Nicolas Hervoches (scénario)
Gwendal Lemercier (dessin)
d’après Jules Verne

Alias Nemo, tome 1 :

Prince Dakkar

Comics, 
Publié en VF le 16 avril 2019 chez Graph Zeppelin
Publié en VO le 28 juin 2016 (« White Sand I »)

1840. Alors que l’armée privée de la compagnie britannique des Indes orientales occupe son pays, le Prince Dakkar, héritier de l’empire Marathe, voyage en Europe. Admirateur de La Pérouse, pacifique, curieux de tout et particulièrement des « bateaux sous-marins », il ne sait pas encore que le Destin fera de lui le cauchemar des Anglais, et qu’il sera bientôt connu sous le nom de Capitaine Nemo.

Le créateur est parfois dépassé par sa créateur : combien d’auteurs se sont faits débordés et dépasser peur leur œuvre. Et là on parle de Jules Verne, le précurseur de la Science-Fiction qui a fait rêver des des millions et des millions de lecteurs. Comment pouvait-il savoir que son mystérieux Capitaine Nemo et son Nautilus allait être repris par les auteurs et les lecteurs du monde entier ? Non parce qu’au moment où j’écris ces lignes, l’évadé S00999 alias Albator sillonne toujours le vide intersidéral à bord de l’Arcadia avec les mêmes idéaux que le Capitaine Nemo…

Au départ Nemo devait être un noble polonais en quête de vengeance contre l’Empire Russe meurtrier de sa famille et de son peuple. Au final il devient un prince indien en quête de vengeance contre l’Empire Britannique. Voilà comment une œuvre européenne devient un phénomène mondiale ! Et encore une fois on se demande par quelles diableries l’un des auteurs français les plus lus au monde n’a pas plus le droit d’être étudié à l’école française. Sans doute que cela ne parle pas assez de banquiers et de rentiers du XIXe siècle, ou de hauts fonctionnaires et de cadres supérieurs du XXe siècle qui ne savent pas quoi faire de leur vie de merde dont tout le monde se contrefout…

Avant de raconter de quoi ça parle, je vais tout de suite évacuer le principal problème de cet album. S’il a été édité par Locus Solus, c’est un produit Original Watts (donc Chaumont Comics pour ceux qui savent). Et je suis obligé d’écrire que produit fini divisé en trois est précipité. J’adore de le travail du dessinateur Gwendal Lemercier et ici il livre un chouette travail qui ne fait pas numérique même s’il doit l’être quand même. Mais c’est la narration de Nicolas Hervoches qui m’interroge : tout va très vite, trop vite, beaucoup trop vite. Car il y a trop d’éléments qui ne sont pas développés voire qui sont survolés, avec des hiatus qui donnent l’impression qu’il manque un tome entre chaque partie. Et c’est bien dommage, car il y en a des bonnes idées !!!

Nul n’est prophète en son pays.

Prince Dakkar :
Dans une 1ère partie, le Prince Dakkar vient en Europe réaliser un voyage d’étude, assisté par le très pragmatique Azimullah et le très spirituel Kuthumi. Il est abordé par des fidèles de l’Empereur exilé à Sainte-Hélène, à qui il se trouve des points communs avec une passion commune pour le travail de La Pérouse (le « N », retenez bien le « N », ainsi que les allusions à L’Odyssée d’Homère. Puis il rencontre le Chevalier de Fréminville et Monsieur Villeroi, des scientifiques qui veulent faire entrer l’humanité dans une nouvelle ère. Le Prince Dakkar rentre au pays, et se rêve en Laurent le Magnifique indien mécène d’une génération entière de Léonard de Vinci issus du monde entier…

 

Nâna Sahib :
Dans une 2e partie, le Prince Dakkar est revenu au pays pour reprendre son nom et son titre de Nânâ Sâhib, mais le colonisateur anglais fait tout pour lui pourrir la vie juste parce qu’il a des ambitions (et des ambitions il en a avec ses envoyés qui observent la Guerre de Crimée). Vous connaissez la chanson : s’il vous êtes trop indigène vous un dangereux barbare, si vous êtes trop occidentalisé vous une dangereuse Cinquième Colonne…
Chez le Général Wheeler, notre héros trouve son âme sœur en la personne de Margaret, métisse qui préfère qu’on l’appelle Ulrica (histoire d’amour traitée au pas de course pour des raisons que la raison ignore). Mais alors qu’il ne cesse de donner des gages aux Anglais, dans son dos Azimullah lance une guerre de propagande tous azimuts avec du matériel d’impression français. Ce c’est parti pour le sempiternel cycle de la haine oppression / attentats / représailles…

 

Nemo :
Bon là cela va tellement vite et il y a tellement de hiatus que je n’ai pas bien suivi. Alors si j’ai bien compris Azimullah a fomenté une rébellion qu’il a lui-même radicalisée et chauffée à blanc pour que les pires massacres répondent aux pires massacres, histoires de trahir un camp pour un autre au moment le plus lucratif pour son compte en banque. Dans tout cela notre héros est le dindon de la farce porté par des révolutionnaires dont il est plus le prisonnier que le guide (remember Dune, les vrais savent !)
Azimullah qui veut être sûr d’effacer toutes les traces de tous ces crimes, conseille à notre héros de se suicider en se faisant sauter avec la poudrière. Pas de chance pour lui, faut de preuve sa mort sa tête est mise à prix à 50000 roupies. Nous suivons ainsi la cavale de « Nemo / Personne » (le Prince Dakkar) pour échapper à la malédiction de « Polyphème » (l’armée britannique), fils de « Poséidon » (cette saloperie de sea power anglo-saxon)…

 

ATTENTION ZONES SPOILERS C’est alors que le récit bascule dans le fantastique et la Science-Fiction avec plein de clin d’œil lovecraftien. Pour ne rien gâcher, on passe de l’ironpunk de l’introduction au steampunk de la conclusion. Kuthumi enfant de Kali repenti fait de notre héros son héritier et se sacrifie pour lui confier le secret de la super-science du défunt peuple de Kalinga. Why Not ? On nous bassine avec la super-science de l’Atlantide depuis Platon, alors que les Cités-États de l’Indus avaient il y a 5000 ans des routes goudronnées et le tout à l’égout (ce que certaines rues de Paris n’ont plus depuis que la prétendu écoféministe Anne Hidalgo dirige la prétendue Ville-Lumière) FIN SPOILERS

 

Moi Nemo, j’adore, j’adhère (#Albator). Là on a on potentiel de ouf, mais il faut absolument que le scénariste ordonne bien ses idées pour poser sa narration. J’exagère sciemment, mais cela serait con de passer de chef-d’œuvre à nanar…

note : 7,5/10

Alfaric

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