Gabriel Katz (scénario)
Stéphane Créty (dessin)

La Pierre du chaos, tome 1 :

Le Sang des ruines

Bande dessinée, fantasy
Publiée en 02 octobre 2019 chez Drakoo

Le tout-puissant empire de Nemès, secoué par les révoltes populaires, vient de rétablir le service militaire pour tous, y compris pour les nantis. C’est ainsi que Navel et Araes, deux fils de familles que rien ne destinait au métier des armes, vont s’embarquer pour Enoch, le « bout du monde », frontière tranquille du nord de l’empire. Mais au cours d’une patrouille, ils réveillent par accident un ancien artefact enfoui depuis des siècles et la plus paisible des planques va se transformer en enfer. Des hordes barbares, menées par un chef de guerre assoiffé de sang, traversent l’océan pour déferler sur le pays. C’est le début d’une guerre qui va s’étendre jusqu’au coeur de l’empire, une lutte sans merci pour la source absolue du pouvoir : la Pierre du chaos.

Le directeur des éditions Bamboo a fait un pont d’or à Christophe Arleston pour quitter les éditions Soleil et créer « Drakoo » la nouvelle marque dédiée au genre Fantasy. Il y a certes le combat pour la rémunération, mais je suppute que le départ de Christophe Arleston est peut-être autant une question d’argent qu’une question d’ego : pendants des années et des années c’est son univers de Troy qui a été le fer de lance des édition Soleil, et aujourd’hui c’est celui des Terres d’Arran d’Istin, Jarry, Peru, Cordurié et tutti quanti. Ce n’est pas sans raison qu’il a pris un pseudonyme pour écrire le tome 1 de la série Mages qui se déroule dans le même univers, et c’est tout à son honneur d’avoir réalisé l’un de ses meilleurs albums juste avant de dire adieu à la maison qui lui a tout offert et à laquelle il a tout donné…

La Pierre du chaos est une série mini-série en 3 tomes qui constitue le 2e étage de la fusée « Drakoo » dont le scénario a été confié à l’écrivain bankable Gabriel Katz. On reconnaît son style avec des univers archétypaux, des personnages « bigger than life » bien campés, et pour ne rien gâcher des histoires classiques mais efficaces. Du Gemmell like certes, mais à mon goût un peu du Gemmell light, ce qui n’est déjà vraiment pas si mal que cela…
D’un côté nous avons un empire dominant la majeure partie du monde connu mais en crise profonde : les caisses de l’État nous vides, les dirigeants sont en panne d’idées, et la moindre émeute peut mettre fin au au gouvernement (quiconque n’ayant pas reconnu un détournement de notre bon vieil empire romain doit revoir d’urgence ses cours d’histoire). Le pain et les jeux ne suffisant plus pour maintenir l’ordre (tiens donc ça me rappelle quelque chose : ah oui, notre bon vieux Monde De Merde), les dirigeants décident comme d’habitude de diviser pour régner en imposant à la ploutocratie ce qu’elle déteste le plus : l’égalité avec les roturiers ! C’est ainsi qu’on supprime les passe-droits de l’aristocratie qui doit envoyer ses fils réaliser leur service militaire sur les frontières comme tout le monde. Nous suivons donc les équivalents heroic fantasy des personnages principaux de la série The Persuaders : Navel est un noble qui est content de trouver une planque le temps de faire son temps et de retrouver sa femme et son enfant à naître, Aeres est un noble qui est en colère de se retrouver dans une planque car il veut marier carrière militaire et carrière politique. Le roturier Ridan qui incarne mieux les idéaux de l’Empire Némès que n’importe quel rejeton de son aristocratie complète et équilibre le duo qui devient trio.

– Majesté, les émeutiers incendient le marché. Ils ont mis à sac la villa du sénateur Patris. Il faut prendre une décision.
– Du temps de mon père, on aurait fait charger la garde !
– Les choses ont changé. Avec le pouvoir des assemblées, ce serait du suicide.
– Tiens ta langue, Horias ! Tu oublies que je suis empereur de Némès par la main de la grande déesse… J’ai pouvoir de vie ou de mort sur chacun de mes sujets !
– La grande déesse ne peut rien pour nous, majesté. Si vous faites donner la garde, ce sera un bain de sang, et la populace s’en prendra aux notables. Vos ennemis au Sénat et au conseil en profiteront pour exiger votre abdication.

D’un autre côté nous avons un Seigneur de la Guerre barbare qui ne jure que par la loi du plus fort et qui l’applique à son propre peuple par la terreur. Et ledit peuple prie tous les jours ses dieux qu’il rencontre plus fort que lui avant qu’il ne mettent la main que la Pierre du chaos qui lui octroyait autant immortalité que pouvoir absolue. Au fond de la Boîte de Pandore il y a toujours l’espoir, et celui-ci pourrait être incarné par la jeune shaman surdouée Enarya qui face au conservatisme défend la liberté, l’égalité et la fraternité…
C’est fatalement l’un de nos trois mousquetaires qui dans un forêt maudite et un temple interdit tombe sur ladite Pierre du chaos. Donc le chaos et la désolation s’abattent sur l’empire avec notre Seigneur de Guerre qui transforme la planque en enfer sur terre… To Be Continued !

Ce tome 1 intitulé Le Sang des ruines est donc un pur tome d’introduction et d’exposition qui met en place l’univers, l’intrigue et les personnages. Toujours plein de bonne humeur et de bonne volonté Gabriel Katz fait du Gabriel Katz et c’est plutôt de la fantasy de qualité. Stéphane Créty continue sa progression et nous offre des graphismes agréables bien colorisés par Leonardi Paciarotti.

note : 7/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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