Koji Inada
(scénario & dessin)

Lucja : A Story of Steam and Steel, tome 1

Manga, science-fiction / uchronie 
Publié en VF le 03 septembre 2021 chez Vega Dupuis
Publié en VO à partir de 2020 par Leed dans Comic Border  (« Koutetsu no Lucja / 鋼鉄のウツィア »)

La Pologne du XVe siècle, terre de chevaliers, d’acier et de machines à vapeur. Des combattants aux armures surpuissantes gonflées à la technologie vapeur se livrent une lutte sans merci pour le titre de Roi Chevalier. C’est de ce chaos qu’émerge une jeune fille, toute de courage, de chair… et de métal.

Lucja est un titre sympa des éditons Vega (qu’on va appeler Dupuis Manga). Mais si le pitch est très intéressant, son exécution pose moult questions !

Au XVe siècle Lucja Jadwiga est une noble polonaise sans le sou qui gagne sa vie de tournois en tournois grâce à une armure familiale furieusement steampunk. Double handicap : elle est femme dans un monde d’homme, et elle se bat à pied et à mains nues dans un monde de combattant à cheval lourdement armés. On commence immédiatement par un budokai tenkaichi, et Lucja perd en finale contre son adversaire le Chevalier au Bison non sans avoir mine de rien challengé son adversaire…

Mais il faut maintenant réparer son armure, et son coach borgne Wojcieh supplie la forgeronne Lucy de leur venir en aide (oh on dirait Winry de Fullmetal Alchemist). Par charité et par curiosité, elle la conduit à son mentor Kantor qui réside à Cracovie la capitale du savoir…

Si la première moitié du récit est consacré à Lucja amputée des deux bras (un fait qui n’est même pas mentionné par le manga), la deuxième moitié du récit est consacré à Lucy qui cherche à égaler Kusp le génie d’une autre époque (celle des sombres et sanglantes guerres mécaniques)…

– Tu es chevalier alors que tu es une femme ?!

C’est sympa donc, qui ne tombe immédiatement dans les shonenries habituelles, mais c’est le worldbuilding qui ne va pas car Koji Inada confond uchronie et canevas vidéoludique. Une uchronie ironpunk / clockpunk aurait été pertinente car la Pologne était un phare de la civilisation en Europe de l’Est jusqu’au jour où ses élites ont touchés leurs 30 deniers pour que leur pays soit dépecé par l’Allemagne, l’Autriche et la la Russie (voilà le sort qui attend les pays qui croient en leurs élites autoproclamées).Et Cracovie était une capitale culturelle de la Renaissance au Siècle des Lumières.

Oui mais non, toutes les tavernes ont la télévision, tous les scribes ont un ordinateur, et tous les gardes ont des scanners, sans parler de tous les voyageurs qui ont des voitures ou des camions… Et je passe sur toutes les explications scientifiques qui aboutissent au fameux « ta gueule c’est magique ! » quand au bout de quelques pages on tombe sur « l’éther » qui comme par hasard « fait le café »…

Il y a un univers à exploiter avec ces royauté élective polonaise qui prend ici des allures de chevaliers mécaniques de la Table Ronde, devant défendre le Pays des Milles Fumées face aux armées de tanks russes (tiens donc, ça alors !). Le ver est déjà dans le fruit avec le Roi-Chevalier de Tyr inféodé aux intérêts germaniques, où avec la rivalité entre les héritiers de la couronne que son le Roi Chevalier de l’Aigle Blanc et le Roi Chevalier de l’Aigle Noir. Les Rois Chevaliers au Bison, à la Hache, du Griffon d’Argent ou de l’Art Fantastique auront sans doute fort à faire.
Mais pour l’instant on se contente d’un antagoniste cliché, avec le capitaine des Hussard Noir qui s’avère un psychopathe qui se prend pour la Faucheuse et qui est à la recherche du chaos et de guerriers puissants pour assouvir ses bas instincts avec de nouvelles sombres et sanglantes guerres mécaniques.

 

Il est fort appréciable que les graphismes échappent aux codes du manga mainstream. Même si on retrouve les grands yeux et les mentons triangulaires, j’ai trouvé le trait assez occidentalisé comme si on était dans un manga européen. Après les graphismes ne sont pas encore aboutis, et même s’ils sont appelés à s’améliorer comme dans toutes les séries c’est un peu bizarre pour un mangaka de 40 ans qui est aussi professeur de dessin…

note : 6+/10

Alfaric

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