Graham Masterton

Tengu

(pour public averti)

Roman, fantastique / horreur
Publié en VF en avril 1994 aux Presses de la Cité
Publié en VO en 1983 (« Tengu »)

C’est le plus redoutable des démons de la mythologie japonaise. Le pouvoir maléfique du Tengu ne connaît pas de limites. Ceux qu’il possède se transforment en de véritables machines à tuer, dotées dune force surhumaine, insensibles à la douleur, invincibles au combat. Les guerriers masqués du Tengu se sont infiltrés à Los Angeles. A eux seuls ils pourraient plonger la ville dans un bain de sang, mais ils ne sont que l’un des éléments d’un plan diabolique qui vise à rager les Etats-Unis de la carte, une bonne fois pour toutes.

L’entrée en matière est vraiment bien troussée à l’image du roman dans son ensemble : un chouette roller-coaster ! On commence par entrer dans le quotidien trivial d’une starlette d’un quelconque soap opera angélitain, passage aux WC et description du vibromasseur y compris. Puis d’un coup on envoie tout bouler avec une scène bien gore qui lance le roman. Pourtant ce n’était pas faute de nous avoir prévenus dès la première phrase ! Et l’auteur va tout naturellement rythmer son récit du début à la fin du roman par une succession de scènes horrifiques et horrifiantes de bon aloi.
Tout le fantastique du roman (et donc toutes les scènes gore) est amené par un démon japonais. Dommage d’avoir développé uniquement l’un des sept Kami noirs évoqués par les légendes japonaises, cela aurait amené plus de diversité aux situations et aux scènes d’action. On vogue quand même un peu sur la nippophobie des années 80 avec des piques contre Datsun, Sony, Toshiba, Toyota, Panasonic et les whiskies Suntory… Mais sans vouloir trop en dévoiler, on est plus proche de Black Sun que de Soleil Levant. En effet niveau intrigue, une fois qu’on a compris qui était les « colombes brûlées » et les « aigles en flammes » qui donnent leurs noms aux 2 parties du livre, on devine assez facilement comment tout cela va finir… Très mal évidemment ! Et l’auteur se garde bien d’ailleurs de prendre parti pour l’un ou l’autre camp du roman. Quoique mine de rien, il y a des passages très critiques sur la stratégie américaine lors de la Guerre du Pacifique, et dans le grand final on brouille les pistes puisque qu’on combat le mal absolu en ayant recours à un autre mal absolu.

Les voitures passaient rapidement sur l’autoroute et ne s’arrêtaient pas. Mais pour une fois, on ne pouvait faire de reproche à personne. Il y avait trop de sang. Trop d’horreur. Et le spectacle d’un policier mutilé, dont la tête n’était plus qu’une pastèque éclatée et broyée, glissant lentement du capot de sa voiture bousillée, et bien, c’était une raison plus que suffisante pour appuyer sur la pédale de l’accélérateur et continuer de rouler, en tremblant, jusqu’à ce que l’on arrive chez soi à Pasadena.

On nous offre une galerie humaine bien fournie, mais là où un Stephen King se concentre sur la vivisection de l’Amérique moyenne voire profonde, Graham Masterton oppose volontairement has been et ripoux, des petits poissons aux gros requins…

Cette force peut aussi être une faiblesse car si l’alternance des POVs permet de bien rythmer et bien varier l’intrigue, le fil directeur ne se laisse pas facilement attraper entre les dupes de Kappa qui enquêtent sur leur mystérieux commanditaire, les forces de l’ordre complètement larguées, et un drôle de Scooby gang composé d’un vétéran traumatisé de la WWII, d’un intermittent du spectacle, d’un culturiste nommé El Destructo et d’un créateur de richesses véreuses…

Et attention il y a du cul. On ne saurait oublier qu’en plus d’avoir rédigé des manuels d’érotisme, l’auteur a été le rédacteur en chef du magazine Penthouse : c’est cru, varié et explicite donc pornographique. Il y a même des trucs sado-maso assez sales, et quelques pratiques carrément glauques avec des **** et des ****, mais cela ne vient jamais vampiriser l’intrigue ou l’ambiance horrifique.

La fin est un peu précipitée, mais qu’importe ma première incursion dans les univers de Graham Masterton a été une réussite. Mieux ce roman daté de 1983 a très bien vieilli, car au-delà du background eighties, j’ai presque eu l’impression d’être devant une version fantastique et déjantée de la série culte 24h chrono. Le concept est supra-cool, car oui ce roman pourrait être l’objet d’une adaptation cinématographique du tonnerre…

note : 8/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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