Tom Clancy

Rainbow Six

Roman, espionnage / techno-thriller
Publié en VF en 1999 chez Albin Michel
Publié en VO en 1998 chez Putnam

Alors que le monde se prépare à suivre les jeux Olympiques, des attentats terroristes endeuillent l’Autriche, la Suisse, l’Espagne. A la tête de l’unité spéciale Rainbow Six, qui comprend des agents de divers pays, John Clark, le héros de Danger immédiat et de La Somme de toutes les leurs, a pour mission d’y mettre un terme. Bien vite, il va se trouver face à un foisonnement d’énigmes. Quelle relation y a-t-il entre ces attentats et les disparitions de jeunes femmes sur lesquelles enquête le FBI ? Quelles recherches mène donc le trust pharmaceutique du Dr Brightling, nécessitant l’installation d’un laboratoire au fin fond du Kansas ? Le péril que Rainbow Six va devoir affronter dépasse l’imagination. L’enjeu n’est rien moins que l’anéantissement de l’espèce humaine. Jamais l’auteur d’Octobre rouge n’était allé aussi loin. Et de façon plus terriblement vraisemblable…

Vaut pour les 2 tomes issus du charcutage franco-français (appelé aussi en marketing comment arnaquer le client en vendant une oeuvre 2 fois son prix), car même si la langue française utilise plus de mot pour dire la même chose que la langue anglaise il faudra m’expliquer comment on est passés d’une VO en 1 tome de 740 à une VF en 2 tomes cumulant plus de 1300 pages !

Après le chouette Octobre Rouge, je me faisais un joie de retrouver les techno-trillers du maître du genre Tom Clancy… Pas de bol pour moi, avec Rainbow Six qui appartiendrait à la saga Jack Ryan je ne suis pas passé très loin de la purge en bonnes et dues formes !
Commençons par le commencement : les agents de la CIA John Clark et Domingo Chavez, se joignent à officier du SAS Alistair Stanley pour former une unité antiterroriste multinationale connue sous le nom de Rainbow, basée à Hereford, au Royaume-Uni.

L’unité censément au service de l’OTAN est entièrement financée par les USA et entièrement commandée par les USA, en plus d’être entièrement composée de ressortissants de pays anglo-saxons : bravo pour le côté international ! On nous dépeint une unité « blacker than black » dont seule une poignée « d’ubermensch » connaît l’existence : « secret » et « élitiste », on n’est pas loin d’une police secrète ou d’un commando de la mort, et dans les deux cas on a affaire à des exécuteurs des basses œuvres…

Quand au cache-sexe de la coopération internationale, qui tirerait son nom de projet d’opération des années 1930, on sait depuis longtemps que l’inefficacité de la collaboration des services de renseignement n’est plus à démontrer, il n’y qu’à voir ce qu’est devenu Interpol depuis que les yankees ont mis un pied dedans pour en prendre le contrôle : plus rien du tout avec des délinquants en col blanc qui ont désormais carte blanche pour gangrener le monde entier ! Monde de Merde !!!

Et il faut rajouter les dialogues et les situations qui nous expliquent bien que les militaires américains sont obligés de venir au secours des pauvres technocrates européens incapables de faire face à la menace terroriste… Ouais, remember Waco, Oklahoma City, Atlanta, les dizaines de tueries de masses qui frappent les USA chaque année, les cliniques du planning familial plastiquées par des terroristes christianistes (avant ou après assassinats des médecins), les églises noires dynamitées par les terroristes suprématistes (avant ou après lynchages d’un ou plusieurs paroissiens de couleur)… En fait tant que les terroristes sont WASP cela ne vaut pas trop la peine d’en parler, mais si jamais ils sont étrangers, pire arabo-musulman ou nord-coréen, on est au bord d’une nouvelle guerre mondiale !

