Fabien Nury (scénario)
Matthieu Bonhomme (dessin)

Charlotte impératrice, tome 2 :

L’Empire

Bande dessinée, histoire / 19ème siècle
Publiée le 12 juin 2020 chez Dargaud

Depuis son mariage avec Maximilien d’Autriche, Charlotte va de désenchantements en désillusions. Sa vie conjugale réduite à néant, elle mise son va-tout sur la couronne du Mexique. À leur arrivée à Veracruz, le couple impérial découvre un pays exsangue, bien loin d’être pacifié par les troupes françaises. Ils doivent faire face à la défiance des élites locales bien décidées à tirer parti de la faiblesse de caractère de Maximilien pour préserver leurs intérêts.

Charlotte impératrice est une série historique consacrée à la confrontation de l’Âge des Rois et de l’Âge des Masses, ou plutôt l’histoire romancée des derniers feux de l’Ancien Régime (un peu comme Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa adapté en film par Luchino Visconti). Les auteurs auraient pu s’étendre sur Sissi et François-Joseph les derniers souverains d’Autriche-Hongrie, mais ils n’ont pas choisi la facilité en racontant la vie de Charlotte de Belgique et de Maximilien d’Autriche qui après la révolution italienne se prennent la révolution mexicaine en pleine face…

Le Mexique si loin de Dieu si près des États-Unis est déchiré par une guerre sans fin entre l’armée invincible et la guérilla indestructible. Ce sont des Mexicains désespérés qui accueillent Maximilien et Charlotte comme des sauveurs. L’empereur déconnecté de la réalité va vite retrouver de vieilles passions, à savoir l’alcool et le sexe, et l’impératrice confrontée à la réalité va vite se découvrir de nouvelles passions, à savoir l’équité et la justice. Mais si les premières sont sans fond les secondes sont sans fin !
Que faire contre le suprématisme de l’empereur ? Que faire contre le suprématisme du gouvernement ?
Que faire contre le suprématisme des aristocrates ? Que faire contre le suprématisme des bourgeois ?
Que faire contre le suprématisme de l’Armée ? Que faire contre le suprématisme de l’Église ?
Que faire contre le suprématisme des Blancs qui méprisent les métisses ?
Que faire du suprématisme des métisses qui méprisent les Indiens ?
Bref, que faire du suprématisme des riches / forts qui méprisent les pauvres / faibles ? (remember la scène d’introduction d’Il était une fois la révolution ou des merdes dans des bas de soie vomissaient toute leur haine des gueux et des manants auxquels vous et moi appartenons de fait dans leur vision verticale du monde)

Les peuples coloniaux sont comme des enfants, ils doivent aimer leur mère et craindre leur père.

Grâce à l’aide de son fidèle Eloin, Charlotte / Carlota, personnage historique que Fabien Nury transforme librement en héroïne romantique, humaniste et universaliste, commence à jouer à game of throne en opposant l’armée à l’Église, la France aux États-Unis, quitte à tirer parti des vices des uns et des autres. Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous (OMG la ploutocratie mondialisée reagano-thatchéro-macronienne s’étrangle de rage), donc elle s’engage à réformer à tour de bars pour améliorer la vie de tous les Mexicains.
Mais Charlotte / Carlota vit d’abord et avant tout un drame personnel : délaissée par un mari débauché, sa chair est faible et les désirs qui s’expriment au cœur de la nuit pourrait bien la conduire aux frontières des la folie… Et alors qu’elle commence à espérer Maximilien / Maximiliano revient pour tout gâcher ! To Be Continued !!!

Franchement un bel album de 75 pages maîtrisé de main de maître par Fabien Nury aussi bon scénariste que dialoguiste, Matthieu Bonhomme dont les dessins qui alternent douceur et raideur collent parfaitement au sujet, et Delphine Chedru qui colorise un Mexique entre ombres, lumières et poussières… Il ne manquait que les tirades de Juan Miranda et John H. Mallory sur la tyrannie et la révolution et cela aurait été parfait !

note : 8,5/10

8Alfaric

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