Dan Abnett
Rob Sanders
John French
Nick Kyme
Nik Vincent
David Annandale
Aaron Dembski-Bowden
Matthew Farrer
d’après Dan Abnett

La Croisade de Sabbat

Nouvelles, science-fiction / horreur
Publié en VF le 19 octobre 2015 chez Black Library
Publié en VO le 18 août 2015 chez Black Library (« Sabbat Crusade »)

Pendant un millier d’années, les forces du Chaos ont régné sur les Mondes de Sabbat, et maintenu l’Imperium à l’écart de ces territoires qui lui reviennent de droit. Mais à présent, une immense croisade a été lancée sur le secteur afin de rétablir l’autorité de l’Empereur. Les space marines des Iron Snakes se lancent à l’assaut d’enclaves aux mains des hérétiques, alors que les forces de l’Astra Militarum défendent d’innombrables planètes contre les attaques incessantes des Puissances de la Ruine. Les forces ennemies, dont font partie le Pacte du Sang et les Fils de Sek, se battent entre elles pour décider qui aura l’honneur d’affronter en premier les troupes impériales. Et à la pointe de la lance des forces humaines, Le Premier et Unique de Tanith du Colonel-Commissaire Gaunt ouvre la voie de la reconquête…

Dan Abnett est très prolifique et très régulier. Il arrive à la fin de sa série phare, Les Fantômes de Gaunt, et comme pas de ses collègues puisqu’il avait du retard il a un peu triché. En effet, il édité une anthologie dont la plupart des nouvelles se situent entre les tomes 13 et 14. Le recueil alterne textes de son cru toujours très courts, puisqu’il est à la bourre, et textes de ses amis de l’écurie de la Black Library :
1) les nouvelles peuvent se lire indépendamment, mais elles dégagent évidemment toutes leurs saveurs quand on connaît déjà l’univers et les personnages
2) Dan Abnett est un sacré fumier, car il a semé des petits cailloux blancs dans chaque nouvelle pour nous amener vers les twists dramatiques oufissimes des tomes 14 et 15 qui feraient passer Game of Thrones pour un tome de Oui-Oui ou de Tchoupi !
3) à cause de nombreuses déceptions et désillusions réalisées par des tâcherons, je me suis toujours superméfié des œuvres franchisées vers lesquelles je suis toujours aller à reculons, mais ici je n’ai pas grand-chose à redire sur les textes car c’est de la bonne came sur le fond comme sur le forme (le traducteur Anthony Debot n’a pas dû chômer !)
4) il n’y a rien à jeter tout est bon, et cela me fait de la peine à dire que parce qu’on est dans un ouvrage de circonstances bricolé à la hâte alors que pas mal de recueils qui se veulent vachement sérieux peuvent contenir jusqu’à moitié de textes moyens voire médiocres (d’habitude c’est un moyen pour moi de trier le bon grain de l’ivraie, mais là je n’ai que des auteurs à découvrir ou à redécouvrir)

 

Dan Abnett, Familles : 6 jours après le départ de Salvation’s Reach

Une petite nouvelle toute simple reposant uniquement sur des dialogues et les sentiments humains. Kol Goléa a appris qui étaient Dalin et maintenant c’est Dalin qui a appris qui était Kol Goléa : après tellement de temps, ils se savent plus comment gérer les liens du sang et c’est autour d’une repas de famille que bien des malaises se dissipent…
Sauf que Dan Abnett a commis une bourde dans son relationship drama, et que sa méthode à lui c’est de réparer ses erreurs en les transformant en epicness et en tragicness to the max. C’est un dessin de Yoncy 13 ans qui va faire qui les plonger dans le sang et les armes, et qui sait fait peut-être basculer d’un côté au de l’autre l’affrontement du Bien et du Mal dans les Mondes de Sabbat ! (Dan Abnett je te hais d’infliger tant de drames à tes personnages comme à ton lectorat !!!)

