Eric Nylund
d’après Bungie Studios

Halo, tome 3 :

Opération First Strike

Roman, science-fiction / guerre
Publié en VF en février 2005 au Fleuve Noir
Publié en VO en 2003 (« First Strike »)

Halo a été détruit, et avec lui la menace qu’il faisait peser sur toute forme de vie dans l’univers. Mais les Covenants continuent leurs assauts sans répit. Heureusement, sur leur route se dresse John 117, le Master Chief, le dernier champion de l’humanité. Tandis qu’une petite équipe de Spartans survivants se rend à la surface de Reach, où le Dr Halsey a découvert qu’un ancien secret pourrait bien changer le cours de la guerre, le Master Chief et Cortana se dirigent vers une flotte massive de vaisseaux ennemis. Car le pire est arrivé : les Covenants ont découvert l’emplacement de la Terre et sont bien décidés à la détruire… ainsi que tous ceux qui s’opposeraient encore à la volonté implacable de leurs Prophètes.

Dans ce tome 3 intitulé Opération First Strike, grosso modo on se retrouve avec le pitch d’un season final de la saga télévisée Stargate (donc on est peu ou prou dans un actioner qui n’a rien de riche et rien de complexe), mais sans tout ce qu’il y a de cool et fun dans cette dernière pour la tirer vers le haut. Pas de description (sauf pour les armes de guerre et les machines de guerre : dans ce domaine on frôle l’overdose), et pas de caractérisation, donc on se retrouve avec des silhouettes difficiles à saisir dans des décors en carton-pâte difficiles à visualiser (et c’est d’ailleurs assez symptomatique qu’on apprenne le prénom de plusieurs personnages dans les dernières pages du roman). Le style est lapidaire et les dialogues utilitaires (à l’image des blagues de beaufs disséminées çà et là pour faire office de comic relief) : on alterne le POV des rescapés de Reach qui cherchent à survivre pour rejoindre la Terre ou à défaut partir en beauté en tuant le plus possible de salauds d’aliens, et le POV des rescapés de Halo qui cherchent à survivre pour rejoindre la Terre ou à défaut partir en beauté, puis les deux groupes se rejoignent et décident de rejoindre la Terre ou à défaut partir en beauté. Quand les soldats demande l’aide des pirates, j’ai cru qu’on allait rompre la linéarité de l’ensemble mais c’est aussitôt amené aussitôt expédié, et puis ce fameux cristal forunner qui déforme le temps et l’espace dont tout le monde veut s’emparer mais qui finalement n’a pas d’incidence dans le déroulement de l’histoire n’est qu’un pure macguffin. Pour remplir les centaines de pages on met donc en scène une série de missions suicides : infiltrer un vaisseau amiral ennemi et s’en emparer en tuant tout le monde, infiltrer une flotte ennemie et réaliser une opération d’exfiltration au nez et à la barbe des aliens avant de tuer tout le monde, infiltrer une armada ennemie pour pénétrer dans une Étoile de la Mort eco+ avant de tuer tout le monde (Syndrome « Tyler et Donovan infiltrent le Vaisseau Mère »).

C’est encore une fois très répétitif, avec des pages et des pages de combats à la chaîne :
Le i-machin windows hack le système pour ouvrir la porte, on avance en tirant au M-16 avant de massacrer la résistance alien avec des grenades à fragmentation, puis le i-machin windows hack de nouveau le système pour ouvrir la porte suivante et on continue d’avancer en alternant M-16 et grenades à fragmentation (à moins que le i-machin windows ne soit bloqué par une « analyse en cours »)… Par contre j’ai trouvé les batailles spatiales assez réussies (mais Eric Nylund passent dans mon parcours de lecteur après Jack Campbell et David Weber, donc il en faut plus pour m’enthousiasmer), et force est de constater qu’on essaye de donner dans l’épique en offrant une destinée tragique à tous les personnages. Mais cela tombe à plat parce que les personnages, on ne sait pas qui ils sont, d’où ils viennent, ce qu’ils veulent et à quoi ils ressemblent tant physiquement que psychologiquement, et pour ne rien gâcher la plupart d’entre eux n’ont pas plus de 3 répliques dans tout le bouquin (certains d’entre eux n’ont d’ailleurs même pas droit à la parole). On essaye d’approfondir les personnages principaux avec l’IA Cortana qui se demande si elle n’est pas en train de glisser vers la folie commune à tous les représentants les plus évolués de son espèce (mais ce n’est pas plus développé que cela), avec Catherine Halsey qui passe de Docteur Mengele à Mère Theresa (mais c’est plus ou moins survolé), et avec le Master Chief soumis à des dilemmes cornéliens (mais comme c’est un boy scout qui n’a jamais discuté les ordres qui lui ont été donnés jusqu’à présent le suspens est pas ouf hein). Et ce n’est pas avec les super-soldats Spartan qu’on va améliorer le relationship drama car ils n’ont que deux réactions : l’enthousiasme à l’idée de réussir une mission, la frustration à l’idée de ne pas réussir une mission…

