Ethan Hawke (scénario) et Greg Ruth (dessin)

Indeh : Chroniques des guerres apaches

Comics, histoire / western
Publié en VF le 22 mars 2017 chez Hachette
Publié en VO le 07 juin 2016 (« Indeh: A Story of the Apache Wars »)

« Indeh » est le récit dense et documenté de 2 nations en guerre : celle des Apaches contre celle de colons. Cet album fait vivre, aux côtés de Géronimo et de Cochise, les événements tragiques qui ont débutés en 1872 et marqués à jamais l’histoire des Etats-Unis. Une fresque historique, épique et envoûtante, scénarisé par l’acteur et réalisateur Ethan Hawke.

Dans Indeh, Ethan Hawke et Greg Ruth mettent en scène une histoire des guerres apaches (1851–1886) vu du côté des Apaches…

Dans la 1ère partie intitulée Grâce et Malédictions, d’attentats en représailles la longue guérilla frontalière entre Amérindiens et Mexicains accouche d’un monstre, car suite au massacre de sa famille le dénommé Goyahkla devient Geronimo…

Dans la 2e partie intitulée Les Criquets, nous suivons l’Affaire Bascom où un officier yankee suprématiste exécute les fils de Cochise pour « rendre justice » (sic) à un dénommé Ward donc le fils aurait été tué par les Apaches (sauf que les coupables ne sont pas Apaches, et que Mickey Free n’est ni son fils ni même mort) : ainsi débutent les guerres apaches dans le Sud-Ouest des États-Unis. La fourberie et la violence des yankees étant sans égale parmi les Visages Pâles (l’Union Européenne devrait s’en souvenir avant de négocier un marché commun transatlantique dont l’Europe serait le dindon de la farce), les Apaches cessent toutes les hostilités contre les Mexicains pour se concentrer sur le plus grand ennemi qu’ils aient jamais eu, et après la trahison du chef pacifiste Mangas Coloradas venu négocier en paix mais torturé, assassiné, son corps démembré et sa tête bouillie, c’est plus de quartier et c’est plus de prisonnier !

Dans la 3e partie intitulée Un Dieu à trois têtes, c’est la guerre à outrance entre les Tuniques Bleues et les guérilleros amérindiens, et après la Guerre de Sécession c’est jusqu’au quart des forces américaines qui sont mobilisées… le Président Grant souhaite une issue à un conflit qui n’a que trop duré et qui n’aurait jamais dû débuter, mais avec le Général Crook ce n’est pas gagné : c’est un suprématiste de plus persuadé une fois de plus que le Veau d’Or a donné le Nouveau Monde aux WASP (c’est pénible cette idéologie mortifère du peuple élu, de la terre promise, et du Veau d’Or qui promet monts et merveilles à ceux qui ne s’intéressent qu’au pognon)… Mutilé de guerre qui n’a perdu foi en un dieu de miséricorde, l’humaniste Général Oliver Otis Howard (déjà connu pour ses prises de positons radicales progressistes en faveur des Noirs) se rend seul et désarmé au camp de Cochise pour sauver ce qu’il reste d’un peuple à l’agonie : certains rentrent avec Cochise à Ojo Caliente, mais d’autres suivent Geronimo au Mexique pour continuer la lutte… Les Indah, les vivants, devient les Indeh, les morts…

Dans notre jeunesse, nous parcourions ce pays, d’Est en Ouest, et ne rencontrions pas d’autre peuple que les Apaches. De nombreux étés passèrent. Nous sommes revenus, pour voir qu’un autre peuple était venu le prendre. Comment était-ce possible ? Pourquoi la vie des Apaches ne tient-elle plus qu’à un film aujourd’hui ? Nous nous sommes longtemps battus contre vous, de toutes nos forces. Pour chaque Apache, nous avons tué dix yeux blancs mais, lorsque l’un meurt, beaucoup d’autres le remplacent. Lorsqu’un Apache meurt, personne ne comble le vide. Nous n’étions plus Indah, les vivants. Nous étions désormais Indeh… Le peuple des morts. Quand nous sommes partis, nos pieds n’ont même pas laissés de traces.

Les graphismes en noir et blanc de Greg Ruth sont magnifiques et magnifient cette triste chronique de la fin annoncée d’une civilisation… Ethan Hawke est plus connu pour ses œuvres cinématographiques que pour ses œuvres caritative et ses engagements politiques, et c’est bien dommage ! Avec Charles Gatewood son Gary Stu il nous raconte ici non le récit d’une incompréhension culturelle ou le récit d’un choc des civilisations (les USA sont le poison, mais qui sait peut-être aussi le remède ?), mais cette vieille histoire qu’on aimerait définitivement voire disparaître des pages de l’Histoire : les dirigeants ploutocratiques et suprématistes d’un pays puissant et prétendument civilisé veulent s’emparer des ressources d’un pays faible prétendument barbare, et comme le chien qu’on veut noyer on l’accuse de rage c’est tout naturellement qu’on pousse à bout les représentants d’un peuple par tous les moyens possibles et imaginables pour ensuite se donner rétrospectivement le bon rôle… D’un côté une culture menacée dans son mode de vie, qui combat avec acharnement pour se défendre, et qui est poussée aux dernières extrémités de la violence par ses agresseurs, d’un autre côté l’appât du gain, la tromperie, le racisme tranquille et froid, mais aussi le suprématisme, l’impérialisme, ce stade suprême du capitalisme, et des relents nauséabond de colonialisme pur et dur… C’est marre de chez marre !!! Bascom qui ne considérait pas les Amérindiens comme des êtres humains et qui déclencha les guerres apaches, avec la bénédiction d’une classe dirigeante qui avait les mêmes discours que les caciques nationaux-socialistes de la Conférence de Wannsee, c’est comme ce crevard de Georges Thierry d’Argenlieu qui ne considérait pas les Asiatiques comme des êtres humains qui et déclencha la Guerre d’Indochine avec la bénédiction d’une classe dirigeante encore pétrie de régénération nationale… (en revenant sur les accord signé par le Général Leclerc étonnamment rappelé en tournée d’inspection en Afrique du Nord dont il n’est jamais revenu, victime d’un mystérieux accident d’avion aux circonstances jamais élucidées, avec à son bord un cadavre surnuméraire jamais identifié…)

note : 10/10

Alfaric

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