Drenaï, tome 8 :

Les Guerriers de l’hiver

Roman, fantasy / heroic fantasy
Publié en VF en ovembre 2006 chez Bragelonne
Publié en VO en 1997 (« Winter Warriors »)

La prophétie était sans équivoque. A la mort des trois rois, le monde serait plongé dans le chaos, et tous les démons bannis au cours des âges réapparaitraient pour que règnent les ténèbres. Deux des rois sont morts. Le troisième, qui va bientôt naître, est pourchassé par les Cavaliers Démons : les Krayakins, seigneurs des morts-vivants.Toutes les forces du mal, plus terrifiantes les unes que les autres, traquent la reine enceinte jusqu’aux yeux dans une forêt hanté. Mais elle n’est pas seule. Trois guerriers la protègent, les derniers survivants de l’ancienne armée drenaïe autrefois si fière. Trois vieillards, d’anciens héros, démis par le roi : Nogusta le maître épéiste, Kebra l’archer légendaire et Bison, le colosse au grand cœur. Le sort de l’empire repose sur leurs talents passés. Pourront-ils sauver le futur roi dans ce monde en prise à la tourmente ? Il y a quarante ans, sans doute, mais aujourd’hui…

Les Guerriers de l’Hiver (1997) est souvent brocardé comme remake de La Quête des héros perdus (1990). Les 2 romans se terminent para une cavale et le siège d’un lieu fortifié abandonné… mais tout le reste diffère très largement !

– Nogusta serait un clone de Charéos : les 2 personnages sont maîtres d’armes, vieux et désabusés… là s’arrête la comparaison ! Charéos est le Comte de Bronze en exil hanté par le fait qu’il a trahi son père adoptif Attalis et qu’il a été trahi par son épouse Tura. Nogusta est à l’image du Païen du Roi sur le seuil, un gigantesque bras d’honneur à tous les racistes du pays de sa Gracieuse Majesté. On peut le voir comme un héros tout droit sorti d’un film de blaxploitation. On peut le voir comme un Maximus avant l’heure. Il est hanté par le massacre de toute sa famille et par son don de voyance : il connaît à l’avance la fin de tout ceux auxquels il tient et ne sait jamais si c’est ce qu’il va faire ou ne pas faire qui va les conduire à leur perte. D’où le côté renfermé et fataliste du personnage. – Kebra serait un clone de Finn : déjà ils sont tous les 2 sortis du moule des nombreux héros archers de DG (Flécheur, Wulf, Eskodas… et tant d’autres !), Finn était un misanthrope assumant pleinement son homosexualité., Kebra est un personnage qui a beaucoup d’amour à offrir, mais de par son passé il n’est plus apte à en recevoir. – Bison serait un clone de Beltzer : force est de reconnaître qu’au niveau physique et psychologique ils sortent tous les 2 du même moule.Beltzer est un géant au cœur d’or fatigué, dépressif voire suicidaire. Issu d’une famille nombreuse qui ne lui a jamais témoigné le moindre amour, il ne vit que dans l’espoir de revivre à nouveau les instants de gloire qui ont fait de lui une personne à part entière. Bison est plus un bon vivant, un grand enfant qui refuse d’accepter la fatalité des années. C’est un personnage beaucoup plus positif.

Les Guerriers de l’hiver peuvent davantage être lus comme le prototype de Waylander III (2000) : Le Dieu-démon, le sortilège de popularité, le bestiaire fourni, les aspects horrifiques, la guerre des mondes, les épées-tempête… Car si on ajoute boules de feu, sortilèges de protection et tutti quanti c’est un roman assez high fantasy. Les nombreuses allusions à Gorben et Bodasen pourraient faire de ce retour en Ventria un revival de Druss la Légende (1993). Mais c’est en fait beaucoup plus subtil que cela : – Skanda le conquérant à la blonde chevelure qui veut marier occident et orient est le sosie d’Alexandre le Grand – les Illohirs, qui comptent parmi eux dryades, faunes et cie, luttent pour trouver leur propre terre d’accueil (j’ai tout de suite pensé aux nombreuses créatures des œuvres de l’auteur américain francophile Greg Keyes) – le héros principal qui est un passionné de chevaux… Feu d’Etoile est une figure allégorique : promis à l’abattoir, il revit peu à peu avant de sauver le monde en réussissant l’impossible ; Titan était aussi une figure allégorique : l’étalon thrace était victime de la même tumeur que Parménion et de la même folie qu’Alexandre) Difficile dans ces conditions de ne pas songer au diptyque du Lion de Macédoine (1990-1991) ^^

Un homme sans rêves est un homme mort. Il pourra marcher, parler, mais il sera vide et stérile.

La mise en place du roman est vraiment très riche : on commence par de la fantasy militaire avec Nogusta et Banelion, puis on enchaîne avec des complots tout en savourant un triple tournoi d’escrime, de lutte et de tir à l’arc…On poursuit ensuite en mode thriller avec les investigations de Dagorian et Zani avant de tomber dans le survival-horror. Cette partie assez courte est très réussie : c’est ce que j’on a envie de voir plus souvent en fantasy.

La 2e partie du roman est classique, DG reprenant pas mal de leitmotivs de ses westerns médiévaux lors de la fuite des survivants. Mais à l’image de Dark Moon écrit en (1996), Les Guerriers de l’hiver est un hymne à la tolérance. Plus encore c’est une célébration de la vie sous toutes ses formes : « de cette vie à la suivante » pourrait être le leitmotiv du roman. Et DG se donne bien du mal pour éviter le manichéisme : les Illhorirs sont plus des créatures qui luttent pour leur survie que des créatures démoniaques. Avec le final j’ai pensé aux Hordes de Laurent Genefort, mais la référence peut logiquement être à la cultississime série anglaise Doctor Who ^^

Plus abouti, mieux construit et mieux écrit que La Quête des héros perdus (ainsi peu de deus ex machina font avancer l’intrigue, le fantôme du sorcier et le souvenir d’Emsharas agissant plutôt assez indirectement), le présent roman n’est pas forcément plus efficace : – l’hommage à Val Gemmell à travers le personnage d’Ulmenetha est visible comme le nez au milieu de la figure – le personnage de la reine Axiana est une véritable cruche qui n’apporte pas grand-chose à l’intrigue – comme dans Waylander III, les whodunits font long feu et donc ne sont pas très palpitants – il s’agit d’un roman decrescendo : après le chouette survival horror d’Usa on se concentre sur la cavale des fuyards – pour aller au bout de son ambition le livre aurait du faire 600 pages ce qui n’est pas le cas ! Pour être excellent, le survival aurait du être plus conséquent et ensuite il aurait fallu alterner l’affrontement entre les Ventrians de Malikada et les Drenaï de Banelion, et les affrontements entre le groupe de Nogusta et les horreurs envoyés par Anharat. Dans cette configuration le roman aurait pu tout déchirer. On se contentera d’un roman très plaisant et c’est bien ainsi !

note : 7,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ? [ratingwidget post_id=2725]

Pin It on Pinterest

Share This