– Nous allons monter à bord de ce croiseur, en utilisant son ascenseur gravitationnel, et faire exploser les bombes à l’intérieur. Les boucliers du vaisseau stopperont les impulsions électromagnétiques.
– Cela transformera également ce vaisseau en une grenade à fragmentation, la plus grosse de toute l’histoire militaire.
– Et si ça se passe mal, on se retrouvera simplement au beau milieu d’une armée de dix mille soldats extraterrestres tout excités.
– Nous sommes des Spartans. Pourquoi ça se passerait mal ?

Si on croit à ton univers on croit à ton histoire, et encore une fois j’ai le plus grand mal avec cet univers 100% américain peuplé de Yankees bas du front qui n’ont aucune référence :
Après en avoir fait des caisses sur Pearl Harbor et Gettysburg, on en fait des caisses sur Alamo et ses vaillants héros défenseurs du monde libre contre ses salauds de Mexicains basanés et métissés (pour rappel les braves insurgés texans s’étaient révoltés pour rétablir l’esclavage et faire en sorte que le droit de vote ne soit jamais octroyé aux « negros » et aux « peaux-rouges »… comme références peut mieux faire hein). Et puis on suit à la lettre le cahier des charges de l’accord Hollywood / Pentagone :

– les Américains doivent toujours être dans le camp des « gentils », donc être très « gentils », et donc leurs adversaires doivent toujours être dans le camp des « méchants », et donc être très « méchants »

– les Américains doivent toujours gagner, même en dépit du bon sens le plus élémentaire puisqu’ici l’humanité est en état de siège après avoir ses colonies extérieures et la principale base défendant ses colonies intérieures en combattant à un contre des milliers voire des millions des adversaires technologiquement plus avancés, mieux équipés, mieux entraînés et surtout complètement fanatisés

– les Américains doivent toujours posséder les technologies les plus avancées, même en dépit du bon sens le plus élémentaire puisqu’ici n’importe quel troufion s’emparant d’armes et de machines ennemies apprend à les manier et à la maîtriser en 2 temps 3 mouvements, la retro-ingénierie et le décryptage se font les doigts dans le nez, et les super-technologies aliens sont améliorées par les humains qui selon eux ne savent même pas s’en servir correctement

 

Ce n’est pas spécialement mauvais c’est juste moyennement moyen, mais je suis inquiet de retrouver ces problèmes d’univers, d’ambiance et de personnages dans tous les romans de science-fiction militaire mainstream yankee. Alors cela se lit facilement et rapidement, mais c’est aussitôt lu aussitôt oublié : cette littérature est à l’esprit ce que le Big Mac est à l’estomac ! Néanmoins après critique quasiment à charge, j’ai envie de finir sur une note positive : autant les appendices des tomes 1 et 2 qui n’amenaient rien du tout était des gâchis de papier, autant pour ce tome 3 ils amènent d’autres éclairages sur l’univers « Halo » (un lettre de condoléances, la tranche de vie d’un éboueur de l’espace, un interrogatoire des services de renseignement, le reportage d’une journaliste en quête d’un scoop pour faire le buzz)…

note : 4/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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