Bernard Cornwell

Les Chroniques saxonnes, tome 01 :

Le Dernier Royaume

Roman, histoire / moyen-âge
Publié en VF le 12 juin chez Bragelonne
Publié en VO le 04 octobre 2004 chez HarperCollins (« The Last Kingdom »)

Au IXe siècle, les féroces Vikings débarquent sur le sol saxon, avides de conquête et de destruction. Aucun royaume ne résiste au raz-de-marée barbare, à l’exception d’un seul. Bientôt le destin de toute l’Angleterre – et le cours de l’Histoire elle-même – reposera sur les épaules d’un homme. Uhtred, un jeune guerrier saxon aux origines nobles déchiré entre deux vies, deux voies, deux peuples : celui des Vikings qui l’ont élevé comme l’un des leurs après l’avoir arraché à sa famille, et celui de son sang et de ses origines…

Bragelonne continue là où Panini a lamentablement échoué parce qu’ils en avaient rien à secouer, et là où d’autres ont abandonné parce qu’ils n’étaient guère plus doués. Et après Simon Scarrow c’est Bernard Cornwell qui est mis à l’honneur ! L’auteur anglais bien connu pour sa série Sharpe arrêtée en VF parce qu’en France les grands éditeurs qui roulent des mécaniques tout en faisant la manche au Ministère de la Culture sont moyens pour ne pas dire mauvais. Force est de constater qu’il enchaîne depuis des années et des années les best sellers dans le domaine des romans historiques. Difficile donc de le pendre en défaut : c’est bien écrit, c’est bien construit, c’est bien document et c’est bien travaillé (les combats et les batailles sont bien décrites !).
Nous sommes au IXe après Jésus Christ et l’Angleterre qui et divisée en Northumbrie, Mercie, Estanglie, et Wessex et qui vit toujours sous la menace des Gallois, des Écossais et des Irlandais voit commencer l’âge sombre des invasions vikings. Mais nous sommes aussi dans un roman d’apprentissage et c’est à travers les yeux du jeune Uhtred que nous assistons à la chute des royaumes saxons avant que le Wessex plus riche, plus puissant, mieux organisé et mieux dirigé ne sonne la révolte contre les Hommes du Nord !

« Faire viking » signifie piller, et les Danois qui combattirent l’Angleterre au IXe siècle, bien qu’étant indubitablement des pillards, étaient avant tout des envahisseurs et des occupants. Une imagerie pittoresque leur est attachée, tout particulièrement l’atroce supplice appelé aigle déployé, dans lequel les côtes de la victime étaient écartées pour exposer poumons et cœur. Il semble qu’il s’agisse d’une invention tardive. Il en est de même du casque à cornes dont il n’existe absolument pas la moindre preuve. Les guerriers vikings étaient bien trop sensés pour affubler leurs casques de telles protubérances qui auraient facilité la prise.

J’aurais pu et j’aurais dû kiffer, mais je suis toujours resté détaché. C’est moins de la faute de la narration à la première personne qui met de la distance entre le lecteur et les personnages, que du fait que je ne suis jamais arrivé à ressentir de l’empathie pour le narrateur. Alors certes il a des circonstances atténuantes… Il n’était aucunement promis à des grandes choses mais il est catapulté seigneur après la mort de son frère et de son père, sauf qu’il est otage dans le camp dane et que son oncle qui a pris le pouvoir n’hésite pas un instant pour prendre le pouvoir et à commencer à envoyer des assassins pour l’éliminer. On aurait pu avoir une bonne vieille histoire de vengeance, et d’ailleurs c’est exactement ce qu’avait fait Joe Abercrombie dans son cycle La Mer éclatée, mais on se retrouve avec un adolescent en crise qui passe son temps à boire, manger, coucher et se bastonner, et qui atteint du Syndrome de Stockholm abandonne son peuple et sa religion pour épouser ceux de ses ravisseurs. Dans cette configuration il est davantage spectateur plutôt qu’acteur des événements, et quand il se met enfin en action c’est de manière très impulsive qu’il agit avant de réfléchir. Car les Vikings ont leurs propres conflits internes, et quand il n’a plus personne pour le protéger il est obligé de trouver refuge au Wessex devenu « le dernier royaume ». Mais ce qui le fait vraiment changer de camp et participer aux combats qui mettent fin à l’avancée viking c’est l’Amoûr ! le roi Alfred en fait son vassal et lui offre une jeune héritière et son fief : Uhtred s’attend à un gros boudin et il tombe sur beauté que personne n’ose épouser car ce n’est pas une dote qu’elle a à offrir mais des dettes…

Mes critiques concernant ce tome 1 sont donc toutes externes et plus ou moins personnelles, donc plus subjectives que jamais… Malgré toutes mes réserves je peux recommander cette série sans crainte, d’ailleurs je suis bien curieux de voir comment les choses vont tourner dans le tome 2 !

note : 6,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?
 
[ratingwidget post_id=9554]

Pin It on Pinterest

Share This