Olivier Ledroit
(scénario & dessin)

Le Troisième Œil, tome 1 :

La Ville Lumière

Bande dessinée, fantastique / ésotérisme 
Publiée le 12 mai 2021 chez Glénat

Mickaël Alphange, une jeune apprenti vitrailliste, se livre à une expérience psychédélique et active sans le savoir sa glande pinéale, ouvrant ainsi son troisième œil. Ses perceptions extrasensorielles s’accroissent et se développent dès lors de jour en jour, et il découvre peu à peu une dimension insoupçonnée, au-delà des apparences, peuplées d’étranges créatures éthériques. Ce qui ressemblait au début à un jeu sans conséquences se révèle cependant rapidement une expérience des plus dangereuses. Fasciné par ce monde surnaturel qu’il pense être le seul à voir, Mickaël se retrouve entraîné dans un processus irréversible et aliénant auquel il ne peut échapper. S’il veut survivre, il devra s’engager sur la non moins périlleuse Voie Royale, la voie secrète des mages. Un parcours initiatique au cœur des des mystères occultes de la Ville Lumière qui le mènera aux confins de la conscience, par-delà l’infini, à la découverte de secrets des dieux, de l’univers et de lui-même. Mais tapie dans l’ombre, une menace indicible guette. Et la quête de Mickaël, autant qu’une révélation, marquera également le début d’une terrible descente aux enfers face aux forces les plus obscures dominant l’humanité.

Mickaël Alphange (Michel l’Ange ? Tout un programme hein !), est artisan en public, et artiste en privé. Et pour ne rien gâcher la bonhomme est synesthésique : il entend les couleurs et il voit les sons. Un jour un vandale détruit un vitrail de Notre-Dame il récupère un losange indigo que son supérieur lui décrit comme de fabrication alchimique. Cela lui donne envie d’explorer ce qu’il y a au-delà de la couleur indigo, car il veut voir ce qu’on ne peut pas entendre et il veut entendre ce qu’on ne peut pas voir…

Et c’est ainsi qu’il déchire le voile pour découvrir une ville lumière peuplée d’une faune élémentaire. Et que cette faune élémentaire interagit avec une humanité divisée en 3 catégories : ceux qui créent, ceux qui obéissent, et les fashion victims accrochés/accrochées h24 à leur iphone… Mais quand tu vois tu peux être vu, et après avoir traversé le métro il est suivi et poursuivi par d’étranges créatures clairement hostiles… Mickaël Alphange doit alors trouver en urgence des senseï / sifu pour effectuer un power-up ésotérique pour passer de proie à prédateur !

– Nous voyons avec notre esprit. Et notre vision du monde tel qu’il est habituellement perçu est une projection biaisée de notre cerveau conditionné par la rationalité. Un modèle du monde qui se place devant la réalité, comme un voile. J’ai déchiré ce voile.

De plus en plus de dessinateurs deviennent scénaristes pour illustrer et mettre en scène leurs propres histoires. Et force est de constater qu’il sont bien souvent meilleurs scénaristes que les scénaristes de profession… C’est ainsi que le dessinateur Olivier Ledroit devient scénariste et qu’il nous offre un récit fantastique, ésotérique et mystique de 100 pages dans un chouette format concocté par les éditions Glénat ! Je n’imagine même pas le temps qu’il a du passer sur chaque planche tellement c’est du bonbon pour les yeux…

Chaque lieu parisien est relié à des pratiques chrétiennes ou païennes, et on fait la part belle aux croyances celtes et égyptiennes. Bon j’ai un peu ri aux 666 panneaux de verre luciférien de la Pyramide du Louvre, mais globalement l’idée est que comme dans l’astrologie les êtres biologiques sont liés à la mécanique des sphères, et que le microcosme peuplé d’être élémentaires est lié au macrocosme lui aussi peuplé d’être élémentaires (règnes, trônes, dominations, séraphins). C’est ainsi que Mickaël Alphange arpente la Voie Royale, une ligne mystique qui va de l’Arche de la Défense à Notre-Dame qui fait office d’athanor. En gros il arpente une Marelle parisienne (Les Princes d’Ambre, les vrais savent), et il en ressort transfiguré, prêt à devenir un chasseur d’horreurs en croisade contre les démons et les sorciers qui les invoquent…

Les textes au langage châtiés sont très poétiques, et je parle même pas du son et lumière permanent qu’offre chacune des planches que nos yeux ont la chance de pouvoir visionner. Mais cela va plus loin que cela, car comme les frères / sœurs Wachowski notre Olivier Ledroit national apporte une attention méticuleuse à tous les détails. Je pourrais en parler durant des pages et des pages, mais je vais juste mentionner toutes les affiches des films de John Carpenter dans l’appartement de Mickaël Alphange ou les tags NWO (New World Order) qu’on voit un peu partout dans les rues parisiennes…

Toutefois, et en 2021 cela semble presque devenu être une mode, ce tome 1 purement introductif ne livre guère d’indices ce que qui va suivre donc à a ressembler la série par la suite. Au vu de l’introduction et de la conclusion j’ai parié sur un bon vieux récit de chasseur d’horreurs avec une masquerade et une histoire secrète, mais rien n’est moins sûr… Après le côté « les drogués parlent aux drogués » m’a un peu gêné. Je suis certes un vieux con trop vieux pour ces conneries, mais ouf on a bon goût de ne pas déverser un discours gaucho-libertaire. Du coup, je me demande pourquoi la sorcière qui veut sacrifier trois enfants africains aux forces de l’ombre ressemble autant à Marlène Schiappa de La République En Marche… Sûrement un hasard…

note : 8,5/10 (si la suite est du même niveau, on passe directement à l’échelon supérieur)

Alfaric

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