 

Rob Sanders, Liés par le sang : Cité de Plethorapolis sur la planète Valens 160

Le seigneur de guerre hérétique Sholen Skara doit être transféré pour interrogatoire au commissariat politique, mais il s’est évadé (ou plutôt on l’a fait évadé). Il doit être capturé à tout prix, et c’est à Porphyrian de l’escouade Orpheon des Iron Snakes qu’on confie la lourde tâche de le ramener vif si possible, mort si nécessaire…
Ils remontent rapidement sa piste qui mène sur Valens 160, la planète la plus proche de son lieu d’évasion, et quand ils atterrissent à la ruche capitale Plethorapolis ils débarquent en enfer ! Le terrain préparé depuis longtemps par les Kiths, ses cultistes personnels, il a eu tout le temps nécessaire pour jouer à Thulsa Doom : parfois toute la force du monde ne peut rien, et que peut l’acier contre la chaire animée par un esprit fanatisé ?
ATTENTION SPOILERS C’est une véritable marée humaine que doivent traverser les membres de l’escouade Orpheon, jusqu’à être ensevelis vivants par les exaltés qui utilisent leurs propres corps comme armes en sautant par les fenêtres des immeubles… Porphyrian est un héros, et va accomplir l’impossible pour remplir sa mission (un John Rambo ne lui arriverait même pas à la cheville). Mais à quoi bon ? Il déjà trop tard, puisque l’Imperium vient de perdre un autre monde… FIN SPOILERS
On va à l’essentiel dans un récit court, sale et violent certes, mais haletant dès qu’est terminée la phase enquête qui sert de mise en place.

 

Dan Abnett, On ne Sait Jamais : 9 jours après le départ de Salvation’s Reach

Encore une fois, une petite nouvelle toute simple reposant uniquement sur des dialogues et les sentiments humains. Je ne sais pas si Dan Abnett possède aussi la casquette de dramaturge, mais il maîtrise ce média là aussi… Le Sergent Varl et Mabbon Etogaur rejoue l’éternel lutte du gardien et du prisonnier : le repenti a beau dire qu’il s’est rendu de son plein gré et qu’il n’a aucune volonté de s’échapper, le geôlier continue sa routine quotidienne parce qu’« on ne sait jamais » ! Mais il se surprend à plaisanter et à sympathiser avec un triple traître, et le transfuge commence à entamer le long chemin qui le ramènera au sein de l’humanité…

 

John French, Fils de Sek : 5 ans auparavant, Cité de Sartusa sur la planète Cabale Epsilon

Qu’est-ce qui peut détourner un homme de la foi en l’empereur et le faire servir un monstre comme Anakwanar Sek ? Passer d’humain à inhumain, puis d’inhumain à humain : celle nouvelle est le miroir de la précédent, et John French jongle avec les mots pour nous raconter le parcours d’un individu vers le Côté Obscur. Le narrateur fait de la poésie noire en prose en mélangeant allègrement passé, présent ou avenir : nous sommes dans un récit d’ambiance, et ça doit être court, ce qui est le cas ici, sinon cela peut vite devenir insupportable. On suit donc le déshumanisation puis la radicalisation d’un être auquel le fanatisme offre un échappatoire au désespoir. Et on fait un pied de nez aux bobos : ici l’artiste maudit est un prolo, et la victime devient bourreau à cause de l’éternelle lutte des classes. Le narrateur est-il ou n’est-il pas celui qui aujourd’hui est nommé Mabbon Etogaur ?

 

Nick Kyme, Tempête : Cité de Titus sur la planète Lotun

Dans la saga, les Volponiens aristo sont un peu les rivaux des Tanith prolo, et les premiers fiers de leur supériorité n’hésitent jamais à rappeler aux seconds que eux ils ont su protéger leur planète au lieu de filer la queue entre les jambes…
Mais ici Nick Kyme nous montre que les Volponiens ne se comportent pas mieux en eux. En pleine guerre urbaine, le Tempestor Prime Ardal charge le major Regada de localiser le QG ennemi, à charge pour ses hommes de débusquer le leader adverse. Et pour confirmer sa présence, ils doivent escorter le télépathe Juba Klaye sur le champ de bataille. Sauf que c’est un gros traquenard et les monstres humains et inhumains rôdent !
ATTENTION SPOILERS Le télépathe s’avère être un psyker de Classe Alpha, ce qui veut dire qu’en face il y a une abomination psionique encore plus puissante. Et c’est là que la Faucheuse Noire sort de sa planque avec la Brigade de la Mort du Pacte de Sang. Le Major Regada assiste impuissant au massacre de ses hommes alors que son supérieur fait monter au front ses propres troupes pour récolter tous les lauriers (sauf qu’eux aussi il se font méchamment botter le cul !). Au cœur de la folie le lieutenant Culcis essaye de sauver ce qui peut l’être avec le second lieutenant Fenk dont il a sauvé la vie la veille. Ce qu’il ne sait pas c’est que si Dexter Morgan était victime du « passager noir », son protégé est lui victime de « l’hôte gris ». Autrement dit c’est un serial killer devenu soldat pour assouvir légalement ses pulsions de mort, et que quand il n’y a pas d’ennemis il s’en prend à ses amis pour avoir sa dose. Mais là il se chie dessus que le télépathe le démasque, et il guette le meilleur moment pour le réduire au silence alors que ce dernier est leur seule et unique seul de sortir vivant de l’enfer dans lequel ils sont tombés… FIN SPOILERS
C’était vachement bien !

