Jacques Lamontagne (scénario)
Ma Yi (dessin)

Le Manoir Sheridan, tome 1

La Porte de Géhenne

Bande dessinée, fantastique / portal fantasy 
Publiée le 09 juin 2021 chez Vent d’Ouest

Québec, Canada 1922. En fuite après avoir volé la caisse d’un magasin général, Daniel est englouti avec son traîneau dans les eaux d’un lac gelé. Angus Mac Mahon le sauve de justesse et l’emmène dans sa demeure, le manoir Sheridan, une grande bâtisse isolée et inquiétante. Au fil de sa convalescence, Daniel va découvrir par hasard, dans une aile dont l’accès lui est totalement interdit, la nièce d’Angus, la belle Edana, plongée dans un profond état de catalepsie. Daniel va découvrir qu’il a ouvert la porte d’un monde cauchemardesque qu’il lui faudra affronter en passant un dangereux pacte avec le maître des lieux, pour défendre sa vie et celle de cette mystérieuse créature dont le charme l’a envouté…

Avec le Manoir Sheridan nous sommes dans les archétypes du genre fantastique. Alors on a la vaste demeure habitée par les courants d’air, le châtelain WASP pas si honnête que cela, le majordome russe pas aussi bête qu’il en a l’air, la demoiselle en détresse, et l’endroit où il ne faut surtout pas aller car il donne sur un autre monde peuplé de démons et de merveilles, sans oublier les artefacts maudits et les savoir interdits permettant de jouer avec la vie et la mort… Daniel Letendre joue le rôle du jeune candide confronté au mago psycho et aux forces d’outremonde !

Mais on n’est pas en Roumanie ou au Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle, mais au Québec dans les Années Folles du XXe siècle.

– Je vous ai promis la liberté. N’est-il pas plus grande liberté que la mort ? Délivré de toutes ces préoccupations terrestres.

Jacques Lamontagne rend hommage à sa patrie, qui reste une belle terre pour le genre fantastique contrairement à la France qui l’a abandonné à son sort pour se consacrer aux délires nombrilistes de CSP+ en crise de milieu de vie. Et il écrit du fantastique comme on le faisait avant que Lovecraft ne révolutionne le genre durant la Grande Dépression. Ici on pioche dans l’ésotérisme dixneuvièmiste et dans la Portal Fantasy aux codes bien établis par les géants de l’imaginaire vingtièmiste. C’est très classique, trop classique même. Tout ça va trop vite avec un brin de naïveté. Mais ces limitations peuvent aussi être une force, car cela rend la BD véritablement tout public. D’ailleurs le cliffhanger de fin donne envie de lire la suite, même que cela ferait un bon film !

Le style de l’artiste chinois Ma Yi a bien évolué depuis son passage dans la série Elfes. Il s’est joliment coulé dans le moule franco-belge, et on peine désormais à retrouver les influences orientales qui faisaient sa force et son identité. Adieu le métissage culturel, place au classicisme (mais un joli classicisme)…

note : 7/10

Alfaric

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