Lincoln Child

La Bête d’Alaska

Roman, fantastique / horreur
Publié en VF en 2016 chez Flammarion
Publié en VO en 2009 chez Doubleday Books (« Terminal Freeze »)

La réserve naturelle fédérale d’Alaska est une terre particulièrement dangereuse et inhospitalière. Pour le paléoécologiste Evan Marshall, l’expédition qu’il dirige pour étudier les effets du réchauffement climatique est majeure pour la science. Installés dans une ancienne base militaire sur le Mont de la Peur, son équipe fait une étonnante découverte : un gigantesque animal préhistorique conservé dans la lave et la glace. Malgré la défiance des Inuits qui craignent depuis toujours les esprits de la montagne et en dépit des réserves de Marshall, les sponsors de l’expédition décident de sortir la bête de sa sépulture devant les caméras de télévision. Mais la créature a disparu…

Merci Babelio, merci Masse Critique, merci Ombres Noires !

Au vu du pitch (endroit isolé et inquiétant, combo scientifiques + journalistes + militaires, et mystérieuse créature), je m’attendais à une Série B fantastico-horrifique de 3e partie de soirée (d’ailleurs c’est pour cela que je l’avais sélectionné parmi les autres livres proposés par l’opération). Donc je n’ai été ni surpris ni déçu du contenu car aucun cliché du genre ne nous est épargné : le beau gosse au lourd passé, la belle gosse demoiselle en détresse mais pas trop quand même, les scientifiques geeks qui veulent découvrir le pourquoi du comment, les bidasses persuadés que « si ça peut saigner on peut le tuer » (remember Predator), les pseudo baroudeurs ravis de vivre une grande aventure dont évidemment ils ne sortiront pas vivants, le vieux sage indigène qui sait et qui veut avertir les hommes civilisés de leur folie, l’intriguant blanc qui sait lui aussi mais qui ne dira rien à ses confrères WASP car il a d’autres objectifs en tête que la survie de ses compagnons… et l’arme secrète retrouvée juste à temps pour affronter la créature, ainsi que la grosse exploz finale …

Ah ça on est proche du nanar avec des explications scientifiques qui séparément sont déjà assez fumées, mais qui réunies mettent carrément la suspension d’incrédulité à rude épreuve : un refroidissement climatique instantané, un être vivant surgelé en état de vie suspendue, une glace de type inconnu qui fond en dessous de 0°C, l’Effet Callisto qui génère une créature échappant totalement aux lois de l’évolution… On se dit tout du long qu’une créature alien aurait été beaucoup plus simple, et effectivement à la fin on nous explique que ATTENTION SPOILERS Oui c’est clair que la Professeur Logan, caricature de Douglas Preston ancien compère de l’auteur, multiplie les cachotteries, et que comme nous sommes dans un univers étendu il faudra lire les autres ouvrages de l’auteur pour savoir pourquoi il a relié les secrets du Mont Cassin à ceux du Mount Fear grâce aux archives secrètes de Washington FIN SPOILERS

Après les reprises de Relic / Superstition sont de bonne guerre, mais force est de constater que la créature ressemble assez voire très fortement, parfois jusque dans les situations mises en scènes, avec celle du film Outlander sorti un an avant ce livre…

Dans une expédition scientifique, quelqu’un jouait systématiquement les Cassandre. Le biologiste Wright Faraday, avec son érudition prodigieuse, sa vision pessimiste de la vie, ses théories funestes et ses prédictions effarantes, endossait ce rôle à merveille.

Le truc qui fait vraiment la différence avec le roman de gare, c’est le dézingage en bonnes et dues formes de la caste médiatique car les geeks (les têtes) et les bidasses (les jambes) doivent faire front commun contre les Ken / Barbie info issus de la Rupert Murdoch Academy persuadés que puisqu’ils déforment la réalité à longueur de temps ils n’y sont pas soumis (ah ça, on se passerait bien des journalopes des merdias) ! Parmi les nombreuses victimes de la créature, nous retrouvons donc la diva narcissique qui ne jure que par les prime times, la secrétaire corvéable à merci, le réalisateur mégalomane qui ne jure que par les director’s cuts, l’agent juridique qui se prend pour un ponte de la CIA, les assistants divers et variés ravis de se situer au-dessus du commun des mortels, mais aussi les caméramens snipers, les employés syndiqués qui rouspètent en permanence et les employés non syndiqués forcément exploités… Si l’auteur a dézingué avec la même férocité les grenouilles de bénitier yankee, je comprends mieux pourquoi les milieux christianistes lui en veulent autant !

L’écriture est dans le plus pur style des ateliers d’écritures américains. C’est efficace et sans fioriture, fluide car facile et rapide à lire, limite page turner avec un bon ratio dialogue / description / introspection, mais terriblement impersonnel pour ne pas dire interchangeable… Le livre-objet est assez réussi, du coup l’illustration de couverture moyennasse et la grosse faute de typographie dans le titre font quand même mauvais genre…

note : 6/10

Alfaric

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