 

Nik Vincent – Abnett, Veuvage : 6 jours après le départ de Salvation’s Reach

Au début j’ai cru qu’on avait nous faire le coup de Landru dans l’Espâce, mais finalement c’est peut-être encore pire que cela car le serial killer français a trop longtemps été un arbre qui cachait la forêt. La compagne de Dan Abnett emprunte ses jouets pour aborder le douloureux et lancinant problèmes des violences faites aux femmes.
Harjeon est un sociopathe, pire un pervers et un sadique. Il s’écrase face aux forts, et se venge en se défoulant sur les faibles. Sauf que comme il est resté en bas de la hiérarchie, il n’a personne en dessous de lui sur qui décharger sa haine de lui et sa haine des autre. Mais il trouvé la faille parce que les autorité n’ont jamais respecté l’humanité. Autrefois l’armée romaine ne payait même la tombe de ceux tombés au combat pour elle, donc chaque soldat tombé au champ d’honneur laissait derrière lui une famille officieuse à la charge d’elle-même ou de ses camarades de chambrée. On a fait des progrès avec les pensions de guerre, mais encore faut-il être passer par la casse mariage pour la toucher ce qui laisse encore sur le carreau des familles entières… Harjeon a monté une arnaque au veuvage en permettant aux femmes non mariées de toucher une pension après la mort de leur compagnon : comme un proxénète il touche un gros pourcentage, et comme elles ne peuvent rien dire c’est comme cela qu’il s’est constitué une écurie de punching balls pour assouvir ses bas instincts masculins… Ana Curth femme médecin voit défiler jour après jour ses victimes, mais les autorités en ont rien à secouer d’autant plus que la loi du silence ne joue pas en faveur des victimes.
Sauf qu’avant d’épouser le capitaine Ban Daur, grièvement blessé et mutilé lors de l’Opération Salvation’s Reach, Élodie était « hôtesse » dans un « tripot » et que la souffrance des petites gens lui est insupportable. Elle décidé donc de mener son enquête sur le malaise qui transpire de la communauté féminine du Premier et Unique de Tanith !
ATTENTION SPOILERS Mais elle démasquera le coupable trop tard : Harjeon s’est lâché plus que de raison sur une énième victime morte sous ses coups… C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : les femmes deviennent Colère, les victimes deviennent juges et bourreaux et c’est des Némésis qui effectuent un lynchage en bonnes et dues formes. Quand Harjeon lardé de coup de couteaux arrive sur la table d’opération d’Ana Curth qui n’a pas réussi à sauver celle qu’il a tabassée à mort, cette dernière n’hésite pas une seconde à rompre le serment d’Hippocrate pour l’empêcher de nuire à tout jamais ! Sic Semper Tyrannis !!! FIN SPOILERS
Et ben dis donc, en ces temps où les bobos néocons regrettent le bon vieux temps où tout le monde fermait sa gueule ça fait du bien un récit coup de poing !

– Où sont vos hommes ?
– Sur le terrain.
– Les miens aussi. La différence, c’est que les miens sont en train de mourir. »

David Annandale, Les Plaies les Plus Profondes : planète Lycotham Gamma

L’Opération Salvation’s Reach ayant pour but de foutre la merde entre les chefs ennemis a porté ses fruits (c’est stratégie dite des « guerres astérixiennes »). Nous suivons une expédition punitive commandée par Seddok Etogaur contre une installation d’Anakwanar Sek rival et challenger de son chef Urlock Gaur. Il pense faire un exemple édifiant pour faire rentrer les infidèles dans le rangs. Mais c’est l’arroseur arrosé : arrivés au sommet de l’installation ils s’aperçoivent qu’ils sont tombés dans un piège et le tir au pigeon devient une course contre la montre… Leq premiers arrivés en bas pourraient peut-être sauver leur peau, mais bientôt c’est plutôt à celui qui emmènera le plus d’ennemis en enfer avec le lui. The Raid redux ? Dans tous les cas un petit survival entre méchants qui ne se refuse pas !

