Tetsuo Hara
(scénario & dessin)
supervisé par Buronson

Sôten no Ken,

tome 1

Manga, histoire / arts martiaux 
Publié en VF en 2004 par Panini Comics, republié en octobre 2021 par Mangetsu
Publié en VO entre 2001 et 2010 par Shinchosha dans Shuukan Comic Bunch (« Souten no Ken / 蒼天の拳 »)

1935, Shanghai. La ville est aux mains de la pègre et le théâtre d’un affrontement entre le Syndicat de Jade et l’Union du Pavot Sanglant, qui se disputent chèrement ce territoire sans foi ni loi. Trois ans plus tard, cette rivalité garante d’un semblant d’équilibre n’est plus qu’un lointain souvenir et Shanghai a définitivement sombré dans le chaos. Mais tout va basculer lorsque Kenshirô Kasumi reçoit au Japon la visite d’un ancien membre du Syndicat de Jade, venu lui apporter une terrible nouvelle. Celle-ci va réveiller celui qui, naguère, était plus connu sous le nom de « Yanwang, le roi des enfers », héritier du Hokuto Shinken, un art martial aussi précis que mortel.

1935. Kenshiro Kasumi chéri de ses dames est le gendre idéal. Professeur dans une université pour jeunes filles, il fait tourner toutes les têtes à commencer par celle mademoiselle Kitaôji l’héritière d’un zaibatsu. Mais dans une autre vie Kenshiro Kasumi était Yanwang, la terreur de Shanghai qui a mis fin à la guerre des gang en faisant basculer à lui tout seul la balance du pouvoir entre le Syndicat de Jade et l’Union du Pavot Sanglant !

Son passé le rattrape quand le souverain Puyi utilise son goûteur Li pour le retrouver, sans remarquer qu’en fait c’est Li ancien empoisonneur de la mafia qui utilise le dernier empereur pour les mêmes raisons. C’est ainsi que Kenshiro Kasumi apprend avec douleur que tous ses compagnons d’armes ont été trahis avant d’être traqués comme des bêtes, quand ils ne sont pas enlevés, torturés et exécutés…

Kenshiro décide donc de revenir à Shanghai la ville internationale du mal pour péter des gueules. Il est seul contre tous, mais cela va être sale et brutal pour les mafieux chinois, les policiers pétainistes, les militaires fascistes, les espions nazis ou les rebelles communistes. Car Kenshiro Kasumi est le 62e héritier du Hokuto Shinken, l’art martial le plus violent de tous les temps ! Et tant pis pour tous les mecs qui rappliquent de toute la Chine dans l’espoir de prouver qu’ils sont plus forts que lui. Ils ne le savent pas encore mais ils sont déjà morts, car le Poing de la Grande Ourse est invincible : ATATATATATATATATA !!!

Ni Yi Jing Si Le… Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort !

Dans Sôten no Ken on retrouve donc Tetsuo Hara et Buronson pour le préquel de Hokuto no Ken. Co-création Hokuto no Ken avait été réalisé à quatre mains, mais dans Sôten no Ken le vétéran Buronson qui n’est plus que superviseur lâche la bride à Tesuo Hara. Car si on retrouve tout le côté mafia si cher à Buronson, on voit immédiatement que la partie humour est nettement plus développée (héritage Buichi Terasawa). Quand clope au bec Kenshiro enfile son jean, son blouson en cuir, et sa chemise col grand ouvert c’est le grand retour de Bébel l’Immortel avec punchlines et châtaignes !

Mais plus que jamais on reste dans l’ADN de la saga avec un mélange entre tragédie et arts martiaux. Eschyle, Euripide et Sophocle auraient été scénaristes pour la Shaw Brothers (légendaire studio du cinéma hongkongais), le résultat n’aurait sans doute pas été très différent. On retrouve donc les amitiés viriles à la limite des bromances yaoi, le tragicness to the max avec le poids du destin qui pèse sur chacun, et les grandes histoires d’amours impossibles qui ridiculiseraient Roméo et Juliette…
Bien évidemment subsiste également les exagérations typiques du mangaka avec des « gentils » beaux, courageux et généreux et des « méchants » laids, cruels et sadiques. Si un « méchant » ne correspond pas aux clichés, c’est qu’en fait ce n’est pas un vrai méchant et qu’il cache un passé tourmenté qui l’a fait passer du Côté Obscur…

La saga Hokuto no Ken avait deux gros défaut. Le premier c’était un background pas développé du tout, alors qu’avec un petit effort de worldbuilding on serait passé tout de suite dans la catégorie supérieure. Ici en prenant pour cadre la ville de Shanghai juste avant l’invasion japonaise le défaut devient presque une qualité. Le deuxième était qu’un arc en chassait un autre et qu’on récrivait en permanence le background donc la mythologie de la série en oubliant peu ou prou de toute ce qui s’était passé avant (genre si le Hokuto Shinken en né Chine durant la période des Trois Royaumes, pourquoi son école se situe au Japon et pourquoi ses pratiquants sont japonais ?). Bon ben là, pas de miracle hein ! Et en écrivant cela, je me rends compte que son ami Hirohiko Araki recourt exactement au même procédé donc possède exactement la même limitation de narration…

Les éditions Mangetsu filiale manga des éditions Bragelonne ont trouvé un bon filon avec Tetsuo Hara. Après Keiji et avant Ikusa no Ko: The Legend of Oda Nobunaga, il reprenne une série que éditions Panini avait laissé pourrir dans leur catalogue sous le nom de Fist of The Blue Sky. On va avoir doit à des gros tomes de 300 pages : le côté cool c’est les dialogues parfois très Maurice Sarfati (les vrais savent), le côté moins cool c’est les couvertures qui s’abîment à grande vitesse…

PS : c’est quand même con que les résumés parlent de « 1932 » alors que les mangas parlent de « 1935 »

note : 8/10

Alfaric

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