Serge Lehman (scénario) Emmanuel Roudier (dessin)

Sept, saison 3 épisode 3 : Sept Mages

Bande dessinée, fantasy / high fantasy
Publiée le 13 avril 2016 chez Delcourt

Dans un Moyen Âge de légende, le royaume de Cocaigne est dirigé par le bienveillant Féric, que son frère Jean le Nécromant veut renverser. Conseillé par lesprit du dieu Herne, Féric fait appel à sept mages issus de traditions diverses. Mais les puissances païennes, la sagesse romaine, la philosophie grecque et la charité chrétienne sauront-elles surmonter leurs divisions pour repousser larmée des goules qui se masse aux frontières ?

Dans Sept Mages, le royaume de Cocaigne dirigé par le roi Féric doit affronter les ambitions de son frère cadet Jean le Sorcier, renommé Jean le Nécromant… Pour s’opposer à la menace, Herne le fondateur fait mander sept mages pour défendre les intérêts et les habitants du royaume :
– Gargan, croisement génial de Swamp Thing, Tom Bombadil et The Hulk !
– les sœurs de l’épouvante, Vive de l’Eau, Brise de l’Air et Ponce de la Terre, qui puisent dans l’archétype du trio de sorcières…
– le Disciple, détournement de l’archétype du magicien noir, qui ici emprunte autant à Sherlock Holmes qu’à Monsieur Spock en héritier du cartésianisme des savants de l’Antiquité…
– Lumen, le foudroyeur romain croisement génial de Zeus, Gandalf et Superman !
– Anna l’Enchanteresse, fille du roi et héritière à la fois de la Reine de Saba, de Guenièvre et de Viviane/Morgane… (qui ressemble comme deux gouttes à la Reine d’Alba du cycle Fantasy de Miles Cameron)
Rien qu’au casting de luxe, vous devez ressentir un peu les vybes du projet…

Alors que les sept mages enquêtent sur la nature des créatures de l’adversaire honni, le roi est assassiné et son épée magique volée… Le Capitaine Ravenne assure l’intérim en attendant le résultat de l’épreuve : celui qui retrouvera l’assassin et le voleur deviendra le nouveau souverain du royaume ! Le Disciple qui n’est que logique et qui agit comme un enquêteur de polar classique suit sa propre voie par rapport à ses collègues qui ne sont que magie et qui agissent comme des super-héros de comics. Mais pourquoi je n’arrive pas à m’enlever le film d’animation Le Vol des dragons / Flight of Dragons de la tête ?

Mais dans la lutte contre les forces obscures de la crevardise, chacun à son rôle à jouer : le naturel s’allie au surnaturel et le rationnel s’allie à l’irrationnel… Le récit qui commençait comme une fable, et qui se poursuit en en quête high fantasy, se finit ainsi en conte philosophique. Plus que jamais, nous sommes donc dans une chouette relecture du mythe fondateur du Héros aux mille et un visages, mais les pisse-froid habituels vont encore parler d’insupportables clichés… Passez votre chemin, ou foutez-nous la paix à la fin !!!

Dans l’enseignement du magicien, la première leçon est la plus difficile. Les apprentis croient qu’il s’agit de trouver la source des pouvoirs, mais s’engager dans cette voie, c’est se condamner à tourner en rond. Rares sont ceux qui devinent que la leçon porte sur l’abandon et non sur la maîtrise. Pour les guider, on leur raconte l’histoire des sept mages de Cocaigne.

Serge Lehman dispose d’un imaginaire riche et élégant, qui croise à foison tous les titres des cultures populaires. du coup, il ne laisse pas facilement saisir lui ou ses projets… Ici, l’univers à la fois féerique et uchronique puisent dans les grandes sagas médiévales arthurienne et carolingiennes, et les ombres de Mélusine, Huon de Bordeaux et des quatre fils Aymon n’est jamais bien loin… Je ne vous cache pas ma hâte de le voir partir à la conquête du genre Fantasy ! Ici, son récit est servi par les dessins très plaisants d’Emmanuel Roudier, quoique les couleurs Simon Champelovier restent un peu le parent pauvre de l’ensemble en étant davantage perfectible que le dessin et le scénario.

PS: il y a un parallèle et une forte ressemblance visuelle entre Serge Lehman qui ne croit pas à la culture populaire, mais qui la défend parce qu’il l’aime, et le Magicien Noir qui ne croit pas en la magie, mais qui la défend parce qu’il l’aime… Le gars qui semble regarder ailleurs pour faussement se désolidariser du who’s whos n’est sûrement pas un hasard !

note : 8/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ? [ratingwidget post_id=3139]

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