 

Dan Abnett, Fantômes et Ombres Maléfiques : 21 jours après le départ de Salvation’s Reach

Le Highness Ser Armaduke doit se ravitailler, et il fait escale sur le monde tropical d’Aigor 991 pour se servir en carburant et en munition dans un dépôt secret de l’Impérium. Le commando mené par Kol Golea ouvre la marche, ce dernier est remonté comme un coucou et tout le monde balance des vannes. Sauf que tout le monde se met à voir des ombres maléfiques et à entendre des voix. Ils ont tous lu H.P. Lovecraft, mais pas de bol ils sont dans un slasher et lecteurs et lectrices ont droit à un jump scare ! Quel dommage que la nouvelle soit trop courte pour que l’auteur ait le temps de développer son chouette hommage au film Predator… Kol Golea doit sauver ses hommes de la Voix de Sek (et oui comme c’est la guerre civile chez les méchants, on dégaine les jokers, les super-assassins et les Armes de Destruction Massive), et s’il parvient à effectuer une retraite stratégique c’est uniquement grâce au don de prescience de l’un de ses proches. S’il a aussi vite rassembler les pièces du puzzle, c’est qu’il connu un autre proche doté du don de prescience, et que ce dernier a connu un sort pire que la mort entre les mains de l’Inquisition…
Kol Golea le prolo de Cité-Ruche de Vervun n’est plus en guerre, il part en croisade seule contre tous pour sa sauver famille, ses compagnons d’armes du Premier et Unique de Tanith, la Garde Impériale et les Mondes de Sabbat. Lui qui déjà assisté et participé à la chute d’Asphodel l’Héritier lors du Siège de Vervun sur la Planète Verghast sera le personnage centrale de la Bataille d’Urdesh où convergent les forces d’Urlock Gaur et d’Anakwanar Sek pour régler leurs comptes (ou pour en finir avec la campagne de libération désormais menée par le Maître de Guerre Maccaroth)… C’était le préquel du tome 14 des Fantômes de Gaunt : Dan Abnett tu es le meilleur teaseur du monde, mais je vais te haïr à nouveau car tu vas encore faire mourir tragiquement une pelletée de personnages auxquels on est attaché depuis si longtemps déjà ! (car en fait on m’a spoilé, et c’est pire, mais alors là bien pire que tout ce que je craignais ou aurait pu craindre : Dan Abnett tu es le pire des salopards, GRR Martin c’est un petit joueur comparé à toi !)

 

Aaron Demski-Bowden, Arnogaur : cité-forge de Xavec sur planète Urdesh

Urdesh est un monde industriel spécialisé dans la fabrication de tanks, et il convoité par les forces de l’Empire autant que parce celles de l’Hérésie. Les combats font rage avec une rare violence, et c’est sale voire gore… Mais nous suivons l’Arnogaur Nautakah : les tankistes du Strygora ont assassiné leur officier Erec, or l’Archonte Urlock Gaur a décrété que les membres du Pacte de Sang ne doivent jamais tuer d’autres membres du Pacte de Sang.
A la fois juge et bourreau nous le suivons traverser le champ de bataille sans coup férir et balayer tout ce qui lui barre la route pour rendre une justice violente et expéditive ! (c’est un Space Marine renégat du Chapitre des World Eaters : les vrais savent) Passé le prologue nous sommes dans un récit à la première personne, un peu parodie de La Nuit des Généraux et très parodie de Judge Dredd. Et pour ne rien gâcher, c’est bien écrit en plus !

