Chantal Chaillet (scénario)
Dominique Rousseau (dessin)
d’après Gilles Chaillet

Vasco, tome 25 :

Les Enfants du Vésuve

 

Bande dessinée, histoire / moyen-âge
Publiée le 22 novembre 2013 chez Le Lombard

Au pied du Vésuve, le jeune Vasco et ses trois amis d’enfance font la découverte d’une cité engloutie qu’ils gardent secrète. Des années plus tard, à la demande de l’un d’eux, Niccolo dell’Aquila, Vasco se rend à Naples collecter les impôts pour la Reine. Il découvre alors une Naples appauvrie, en proie à la famine, où sévit une mystérieuse bande de voleurs.

Décidément Vasco est une série maudite : rarement les étoiles auront été alignées pour elle… Gilles Chaillet avait cédé ses crayons pour cause de Maladie de Parkinson, et Frédéric Toublanc n’ayant pas convaincu c’est Dominique Rousseau qui a pris sa place. Ensuite Gilles Chaillet nous a quittés et c’est sa campagne Chantale Delafelle qui était avec lui comme coloriste depuis les débuts de la série depuis en reprend les rênes…

Les Enfants du Vésuve est la première partie d’un diptyque pas abouti donc pas réussi parue en 2013. Dans un album de 48 pages on commence par un flashback introductif de 20 pages ! Il n’y avait pas moins d’être plus efficace dans le sacro-saint format de la BD franco-belge ? (on pourrait faire la liste des cases qui auraient facilement pu être zappées pour gagner de la place donc du temps) On peut apprendre de ses erreurs : ce n’est pas la première fois que le héros Vasco tarde à apparaître dans les tomes de sa propre série…

Toujours est-il que ce flashback est loin d’être mauvais : on nous montre quatre enfants qui font les quatre-cents coup à Naples à une époque où la Grande Peste et les malheurs du temps n’avaient pas encore frappé. Nicollo le fils du sénéchal italien au service de la reine française, Vasco le neveu d’un richissime banquier et Luca un robuste fils de paysan font la cour à l’intrépide et fascinante Loretta aux cheveux roux. Le Club des Quatre fait face aux jumeaux Corvado, fils d’un puissant seigneur local, qui découvre après un secousse du Vésuve un accès vers une cité romaine ensevelie : cela sera leur secret pour la vie… (malheureusement comme pas mal d’autres dessinateurs, Dominique Rousseau a du mal à dessiner des enfants : non ce n’est des têtes d’adulte posées sur des corps en proportions réduites, non les enfants ne sont des Hobbits)

Les années passèrent. Plusieurs couches de cendres finirent par recouvrir la nostalgie de l’enfance et les souvenirs, peu à peu, s’estompèrent. Puis, la peste s’abattit sur l’Europe. À Naples, elle fut particulièrement virulente. Lorsqu’elle se retira, enfin repue de ses millions de victimes, bien des terres furent abandonnées, faute de bras pour les cultiver. Alors, la misère succéda à l’épidémie. Locataire indésirable, elle s’installa dans tout le sud de l’Italie, avec son cortège de famines et de malheurs, et l’on ne devait jamais plus l’en chasser.

L’idée d’opposer ensuite des adultes restés enfants et des enfants devenus adultes beaucoup trop tôt par la force des choses est séduisante, mais ellipse oblige on est obligé de faire 20 pages d’exposition après 20 pages d’introduction, d’autant plus qu’on case une scène de cauchemar fantasmagorique de 3 pages absolument hideuses (on avait les même en bien mieux dans La Dernière Prophétie du regretté créateur de la série, où comment gâcher 3 pages alors qu’on en perd déjà 40 pour installer le récit). Donc on retourne dans le Royaume de Naples qui sous le règne des Français passe de la richesse à la pauvreté, et pour longtemps car les mêmes causes produisent les mêmes effets : on extorque le peuple pour assurer le train de vie des riches et des puissants et aucun dirigeant ne pense à relancer l’économie par le bas parce que leur horizon mental c’est le haut donc l’offre, le ruissellement, les premiers de cordée et tout le bataclan du très dégueulasse très inefficace mais mais néanmoins très dominant suprématisme bourgeois de mes couilles !

Pour résumer le Royaume de Naples est dans une impasse à la Robin des Bois car il faut lever des impôts pour sauver ce qui peut encore l’être, de mystérieux voleurs prennent aux riches pour donner aux pauvres, et plus les autorités s’acharnent pires les choses deviennent. On suit la collecte d’impôt d’un hominus crevaricus tenant tout du macroniste lamda, donc un connard pire encore que le bureaucrate inhumain caricaturé par René Goscinny dans la saga Astérix… Évidemment il se fait détrousser, et on ne propose rien de mieux aux autorités que de privatiser la collecte d’impôts (les banquiers faisant le boulot de l’État moyennant finances payées par le peuple mais s’ils n’atteignent pas leur quota c’est à eux de payer le manque à gagner… Tout cela a fini en révolution générale, et ceux qui usent et abusent aujourd’hui des mêmes méthodes sont persuadés qu’ils en sont à l’abri : on peut en toute tranquillité les traiter de gros abrutis, et la macronie en fait naturellement partie !)
Vasco est devenu l’exécuteur des basses œuvres de la Banque Baglioni, Niccolo est devenu à la place de son père le nouveau sénéchal de la Reine de Naples, Loretta est devenue à la fois prostituée et proxénète tandis que Lucas joue aux arlésiennes… Les Français agissent en occupant, certains Italiens agissent en collabo, et Vasco déboule dans un nid de crabes pour découvrir que son ancien ami use et abuse de sa position pour se défouler quitter à massacrer sans pitié… La dernière page spoile tout, mais c’est To Be Continued quand même !

note : 5,5/10

Alfaric

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