Mathieu Gabella (scénario)
Etienne Anheim & Valérie Theis (historiens)
Christophe Regnault (dessin)

Ils ont fait l’Histoire,

Philippe le Bel

Bande dessinée, histoire / moyen-âge
Publiée le 05 mars 2014 chez Glénat

Philippe IV de France, dit Philippe le Bel ou le « roi de fer », fils de Philippe III de France et de sa première épouse Isabelle d’Aragon, fut roi de France de 1285 à 1314. Derrière la légende du procès des Templiers et des rois maudits se cache un roi silencieux, secret et éminemment politique. Et les « affaires » qui émaillent cette époque suscitent les questions : Pourquoi le Temple ? Pourquoi la dévaluation ? Pourquoi ce conflit avec le Pape ? De l’étude de ces presque 30 ans de règne émerge finalement une volonté constante et tendue vers un but unique : la grandeur du royaume de France.

Ici le scénario de Mathieu Gabella m’a un peu déçu dans la mesure où il m’avait carrément embarqué avec sa Renaissance fantastique (La Licorne) et sa relecture horrifique des Mille et une nuits (3 Souhaits). Cela reste de bonne facture, pas de souci, et je gage qu’il était tout sauf évidemment d’inaugurer cette nouvelle collection de BD historiques. Je gage aussi qu’il n’est pas facile de passer après le grand Maurice Druon et ses célébrissimes Rois maudits (d’où l’idée de ne pas traiter le procès des Templiers). Pour faire tenir le récit en une seule bande dessinée, les auteurs ont décidément de traiter le personnage et sa période sous l’angle du légisme et des légistes. Le droit est ainsi une arme politique pour lutter contre les prétentions des rois d’Angleterre, pour mater les rebelles flamands, pour continuer le bras de fer avec la papauté (« le roi est empereur en son royaume », donc peut écraser qui bon lui semble pour imposer ses caprices d’enfant pourri gâté au reste de la société)…
Le récit sur finit sur l’arroseur arrosé, Philippe le Bel sacrifiant ses créatures pour couper l’herbe sous les pieds à ses opposants, quitte à recruter de nouvelles créatures pour accomplir ses basses besogne. On sent arriver à grand pas le machiavélisme plein de Raisons d’État… Mais on tourne ici autour d’une administration royale qui peine à impose des impôts royaux que les Français ne seront prêts à payer qu’au fil des malheurs de la Guerre de Cent Ans (comme la monarchie absolue n’a été acceptée qu’au fil des malheurs des Guerres de religion : c’est la théorie du choc prônée par la pensée unique néo-cons actuellement employée par les gouvernements régressistes du monde entier : terroriser les citoyens pour leur faire accepter des changements qui n’aurait jamais été acceptés en temps normal : Al Quaïda, DAESH, Russie, Chine, étrangers, chômeurs, pauvres… Rayez les mentions inutiles).

– Que vaut ma couronne pour ces gens ?
– Tout….et rien. Ils veulent ta protection. Mais pas ton autorité.

Les dessins et leurs couleurs de Christophe Regnault sont satisfaisants. Les personnages sont rapidement identifiables et reconnaissables, même si on joue un peu trop sur la beaugossitude de Philippe le Bel (qui pourrait presque participer à un manga bishonen). Rien d’exceptionnel ou d’inoubliable, mais il faut bien avouer que cela reste agréable à regarder.

Pour ne rien gâcher, les historiens Valérie Theis et Etienne Anheim bons connaisseurs de leurs sujets, supervisent le tout et nous livre un dossier et un making-off très intéressants autant pour le grand public que pour l’amateur d’histoire.

note : 6/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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