David Gemmell

Drenaï, tome 3 :

Waylander

Roman, fantasy / héroïc fantasy
Publié le 2 octobre 2008 chez Bragelonne

Publié en VO en 1986

Le Roi de Drenaï a été assassiné. Une armée d’envahisseurs déferle sur le pays, avec pour mot d’ordre de tuer hommes, femmes et enfants. Mais tout espoir n’est pas perdu. Il repose sur les épaules de celui que la nation surnomme Waylander. Seul, il va s’aventurer en territoire nadir pour retrouver la célèbre Armure de Bronze, symbole de liberté.
Mais peut-on faire confiance à ce Waylander ?…
Après tout, c’est lui qui a assassiné le roi.

J’ai lu tous les Gemmell. Je les ai tous adorés : celui-ci fait exception à la règle ! A mi-chemin entre le western et le péplum, DG se lance grosso modo dans la fantasy à capuche 15 ans avant tout le monde… mais avec beaucoup de maladresses tant sur la forme (action non stop) que sur le fond (deus ex-machina à répétition). Constitué à 90% de scènes d’actions qui s’enchaînent sans aucun temps mort, on peut adorer comme être rapidement saoulé. On peut y voir l’influence des films eighties, mais on peut aussi y voir un roman mal pensé et donc au final mal exécuté. AMHA un DG dispensable et c’est bien dommage car souffle épique et morceaux de bravoure étaient présents quand même.

Dès le prologue des visions, des prophéties, un Elu… S’il cela avait été un autre que Gemmell, je me serais arrêté là ! Et côté psychologie cela évoluent tellement rapidement et radicalement que cela en est presque ridicule :
– Waylander passe de Voleur d’Âmes à preux chevalier en quelques pages
– Dardalion passe de bouddhiste zen à templier vengeur en quelques pages
On retrouvait les mêmes relations dans l’excellentissime western « Le Dernier face à face » où un universitaire tuberculeux se laissait contaminer par la violence d’un hors-la-loi analphabète, lui-même contaminé par l’humanisme de son prisonnier, mais avec une finesse psychologique stratosphérique par rapport à ce roman.

On retrouve le style maladroit des débuts de « Légende » mais en pire : on passe d’une scène à l’autre en alternant action et palabre sans aucune transition, bref cela manque cruellement de liant voire de consistance et je peine à reconnaître l’auteur qui m’a séduit avec ses personnages et ses ambiances douces-amères dans ses oeuvres postérieures (« Lion de Macédoine », « Rigante », « Troie »…).

Quand l’Idiot se voit tel qu’il est alors il n’en est plus un ; et lorsqu’un sage tire un enseignement de sa sagesse alors il devient idiot.

La quête de l’Armure de Bronze en territoire nadir ressemble à s’y méprendre à une aventure western : c’est très cool ! le siège de Dros Purdol fait alterner moments d’héroïsme et moments de désespoir : c’est très cool ! Mais si les 2 fils directeurs se laissent bien lire séparément, ils forment un tout plutôt brouillon et décousu… Sans parler de l’épilogue qui m’a laissé comme celui de « Qushmarrah » de Glen Cook un goût amer : on a l’impression de passer à côté d’une grande saga qui n’a pas été écrite tant les pistes ouvertes semblaient prometteuses.

Il y a une foultitude de personnage secondaires assez intéressants (on retrouvera quasiment tel quel les trouffions de Dros Purdol dans « Troie » où les soldats thraces ressemblent beaucoup aux soldats vagrians) : c’est assez frustrant qu’ils n’aient pas été développés car l’auteur préfère se concentrer sur un Dakeyras en pleine crise d’identité mais ce dernier n’est qu’un prototype de Jon Shannow (nettement plus travaillé et donc nettement plus abouti).

Pour le reste la magie gemmellienne fait quand même son oeuvre : embuscades, escarmouches, poursuites et cavales, infiltrations et assassinats, batailles et sièges désespérés… avec ici et là des pépites d’humanité qui tirent la larme à l’oeil. Ce qui m’a bien soûlé par contre c’est tous ces quasi deus ex-machina pour dénouer les pétrins dans lequel l’auteur fourgue régulièrement Waylander qui nous font dépasser la frontière de la suspension d’incrédulité !!!

Le livre accuse son âge non dans l’absolu mais dans sa position dans la bibliographie de l’auteur : dans la même niche, « Loup Blanc » par exemple lui est nettement supérieur sur tous les plans ! Mais c’est peut-être aussi l’esprit d’une époque (le livre est sorti en 1986) : je retrouve dans ces premiers Gemmell le manga « Hokuto no Ken » avec son univers violent et désespéré où les assassins vengeurs alternent bastons et palabres pour défendre la veuve et l’orphelin, rétablir la paix et la justice sur terre tout en trouvant la rédemption dans les bras de leur dulcinée !
Sans parler des méchants qui se sacrifient pour le gentil et des femmes au fort caractère piégée dans le rôle réel ou symbolique de demoiselles en détresse…

note : 9,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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