Joe Abercrombie

Les Héros

Roman, Fantasy
Publié en novembre 2013 en VF
Publié en en janvier 2011 en VO (« The Heroes »)

 

Trois hommes. Une bataille. Pas de héros. Selon la légende, Dow le Sombre aurait tué plus d’hommes que le pire des hivers et conquis le trône du Nord en semant le chaos derrière lui. Jaloux, son voisin le roi de l’Union lui envoie ses armées : des milliers d’hommes bardés de fer se dirigent ainsi vers un cercle de pierres oublié, sur une colline sans intérêt, dans une vallée sans importance. Bremer dan Gorst, fine lame disgraciée, Calder, prince sans couronne, et Curnden Craw, dernier honnête homme du Nord, se retrouvent inexorablement entraînés dans une guerre sans honneur. Trois jours de bataille sanglante scelleront le destin du Nord. Cependant, entre les conspirations, les querelles et les jalousies mesquines, il y a peu de chances que ce soient les cœurs les plus nobles, ni même les bras les plus forts, qui l’emportent. Malheur aux peuples qui ont besoin de héros.

Assurément le meilleur opus de cet univers fantasy conté par le Britannique.
Parce qu’il tient mieux la distance et le rythme sur un one shot que sur la trilogie initiale, transcendée par Neuf-Doigts. Parce que la vengeance du Sud demeure un peu instable, même si elle introduit ou développe magnifiquement des personnages amenés à reparaître. Parce que le pays rouge s’avère quelque peu inabouti… Même si Logen reste éternel… Le Berserker ne sera présent que dans les cœurs dans ce volume.
Le titre déjà… Il ne se foutrait pas un peu de notre gueule, le père Joe ? Avec sa manie de nous concocter de l’anti-héros et de le faire patauger dans l’ambiguïté…

Etrange phénomène : moins il nous reste d’années à vivre, plus on a peur de les perdre. Peut-être qu’on reçoit à la naissance une quantité limitée de courage qui s’use à chaque écorchure.
Or, Craw avait été sacrément écorché.

Bref, nous sommes dans le Nord, l’autre pays des hommes rugueux, de la nature sauvage et des femmes farouches. L’Union piétine et la guerre s’enlise. Les Nordiques ne semblent guère enclins à reconnaître l’autorité de leurs voisins sudistes…
Se rejoue le sempiternel conflit entre une Rome civilisée, organisée, en ordre de marche, et des barbares plus instinctifs, qui peinent parfois à s’entendre et se coordonner, d’aucuns diraient moins dégrossis.
Le récit s’étire sur plusieurs centaines de pages, là où l’action se déroule sur trois jours. Il prend place autour d’une colline, au sommet de laquelle trône un cercle de pierres, dont le nom donne son titre à l’ouvrage. Nul autre héros sur ce champ de bataille, où les protagonistes ne s’avèrent ni complètement bons, ni totalement mauvais. L’auteur ne cesse de glisser d’un camp à l’autre et rebondit de soldats en combattants, simple troufion ou gradé, roi ou valet, bleusaille ou vétéran, traître ou esprit indépendant, pleutre ou inconscient, impliqué ou embarqué… Comme à l’accoutumée, il fignole ses dialogues et construit certaines de ses scènes autour de répliques bien senties qui s’enchaînent en autant de joutes. Ainsi sont exposés les enjeux pour chacun et se tisse la trame de l’intrigue générale qui les emporte tous. Le cynisme règne, comme toujours chez Abercrombie et le mage Bayaz ourdit comme à son habitude… Gorst, précédemment désavoué, ne s’en sort pas avec les femmes et ses sentiments, là où il excelle dans la mêlée et c’est lui qui soliloque, aux limites de la démence, tel un Glokta des premiers tomes. Il ne fait pas bon être le meilleur épéiste de sa génération dans le Sud… L’élite guerrière du Nord n’en finit pas de se tirer la bourre, dans un affrontement permanent les uns contre les autres, face à l’ennemi commun en apparence, même si Dow le Sombre tient ses hommes et sa couronne d’une poigne ferme et sanglante. Il demeure conseillé par Ishri, sorcière et prêtresse, au service de forces lointaines, sombres et discrètes…
Au final, tous se moquent de cette bataille et chacun gère au mieux sa petite histoire et ses conflits personnels.
Mais Bayaz et Ishri veilleront à ce que le combat se déroule bel et bien !

note : 9/10

Julien Schwab

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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