 

Matthew Farrer, Le Roi Héritier : cimetière du delta de Brise-gel sur la planète Ashek II

Un novella cyberpunk sérieuse et stylée, élégante et passionnante, mais pas forcément facile d’accès.
Nous suivons le travail quotidien d’une équipe de chercheurs qui fait de la rétro-ingénierie dans un cimetière de machines de guerres. Sauf qu’il s’agit des créations mortelles du génial Asphodel l’Héritier, le Grand Stratéguerre adverse : les Vers de Cercueil, les Roues Écorcheuses, les Araignées des Gibets, des Gueules-chevalets, les Meutrodontes, les Boules-fléaux, les Brise-Ciel, ainsi que quatre Rois de Pierre considérés comme ses chefs-d’œuvres. Pour s’emparer des forges de la planète industrielle le Docteur Hell de l’auteur s’est lancé dans une guerre mécanique totale obligeant l’Imperium à lui envoyer les légions titaniques pour le stopper :
– le Roi Venimeux a été conçu pour contaminer le plus rapidement possible les populations civiles
– le Roi Corrupteur et ses armes de destructions massives a été conçu pour éliminer des armées entières
– le Roi Marcheur et ses six membres a été spécialement conçu pour détruire les titans de ses adversaires
– mais personne ne sait pourquoi a été conçu le Roi Héritier qui a été neutralisé avant d’être achevé, totalement différent de ses prédécesseurs dans sa forme comme dans ses fonctions
Tout cela on le décrit à travers les travaux de routines de visionnages de données de l’équipe de chercheurs, donc la mise en place du récit est rempli de droit de quota de flashbacks avec des combats entre super-robots que n’aurait pas renié un Go Nagai au mieux de sa forme (Mazinger Z, Great Mazinger, Grendizer / Goldorak)
Mais le cimetière mécanique est le lieu de drôles d’événements : les pénuries deviennent des vols, les pannes deviennent des sabotages, les accidents deviennent des sacrifices, les communications sont brouillées, les processus sont buggés, et il y a cet étrange babil binaire qui sature les ondes… Et puis un soir il y a une attaque suicide de cultistes qui n’est qu’une opération de diversion pour faire parler les Rois de Pierre.

En fait la situation est grave : entièrement dévoués à leur tâche nos chercheurs ne se sont pas aperçus que la guerre a repris sur Ashek II, et que toutes les troupes disponibles se sont déplacées sur la ligne de front. Ils sont donc livrés à eux-mêmes alors que rôdent les cellules de résistances ennemies vouant un culte fanatique aux Rois de Pierre…

C’est là que la bât blesse dans cette novella d’excellente facture. Déjà tout est raconté par des cyborgs post-humains qui ne pensent pas, en parlent pas et n’agissent pas comme des êtres humains d’où un vocabulaire technique et des concepts technologique nébuleux. Ensuite l’équilibre des personnage et le relationship drama sont bancals : on ne sait pas si on suit le personnage principal à savoir le magos Tev Galhoulin car il finit par occuper toute la scène ou si on a un structure en POVs avec par exemple la technprêtresse Ajji, le technogure Daprokh ou le skitarii sans nom qui chaque soir traque les cultistes qui hante le cimetière mécanique… Bref c’est un peu confus, et on est on peu perdu alors que la suite est parfaitement maîtrisée.

Car le nouveau magos fraîchement débarqué d’outremonde agit avec trop de flegme pour être honnête, et on finit vite par le suspecter de collusion avec l’ennemi, voir d’appartenir au Mechanicus Noir au service du Chaos et de vouloir s’emparer du Roi Héritier pour l’offrir à l’archiennemi. Ajji et Daprokh veulent agir en prévenant leur hiérarchie, et là c’est le drame : accrochez vos ceintures la ZONE SPOILERS va être agitée par de fortes turbulences !
Tey Galhoulin a joué au double jeu pour mieux jouer au triple jeu : il n’est pas là pour découvrir la vérité, mais pour l’enterrer. Et parce qu’il a étudié les plus grands secrets du Mechanicus au service de l’Ordre, il est au courant de l’existence des Ordinatus, d’effroyables I.A. ou Intelligence Abominables, des machines de guerre totalement autonomes qui ont été lâchées sur les ennemis de l’humanité et qui sont en fonction depuis des siècles voire des millénaires. Le magos soupçonne Asphodel l’Héritier d’avoir atteint ce niveau de technologie avec le Roi Héritier, encore faut-il que se dévoile un être artificiel programmé pour la survie quitte à simuler sa destruction (car ce qui dort n’est à jamais mort : les vrais savent).

