778. Charlemagne, conquérant des royaumes germaniques, souhaite désormais s’établir comme véritable « Défenseur de la foi du Christ ». Face à l’Empire Islamique, il veut mettre en place une nouvelle ligne de front au sud des Pyrénées. Les troupes du plus puissant monarque que l’armée des Francs n’ait jamais connu se dirigent alors vers Saragosse dans le but de soumettre la grande ville du nord hispanique. Mais, trahi par les Sarrasins une fois sur place, la furie de Charlemagne le pousse à commettre l’erreur de sa vie.
La geste carolingienne est aussi riche sinon plus que la geste arthurienne, mais hégémonies anglaise puis américaine obligent l’un a quasiment évacué l’autre de l’imaginaire. Comble du comble, il aura fallu un auteur anglais pour tenter de réconcilier les deux en réalisant un récit d’action centré sur un « buddy movie » autour d’un prince mérovingien et d’un héros arthurien (David Gemmell, les vrais savent). Alors peut-être que les choses sont enfin en train de changer avec les romans de Patrick McSpare, ou cet excellent récit BD en 2 tomes !
Sur la forme tout commence en intérieur de couverture avec une magnifique carte de l’Europe et de la Méditerranée au VIIIe siècle après Jésus-Christ. Puis on enchaîne avec un magnifique panoramique en double page du col pyrénéen où va se dérouler le drame. Et quand le récit démarre c’est du bonbon pour les yeux : oh mon dieu, Roland on dirait un personnage dessiné par Enrico Marini qui ici déambulerait dans des cases à mi-chemin entre le travail de Philippe Xavier (Croisade, Conquistadors, les vrais savent encore) et celui d’Eric Bourgier (Servitude, les vrais savent toujours). Est-ce qu’après les artistes italiens les artistes espagnols vont faire les beaux jours de la BD franco-belge ? Non parce qu’après Juanjo Guarnido, Mateo Guerrero ou Alex Sierra, voici que déboule Juan Luis Landa qui lui aussi possède un talent fou !!!
Dieu, en créant le monde, ne nous préserva pas de la haine et de la rancœur, fruits de l’ignorance et de la superstition. Ces péchés qui mènent l’homme sur le chemin de la guerre.
Sur le fond tout commence dans une Saxe hivernale dans laquelle le maître du Regnum Francorum a apporté la religion du Christ par la violence en mettant la région à feu et à sang. Il est sollicité par l’Emir de Saragosse en guerre contre le Calife de Cordoue souhaite changer de suzerain (pour lui mieux vaut un maître au bord du Rhin qu’un maître au du Guadalquivir).
Côté franc Charlemagne se croit investi par Dieu pour rétablir l’Empire Romain et il est sans cesse en guerre contre les Aquitains, les Bretons, les Lombards, les Bavarois ou les Saxons. Côté musulman ce n’est guère mieux entre l’implacable chef omeyyade Abd al-Rahman, le rusé émir Soliman ou le fourbe gouverneur Hussein (un chien de Yéménite, fils d’une hyène et d’un scorpion). L’empereur à la barde fleurie est pire qu’une main de fer dans un gant de fer : tout n’est qu’obligations, réquisitions, menaces et prises d’otages. Alors que les combats font rage aux portes de Saragosse, il ne sait pas quelles forces il a réveillées au Pays Basque ! To Be Continued !!!
Et Roland dans tout cela ! C’est une vraie tête brûlée et sa relation avec son souverain est pleine d’ambiguïté : ils se ressemblent trop pour ne pas se lier, mais impossible de savoir s’ils se respectent ou se haïssent… La légende a fait du chevalier le neveu de l’empereur, mais personne ne s’est posée la question d’une telle postérité en sachant que tout le monde savait que le frère et la sœur de l’empereur n’avait pas eu de descendance. Je vous laisse la surprise de la découverte du parti-pris de l’auteur…
note : 9/10
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