Drenaï, tome 2 :

Le Roi sur le seuil

Roman, fantasy
Publié en mai 2001 en VF
Publié en 1985 en VO («The King Beyond the Gate»)

Résumé : Un siècle s’est écoulé depuis l’incroyable résistance de la forteresse de Dros Delnoch. Mais aujourd’hui, le tyrannique empereur Ceska a pris le contrôle du territoire drenaï. Dans sa quête de pouvoir, il a trahi ses plus fidèles soldats, le corps d’armée du Dragon. Le massacre fut terrible et Tenaka Khan est le seul survivant. Il n’est pas près d’oublier la trahison de son maître. Dans ses veines coule le sang d’ancêtres mythiques : Regnak et Ulric, qui guerroyèrent l’un contre l’autre au temps de Druss la Légende.
Avec un tel héritage, la glace et le feu fusionnent pour forger un chef à la volonté trempée comme l’acier. Dans le regard violet du Khan brillent les flammes de la haine. Sa mâchoire et ses poings sont serrés. Et aujourd’hui, son cœur crie vengeance !

La 1ère fois que j’avais lu ce roman j’ai pesté après avoir été initialement emballé. La 2e fois j’ai redécouvert un page-turner d’heroic fantasy qui se lit à 100 à l’heure. Car après avoir réalisé la version fantasy de Fort Alamo, DG s’est lancé dans la version fantasy des Sept Mercenaires (lui-même remake du formidable Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa). Tout est là, sauf qu’on est dans une vision assez dark de la fantasy : une société résignée à la dictature d’un crevard qui a sacrifié son peuple au nom d’intérêts supérieurs, avec toute une galerie de personnages tourmentés par la peur, le doute, le regret…

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Tenaka, c’est un Nadir qui reprend le rôle du leader jadis dévolu au mongol Yul Brunner. Il incarne un homme brisé par l’absence d’amour prêt à tout pour combler le vide de son cœur. Ananaïs, c’est un homme hanté qui reprend le rôle du bras-droit jadis dévolu à Steve McQueen. Il incarne un homme brisé par un père meurtrier et incestueux qui s’est perdu dans les acclamations de la foule dans les arènes de Drenan avant de perdre le visage dont il était fier. Galand, c’est un proto Dakeyras qui s’accroche à son frère après la mort de sa famille Decado, c’est un proto Viruk qui recherche la paix de l’âme dans les jardins d’un monastère (marrant il ressemble beaucoup au Solomon Kane du film de Michael J. Bassett). Renya, c’est une l’infirme transformée en Tigra de DC Comics (qui deviendra Ustarte dans Waylander III). Scaler, c’est un roublard qui n’arrive pas à porter l’immense héritage de ses ancêtres (marrant comme le relation Arvan / Belder va se reproduire une génération plus tard). Païen, c’est à la fois Asmidir dans Reine des batailles et Nogusta dans Les Guerriers de l’hiver : un héros vengeur de blaxploitation qui vient châtier le tyran colonisateur !

Le roman est divisé en 2 parties, espoir et désespoir, aube et crépuscule… Dans la 1ère partie nous suivons la révolte de Skoda qui se termine par une bataille. Dans la 2e partie nous suivons la révolution de Skoda qui se termine par un massacre… DG oppose aux libérateurs les monstrueux Unis et les dangereux Templiers noirs. Chaque personnage suit les impératifs de sa mission et on sent arriver l’inéluctable fin. Evidemment on sent l’héritage du cape et d’épée à la Walter Scott et on devine rapidement que plane sur le roman le souvenir des exploits IRL du légendaire William Wallace. Mais un s’agit surtout d’un véritable actionner d’heroic fantasy sans aucun temps mort ! Le style de l’auteur associe toujours au sang et aux larmes romance, poésie et mélancolie. Tous les personnages ont une histoire tourmentée, passée, présente au à venir. Et l’épilogue d’une tristesse infinie montre qu’on ne peut pas échapper au poids de la destinée. Et plein de réminiscences howardiennes et moorcockiennes qu’on retrouve avec plaisir. Et plein de réflexions sur la dualité de l’homme plein de forces et de faiblesses.

Il n’y a jamais rien de sûr dans la vie, mon fils.
Excepté la promesse de mourir.

Mais il y a aussi plein de trucs qui ne marchent pas forcément très bien :
– aucun méchant digne de ce nom car Ceska puisse dans la tradition des tyrans romains, entourés de tyranneaux sans âme, de pervers narcissiques divers et variés et de courtisans prêts à tout et au reste pour grappiller quelques miettes de pouvoir
– la précipitation du dénouement : des moments d’anthologie sont gâchés par des trucs mal fagotés (la trahison d’Orenta, la rédemption de Païen, l’eucharistie des Trente, le coup d’Etat de Scaler, la réunification de Tursk, l’armada de Tenaka…)
– le mélange action et palabre est brut de décoffrage avec des répliques eighties ! (mais c’est ce qui offre un côté Wolverine très plaisant à Decado et ses successeurs)
– des romances qui déboulent de nulle part et qui s’installent en 1 page !
– des personnages qui auraient pu nourrir des livres à eux-seuls mais qu’on ne fait qu’effleurer
– la désagréable impression d’arriver après un tome 1 qui n’existe pas (DG a écrit qu’il aurait adoré réaliser un roman sur le Dragon et les camarades des Tenaka avant leur chute)

Mais on s’en fout : c’est un roman d’aventure épique rempli d’héroïsme et d’humanisme ! Le talent n’est pas forcément au rdv, mais le souffle lui est bel et bien là c’est clair. Et ce n’est que le 2e roman de l’auteur qui ne va cesser d’affiner sa formule pendant 30 livres…

note : 7/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ? [ratingwidget post_id=2725]

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