Il a donc délibérément laissé la voie libre à la créature pour savoir jusqu’ou est allé le créateur, et quand elle se dévoile on a un duel mental entre un être humain qui pense comme une machine et une machine qui pense comme un être humain. L’homme contre la machine : on n’avait plus vu ça à ce niveau là depuis Les Berserkers de Fred Saberhagen (vous savez le gars qui a été plagié par James Cameron pour réaliser la saga Terminator)… C’est assez chelou à lire, mais c’est vachement stylé. Et on reprend les mêmes relations qu’entre Eisenhorn et Cherubael : Qui est le maître et qui est l’esclave ? Qui est piégeur et qui piégé ? Et qui pris qui croyait prendre ?
Le chercheur était en fait un enquêteur et il devait découvrir toute la vérité sur les créations d’Asphodel l’Héritier pour mieux la cacher à l’univers tout entier. Tout le monde le soupçonne d’être un transfuge de l’Adeptus Mechanichus de l’Imperium qui a rejoint le Mechanichus Noir pour utilisé les savoirs blasphématoires des Puissances de la Ruine. L’Ordre contre le Chaos, le Bien contre le Mal, il n’y a pas d’autres alternatives : un manichéisme bien utile pour la propagande impériale qui maintient ainsi l’humanité sous son contrôle. La vérité c’est qu’Asphodel l’Héritier n’utilisait ni les technologies du Mechanicus ni celles du Mechanicus Noir : c’était un autodidacte qui a tout découvert ou redécouvert par lui-même, un génie venant de nulle part qui aurait pu grimper tous les échelons de l’Orthodoxie mais qui a rejoint l’Hérésie pour découvrir plus et plus vite. Si jamais l’humanité apprend qu’il existe une troisième voie, périlleuse certes car la voie menant à l’enfer est pavée de bonnes intention (surtout quand on choisit la voie la plus facile et la plus rapide), elle pourrait bien rejeter conjointement le Grand Capital et la Bête Immonde ces deux faces de la même pièce…

 

Nik Vincent – Abnett, La Fissure : Cité-Ruche Sangrel sur la planète Formal Prime

Pour compléter le recueil, la compagne de Dan Abnett exhume un vieux récit, simple mais efficace. Une catastrophe industrielle cause des centaines puis des milliers de mort, à commencer par ceux qu’on a envoyé pour résoudre la crise sans les prévenir de ce qu’il passait et des risques qu’ils encouraient, et plutôt que de régler le problème on l’a enfoui sous le béton… (Tchernobyl, qui a dit Tchernobyl ?)
Mais quelqu’un a fait son devoir pour déjouer l’incurie des autorités en faisant appel aux Spaces Marines du Chapitre des Iron Snakes. Car oui une fissure est apparue, oui c’est une porte entre l’espace et le temps, et quelque chose de l’autre côté a furieusement envie de sortir : c’est baston et démon, épée énergétique vs horreur lovecraftienne. C’est sympa, et la petite touche en plus vient du fait que tout est raconté à rebours lors de la cérémonie funéraire du héros qui s’est sacrifié pour sceller le brèche entre les dimensions.

Dan Abnett, Un Écho Fantôme : Cité-Ruche Sangrel sur la planète Formal Prime

Pour compléter le recueil, Dan Abnett se fait plaisir en écrivant une suite simple mais efficace au récit de sa compagne qui constitue également un préquel à sa série phare. Nous sommes au tout début de la croisade pour reconquérir les Mondes de Sabbat quelque part dans Segmentum Pacificus, le Maître de Guerre Slaydo tente d’établir une tête de pont sur la Planète Formal Prime. Et nous y retrouvons un Ibram Gaunt en rookiee qui accompagne une unité spéciale en reconnaissance souterraine. Ils tombent tous dans une impasse scellé au béton : les survivants d’une équipe d’archéologie leur disent qu’ils s’agit d’un sanctuaire, et demandent aux soldats de la Garde Impériale de faire sauter le mur de béton qui bloque le chemin… Le vieil officier ne se pose aucune question, le jeune commissaire se pose beaucoup de question.s Le mur de béton est là pour protéger, mais quel côté : celui du Côté Clair ou celui du Côté Obscur ?

 

PS: c’est quand même con que l’auteur s’extasie sur la beauté d’une carte qui existe en VO mais pas en VF !

note : 8,5/10

Alfaric

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