Chantal Chaillet & Luc Révillon (scénario)
Dominique Rousseau (dessin)
d’après Gilles Chaillet

Vasco, tome 28 :

I Pittori

 

Bande dessinée, histoire / moyen-âge
Publiée en novembre 2017 chez Le Lombard

De retour en Italie, Vasco est chargé par son oncle de négocier l’achat d’un tableau auprès d’un grand peintre. Mais ce dernier est assassiné et Vasco est pris dans la tourmente d’une enquête pleine de surprises.

J’avais écrit dans ma chronique du tome 27 qu’on partait pour un renouveau ou un coup d’épée dans l’eau. Et bien avec le tout formé par tomes 28 et 29 intitulés I Pittori et Affaires Lombardes c’est bel et bien un coup pour rien…

Bon ben, on reprend les mêmes et on recommence. Tolomeo Tolomeï a confié les affaires majeurs de sa banque siennoise à son fourbe neveu Lorenzo, et les affaires mineures à son noble neveu Vasco. Parce que dans le business gagner de l’argent à ne plus savoir quoi en faire justifie tous les moyens aussi dégueulasses fussent-ils… D’un côté on a Lorenzo envoyé négocier une alliance avec les Bardi de Florence, avec un mariage à la clé entre lui et la jeune et belle Signorina Isabella âgée de 19 printemps. D’un autre côté, on a Vasco envoyé recruter un bon artiste pour décorer la dernière demeure de son oncle qui compte bien être l’homme le plus riche du cimetière (et à qui la Signorina tombe dans les bras)…

Les éléments qui amènent diverses péripéties sont les suivants :
– menteur et voleur dans l’âme, comme tout bon banquier qui se respecte, Lorenzo ne peut pas s’empêcher de magouiller donc de s’attirer des ennemis donc des ennuis
– Sophie qui n’a pas supporté qu’on lui vole son pognon dans l’épisode précédent revient en Italie faire chanter les frères Baglioni car elle a les preuves que la banque Tolomeï a autrefois causé la ruine de la banque Bardi
– la Signoria est tombée follement amoureuse de Vasco qu’elle a pris pour Lorenzo, ce qui avive la rivalité entre Lorenzo et Vasco, mais ce qui avive également la jalouse de Sophie en pleine crise d’identité
– il se passe des choses bizarres dans les ateliers artistiques, mais comme dans les cosy mystery c’est juste des fausses pistes pour égarer lecteurs et lectrices (force est de constater que c’est mieux fait chez Agatha Christie)

– Ce n’est pas parce que je me préoccupe de la paix de mon âme que j’en néglige pour autant la prospérité des affaires.

Il a quelque chose de touchant avec Léandros qui arrive en bout de course après avoir passé autant d’années à protéger Sophie d’elle-même. La princesse byzantine continue à intriguer et à comploter dans tous les sens pour remettre son père sur le trône, mais ce dernier y a définitivement renoncé depuis les tomes 10 et 11.

Je ne sais pas d’où ça vient, mais les albums développe une vision assez dégueulasse de l’art :
1) on se bat pour avoir les plus beaux tableaux des meilleures artistes juste pour se la péter
2) on planque les œuvres dans musées privées destinés à leur seul propriétaire pour se la péter encore plus
3) les œuvres ne deviennent plus que des objets de spéculation, entreposés dans des entrepôts bunkerisés loin des impôts et des taxes mais tout près de véritables armées privées pour éviter qu’on puisse les subtiliser…
C’est bien la peine que les élites autoproclamées donnent des leçons de morale en crachant leur venin sur les masses populeuses donc dangereuses qualifiés de béotiens / stalloniens incultes donc imperméables à l’art.

Par on sait très bien d’où vient la vision dégueulasse du financiarisme. On est prêt à jeter dans la misère des peuples entier juste pour couler ses concurrents au passages (avec des opération de diversion pour accuser d’autres à sa place) : ça, c’est cette saloperie de crise des subprimes, dont la ploutocratie mondialisée n’a tiré strictement aucune leçon…

Les tomes de Vasco post Gilles Chaillet sont plus homogènes que les tomes d’Alix post Jacques Martin. Luc Révillon a raison de poser son récit en deux tomes, mais cela manque clairement d’ambition. Dominique Rousseau semble de plus en plus à l’aise avec le Moyen-Âge de Gilles Chaillet, et ça c’est cool… Mais l’ensemble manque d’ampleur et d’épaisseur : faut-il continuer la série, quitte à lui donner un virage radical, ou faut-il la terminer, quitte à laisser ses heures de gloire derrière elle ?

note : 6/10

Alfaric

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