– Il aurait nettement mieux valu qu’ils soient futés, ces terroristes, mais les plus futés ne se lançaient pas dans ce genre d’aventure. Il y avait tout bonnement trop de risques, comme les Israéliens l’avaient démontré en Ouganda et les Allemands en Somalie. Vous n’étiez en sécurité qu’aussi longtemps que l’appareil était en vol, et il ne pouvait y rester éternellement.
Or, dès atterrissage, l’ensemble du monde civilisé pouvait se liguer pour vous écraser avec la vitesse de l’éclair, et la puissance d’une tornade… Et le vrai problème était qu’on trouvait bien peu de volontaires prêts à mourir avant trente ans.

Tout ce je viens d’écrire pourrait finalement n’engager que moi et on pourrait passer outre, mais c’est noyé dans une affreuse linéarité et une affreuse répétitivité : chaque intervention anti-terroriste est l’équivalent d’un niveau de jeu vidéo (et les scènes d’action sont plutôt bien fichues, c’est ce qui sauve le roman du naufrage absolu), donc de difficulté censément croissante jusqu’à la confrontation avec le boss de fin dans le niveau final, et est précédée de scènes de préparation et de briefing avant d’être suivie de scènes de décrassage et de débriefing, ce qui nous gratifie de doublons d’explications sur l’entraînement et l’équipement qui deviennent de plus en plus ennuyantes au fur et à mesure que les pages fort nombreuses défilent sous yeux…
Pour ne rien gâcher le boss de fin et son master plan relève du gros nanar, comme l’attaque de son bunker amazonien digne d’un bon vieux « Hollywood Night » des années 1980 !
ATTENTION SPOILERS Donc on a les cadres supérieurs d’un mégocorpo médicales inféodés au fascisme vert (l’écologie hein, pas l’islamisme pour une fois) qui ont décidé que les hommes qui ne pensent pas comme eux ont perdu leur droit de vivre… Au nom de Mère Nature, ils veulent faire redescendre le nombre d’humains en dessous du demi-million (pourtant il me semble que les 7 millions d’hommes et de femmes préhistoriques n’ont pas spécialement saccagé la planète, contrairement aux 500000 uber rich yankee), élus destinés à être épargnés et qui par conséquent seront sélectionnés parmi les très très riches et les très écolos, bref des fanatiques bobos hipsters triés sur le volet par des commissaires politiques. Pourquoi cela marche dans L’Armée des douze singes et pourquoi cela marche pas ici ? Parce qu’un savant mal dans sa peau qui passe du Côté Obscur c’est plus crédible qu’une clique de ploutocrates vendus au Veau d’Or qui se découvre une conscience écologique avant de passer en mode génocide ! Ils veulent déclencher un épidémie mutante d’Ebola via les Jeux Olympiques de Sydney on contaminant sportifs, journalistes et spectateurs, qui créera la panique et incitera la population du monde entier à se faire vacciner donc à se faire tuer par un poison lent mais incurable… Les populations du Tiers-Monde sans infrastructures médicales, les réfractaires et les sceptiques, les déserts médicaux, et le fait que pour faire barrage à une pandémie on se contente de vacciner 30% de la population c’est OSEF parce qu’on est dans un vision américano-américaine du monde où on pense que rien n’a changé surtout les mentalités depuis la Peste Noire de 1348 (coucou Roselyne Bachelot, qui a acheté pour des milliards des vaccins qui ne servaient à rien, coucou Agnès Buzyn qui entre autres conneries monumentales trouve la viande plus dangereuse que le chlordécone). FIN SPOILERS

Même Hugo Drax dans Moonraker était plus crédible que cela !!! Et je ne parle même de la morale des « gentils » (« oh non les procès vont être trop longs, alors butons tout le monde en se lolant sur leurs tombes, ah ben non ils auront même pas de tombe… ah ah ah »), avec des amis comme cela on n’a plus besoin d’ennemis : avec les yankees maîtres du monde, on n’a pas fini de trembler pour nos vies…

note : 4/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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