Thierry Gloris (scénario)
Jacques Lamontagne (dessin)

Wild West, tome 2

Wild Bill

(pour public averti)

 

Bande dessinée, histoire / western
Publiée le 05 mars 2021 chez Dupuis

Quand Wild Bill Hickok croise la route d’une gamine traumatisée et perdue, il n’imagine pas jusqu’où le mènera cette rencontre. Emu le chasseur de prime s’engage à retrouver les desperados qui ont massacré sa famille. Morts ou vifs. Rien ni personne ne peut s’interposer entre Bill et ses proies. Quiconque s’y frottera se retrouvera six pieds sous terre. Mais le destin est joueur. Un grain de sable grippe l’implacable mécanique : Calamity Jane.

Ce tome 2 intitulé Wild Bill commence par un pistolero solitaire et trois manteaux : dans les les trois manteaux il y avait trois hommes, et dans les trois hommes il y a avait trois balles… C’est ainsi que l’excellent Thierry Gloris qui touche à tous les thèmes sur tous les tons avec talent rend hommage à l’immense Sergio Leone (et bien évidemment à son compère Ennio Morricone). Mais plus que le western spaghetti, c’est le western humaniste qui est à l’honneur avec des clins d’œil multiples à Little Big Man, Danse avec les Loups ou Le Soldat Bleu… Le scénario, la narration et les textes sont vraiment très bons, et les dessins de son très bons également, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils auraient pu être encore meilleurs !

Le récit est divisé en deux points de vue :

– d’un côté nous avons Wild Bill Hickok qui a consacré sa vie à l’exercice de la justice, qui a dû faire profit après avoir gravement offensé l’ego de la riche et célèbre famille Custer, mais qui honneur oblige reprend du service pour traquer jusqu’au bout du monde les assassins sans pitié qui ont fait de la petite Ingrid une orpheline

– d’un côté nous avons Martha Cannary femme travestie en homme pour que l’armée la protège de l’injustice du monde, avant de devenir Joli Calamité « blanche » travestie en « rouge » qui grâce à Beau Cerf et Fleur Amère découvre un monde où liberté, égalité et fraternité sont encore supérieurs aux impératifs financiers

Le destin va les rassembler, mais pas assez longtemps pour qu’ils puissent empêcher leur pays de devenir le QG de la crevardise. Ah s’il en avait été autrement, quels États-Unis d’Amérique ensemble ils auraient pu créer !

Où qu’il aille… l’homme corrompt tout.

Nous sommes au Nord-Ouest des États-Unis, là les hommes prétendument civilisés ont repoussé les Amérindiens prétendument sauvages. Les huiles de Washington ne respectent aucun des traités qu’il sont signés, laissant des braconnier massacrés des bisons par millions et ne fournissant pas les denrée promises en réparation. Le but est de faire crever de faim les Amérindiens pour qu’il n’ait même plus la force de se défendre : on appelle cela un génocide, mais les États-Unis leader du monde du libre n’ont jamais été avare d’actes inhumains contraire à toutes les conventions humaines. Pour ne rien gâcher, par divers intermédiaires ils leur vendent très cher de vieilles pétoires de la Guerre d’Indépendance pour se faire de l’argent de poche au passage. D’ailleurs certains ne se privent pas de trahir leurs compatriotes en jetant de l’huile sur le feu, histoire de hâter la distribution des dividendes de la malédiction…

ATTENTION  SPOILERS C’est toute une partie d’un pays qui est à feu à sang, soldats, colons et voyageurs risquant leur peau à chaque moment. Mais élites autoproclamées en ont rien à secouer, puisqu’un jackpot les attend à la clé. Mais si certains ne pensent qu’au pognon facilement gagné quitte à perdre leur humanité, d’autres n’ont pas oublié qu’être humain c’est d’abord et avant tout prendre soin de son prochain. C’est ainsi que le chef Nuage Rouge et le lieutenant colonel Edward- Wynkoop parviennent à signer un nouveau traité de paix. FIN SPOILERS

Qui sème le sent récolte la tempête. A force de diviser pour régner, la peur et l’ignorance finissent par s’imposer : dans chaque camp les fanatiques et les extrémistes veulent leur revanche. Et quand on découvre de l’or, que font les gens prétendument supérieurs face aux gens prétendument inférieurs dans une une civilisation qui a fait de l’avidité la vertu la plus glorifiée ? Va te faire foutre Adam Smith, va te faire foutre l’hypercapitalisme, et va te faire foutre l’ultralibéralisme ! Au bout du bout c’est du sang et des larmes pour tout le monde avec des crimes contre l’humanité, mais quel Monde De Merde !!!

note : 8+/10

Alfaric

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