Brian Lumley

La Terre des rêves
tome 3, La Lune des rêves

Roman, fantasy / fantastique
Publié en juillet 1998 en VF chez Pocket, réédité en avril 2015 en intégrale chez Mnémos
Publié en 1987 en VO (« Mad Moon of Dreams »)

David Hero et Eldin l’Aventurier, jadis prisonniers de la morne réalité, sont devenus des citoyens à part entière du Monde des Rêves. Quand les souvenirs ; de leur vie passée viennent les hanter, rien ne vaut une bonne bagarre, une outre de vin ou une jolie fille pour penser à autre chose ! Mais depuis quelque temps, leur humeur tourne au vinaigre. Est-ce dû à la lueur malsaine de la lune, dont l’orbe, chaque soir, envahit davantage le ciel ? C’est probable, car ils ne sont pas seuls à évoluer ainsi… Bientôt, le doute est levé : l’astre des nuits, où se tapit une divinité maléfique, menace littéralement d’avaler la Terre des Rêves. Encore un mois, moins peut-être, et la destruction sera totale. Pas question que les deux rêveurs finissent ainsi ! Comme d’habitude, ils relèvent le défi, même s’il faut pour cela s’allier à de vieilles ennemies : Zura, la Reine des Zombies, et l’Eldolon Lathi, la maîtresse des hommes-termites…

La Lune des rêve paru en 1987 et traduit par Isabelle Troin est le troisième tome d’une sympathique trilogie inspirée par les démons et les merveilles de la Fantasy d’H.P. Lovecraft.
Rien ne va plus car la lune des rêves se rapproche des contrées du rêves, ce qui génère moult catastrophes naturelles… Car les bêtes lunaires, mélanges de crapauds et de pieuvres, œuvrent à la réalisation de la théogamie de leurs dieux impies (Gaïa étant remplacée par Oorn, une tentaculaire monstruosité gastéropode, et Ouranos étant remplacé par Mnomquah, un kaijû aveugle). Kuranes mobilisant la flotte aérienne de la cité volante de Serannian, et Randolph Carter étant parti explorer le multivers en quête de solutions pour stopper l’imminente fin du monde, c’est aux caricatures de Fafhrd et du Sourcier Gris qu’il revient de protéger la cité d’Ilek-Vad d’un terrible sort dans un remake de la chute de Troie… Car les Lengites ont laissé une statue en offrande aux habitants de la métropole, destinée à les trouver, à les amener, et dans les ténèbres les lier où il y a de fortes que tous se fassent par les Grands Anciens dévorer ! (Que l’or maudit serve à désigner les premiers à être perdus est tout sauf un hasard : l’auteur écrit aux pires heures de cette saloperie de thatchérisme…)

Nous sommes nés dans les Contrées du Rêve. Nous sommes ce qu’Eldin appelle des Homo ephemerans. Autrement dit, quoi que nous fassions, nos actions sont gouvernés par les songes des habitants du monde éveillé. Et on dirait que ceux-ci, quand ils arrivent à passer chez nous, continuent à tout diriger, comme Eldin et Hero. Je me trompe ? Ce sont peut-être eux qui ont déteint sur moi, mais j’en ai assez de me laisser ballotter où les rêves des autres m’emportent. Au diable tout ça, il est temps de jouer le jeu selon nos propres règles.

Si les Forces du Mal avancent aussi vite et aussi bien, c’est parce qu’elles ont des alliés dans les Contrées du Rêve : les hommes-termites de l’Eïdolon Lathi, les zombies de Zura la Noire, et les sicaires des Ducs d’Isharra, anciens gangsters de Chicago piégés comme nos héros de ce côté-ci du Mur du Sommeil (à la tête d’un principauté qui se résume à une City riche comme Crésus et un peuple crevant de pauvreté : là aussi l’auteur écrit aux pires heures de thatchérisme)… On est dans la caricature du cape et épée, puisque nos antihéros s’envolent immédiatement et unilatéralement pour saboter la rituel maléfique devant avoir lieu au Gouffre de Sarkomand, et délivrer de belles demoiselles en détresse dans la foulée (les jumelles Ula et Una qui les avaient faits tourner en bourriques dans le tome précédent). Ils s’en sortent en dressant leurs ennemis les uns contre les autres, puisqu’ils ont tous des raisons personnelles d’en vouloir à leur peau. Avec des insultes bien senties par là et des compliments bien senties par ici ils auraient s’en sortir, sauf que les cultistes des Grands Anciens sont imperméables à tout cela et qu’ils finissent sur l’autel d’Oorn qui a grand faim… C’est qu’interviennent les braves Limnar Dass et Gytheryk Imniss, assistés par Renifle et Torgnole les monstres qui accédé à l’humanité : il y a tout un passage ou les humains du monde du rêve ne supportent plus d’être les créations et les créatures des humains du monde éveillé, avant de décider de prendre les choses en mains ! Car derrière la grosse déconne, il y a de chouettes réflexions sur le solipsisme et les théories jungiennes…
Que serait un actioner fantasy sans bataille finale ? Les bêtes lunaires trahissent leurs partenaires, et l’ennemi de mon ennemi étant mon ami tout le monde fait cause commune dans un grande bataille où les les navires volants en sous-nombre de la Grande Alliance affrontent les monstres et les sorciers adorateurs des Grands Anciens ! Feu à volonté ! à l’abordage ! Les équipages du Shantak, du Linceul, du Chrysalide, du Gnorri II, de l’Éperon des Étoiles, du Brume du Matin, du Saute-Nuages, du Cumulus, du Nimbus et du Maître des Cieux utilisent tous les trucs et astuces des aventures maritimes qu’on aime bien, mais ils doivent rivaliser d’héroïsme avant que les astres ne soient propices !!!

ACHTUNG SPOILERS Ce qui est dommage, c’est moins le deus ex machina de la cavalerie qui arrive à point nommée que l’avalanche de trucs zarbis : le boss de fin lovecraftien dévore ses propres soutiens, l’auteur balance des serpents de fumée pétrificateurs agissant comme des basilics, et il nous sort des phalènes lunaires (remembrer Mothra contre Godzilla ^^), avant qu’on en fasse des caisses sur les sacrifices d’Eldrin et de David Hero alors qu’on nous les ressort néanmoins dans un happy end par le biais d’une métempsychose végétale… WTF ? FIN SPOILERS

Une fois encore je me demande comment des prescripteurs d’opinion chevronnés, suivez mon regard ont pu prendre au premier degré un récit dont le héros s’appelle David Hero… mdr

note : 6,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ? [ratingwidget post_id=4699]

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