vie dans les ténèbres. Trop de passions les animent. De l’amour à la haine, tout leur est prétexte à souffrance.

Il y a beaucoup de thèmes intéressants dans ce tome. Il y a la dualité politique entre isolationnisme / interventionnisme, le père prônant la non-intervention, le fils prônant la défense des faibles et des opprimés (ce qui permet à Alornell de naître, donc d’aider Fall d’accomplir sa plus grande réussite puis sa plus grande faute). Il y a tout un côté environnementalisme / animalisme avec Fall qui ne sait pas si la bonne solution est de laisser le dragon blanc vivre sa vie quitte à mourir ou d’asservir le dragon blanc quitte à détruire son mode de vie naturelle donc sa soif de liberté. Et il y a surtout l’opposition entre la mission de Fall et la quête de Fall, car en tant qu’orphelin élevé au sein d’un peuple qui n’est pas le sien il est à la recherche de ses origines donc de son identité… (C’est un peu là que le bat blesse car c’est traité un peu à coup de forceps à travers sa connexion psychique avec le dragon blanc donc à travers des scènes oniriques donnant lieu à un droit de quota de flashbacks)

ATTENTION SPOILERS Fall optimiste, humaniste et cosmopolite est en rupture avec son époque, pessimiste, misanthrope et nationaliste et/ou communautariste : il aurait tout simplement fallu que les siens aient partagé un tant soit peu sa confiance en l’avenir pour que rien de tragique n’arrive… Car Fall c’est Héraclès, Thésée, Persée, Œdipe, Bellérophon et mais plus encore Jason ! Ses parents biologiques ont voulu qu’il échappe à son destin et c’est ainsi qu’ils scellent son destin… Ses parents adoptifs ont voulu qu’il échappa à son destin et c’est ainsi qu’ils scellent son destin… Tous les actes de bonté accomplis par Fall, approuvés ou désapprouvés par les siens, amènent la mort de ses parents et la ruine de son peuple, et c’est ainsi qu’il devient Colère quitte à tuer celui qui plus qu’un ami est devenu un fils (ah ça oui la fin est un peu précipitée)… Ah ça oui, plus que jamais la scène finale de la BD est un hommage à la scène finale de la nouvelle cultissimement culte La Cité qui Rêve ! FIN SPOILERS

Pour le meilleur comme pour le pire je dois parler de la forme. Luca Merli réalise une excellente colorisation véritable bonbon pour les yeux, par contre les dessins de Stéphane Bileau sont plutôt inégaux. Je ne vais pas mentir la première page affiche un charadesign très moche ! Les personnages mettent quand même pas mal de pages pour que leur apparence se stabilise, mais après c’est nettement mieux malgré quelques rechutes (influences comics = enfants qui ne ressemblent à rien à part à de gros hobbits joufflus). Grosso modo j’ai eu l’impression que le dessinateur s’inspirait un peu trop fortement de Crisse pour son propre bien, et c’est bien dommage car au niveau du découpage cela avait quand même de la gueule !

note : 7+/10

Alfaric

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