Atsushi Kaneko
(scénario & dessin)
d’après Osamu Tezuka

Search and Destroy, tome 2

(pour public averti)

Manga, science-fiction / cyberpunk
Publié en VF le 02 juin 2021 chez Delcourt / Tonkam
Publié en VO en 2018 par Micro Magazine, prépublié dans TezuComi (« サーチアンドデストロイ »)

Dans un monde où des robots appelés « creech » et des humains coexistent, une enfant répondant au nom de Hyaku s’est vu dérobé 48 de ses membres et organes par autant de créatures. Après avoir survécu grâce à l’implantation de prothèses mécaniques, elle lutte aujourd’hui avec l’aide d’un jeune orphelin nommé Doro afin de récupérer son corps de chair. Mais à travers ce combat pour se retrouver, Hyaku découvre aussi la faiblesse et la laideur inhérente à la condition humaine. Et tandis qu’elle progresse dans sa quête, chez les créatures exploitées comme des bêtes de somme, la révolte commence à gronder…

​Après avoir retrouvé le sens du goût, la cyborg Hyaku découvre un nouveau monde avec ses nouveaux yeux (malheureusement privés de la fonction zoom). Désormais assistée bon gré mal gré par Doro, elle continue sa quête de vengeance contre les 48 androïdes qui lui ont volé 48 parties de son corps.

C’est ainsi qu’elle doit infiltrer le lupanar bunkerisé de Madame Zaza, la maquerelle préférée du tout Hachisuka. L’androïde aux traits reptiliens passé du Côté Obscur compte bien exploiter à son profit toute la noirceur de l’humanité, à commencer par ses jambes de chair et de sang qui ne servent qu’à piétiner ceux qui pensaient lui être supérieurs. C’est ainsi qu’il fait chanter un prélat pervers (pléonasme ?), quand Hyaku lui tombe dessus avant de nous offrir un combat de haute intensité parfaitement chorégraphié. C’est dans une chambre close holographique que bourreau et victime ayant échangé leur rôles s’affrontent aux quatre coins de l’espace et du temps…

– C’est que le monde, mieux vaut le zieuter en diagonale pour en garder le meilleur… Crois-moi, si t’en attends trop, tu cours au-devant de grosses déceptions !

Hyaku découvre de nouvelles sensations et de nouveaux sentiments à travers ses nouveaux membres de chair et de sang, mais elle se remet immédiatement en chasse. Sauf que le tueur Faust au service du maire qui possède ses bras a été engagé pour la tuer par l’inspecteur Yang au service du maire qui possède ses oreilles. Dans un abattoir industriel pire que celui de Tintin en Amérique, Hyaku découvre que plus elle redevient humaine plus elle redevient faible donc faillible, et sauvée par Doro c’est avec la douleur qu’elle découvre la peur…

ATTENTION SPOILERS Dans ce tome 2 les masques tombent. Le Maire Daigo a passé un pacte avec le diable pour devenir le maître des métaux rares, ressources névralgiques du commerce mondial. Issu d’une longue lignée de parricides, c’est sans aucun état d’âme qu’il a sacrifié son enfant aux 48 démons d’acier et de plastique qui ont établi sa tyrannie. Il y avait beaucoup de pessimisme sur la nature humaine dans le fait que les androïdes faisant les mêmes expérience que l’humanité deviennent systématiquement des monstres incarnant le pire de l’humanité. Mais la série n’oublie pas que l’humanité ne se résume pas aux turpitudes des élites autoproclamées, car lutte des classes oblige on nous montre aussi le prolétariat robotique qui pour survivre doit affronter chaque jour l’enfer des mines situées à 5 kilomètres de profondeur. FIN SPOILERS

Le Maire Daigo divise pour régner en opposant les humains aux machines, mais qu’adviendra-t-il si un humain victime des robots devient le messie des robots victimes des humains ? Nous ne sommes plus dans un remake de Dororo mais dans un remake d’Astro : les chefs-d’œuvre parlent aux chefs d’œuvre et se répondent ! To Be Continued, Oh Yeah !!!

Le style graphique très années 1970 est faussement vintage et vraiment néo-rétro. Et ce style est parfaitement maîtrisé : arriver à un rendu aussi « complexe » avec des dessins aussi « simples » tient du génie. Atsushi Kaneko est clairement un mangaka à découvrir…

note : 8+/10

Alfaric

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