Eric Henninot
(scénario & dessin)
d’après Alain Damasio

La Horde du Contrevent, tome 1 :

Le Cosmos est mon campement

Bande dessinée, science-fiction / planet opera
Publiée le 18 octobre 2017 chez Delcourt

Après une formation impitoyable, et alors qu’ils étaient encore enfants, ils ont quitté Aberlaas, la cité des confins. Leur mission : marcher d’ouest en est jusqu’à’atteindre l’Extrême-Amont, source mythique du vent qui balaye leur monde jour et nuit, sans trêve ni répit. Ils sont la 34e Horde du Contrevent. Golgoth ouvre la marche ; derrière lui, Sov, le scribe, sur les épaules duquel l’avenir de la Horde tout entière va bientôt reposer

Avec son livre-univers La Horde du Contrevent, Alain Damasio a transposé une histoire planet opera de Robert Silverberg (Les Royaumes du mur) à dans un univers planet opera de Serge Brussolo (La Planète des Ouragans). Dans sommes dans un monde sans cesse battu par des vents violents, la cité Aberlaas d’Extrême-Aval envoyant à chaque génération un groupe d’hordiers à la découverte de l’Extrême-Amont pour découvrir l’origine du vent… Nous sommes donc autant dans le récit d’exploration que dans la quête philosophique, autant avec des aventuriers à la recherche des sources de Nil par-delà les Montagnes de la Lune, qu’avec des mystiques à la rechercher du sens de la vie et de la signification de l’univers… SF ou Fantasy ? Nous sommes dans le planet opera qui se situe à leurs frontières communes, donc c’est au lecteur de faire son choix en fonction de ses préférences, mais il se gardera d’en tirer des généralités pour l’un ou l’autre genre comme le font certains prescripteurs d’opinion.

La grande force du roman vient moins de son histoire, une fable absurde à placer entre la pensée de Friedrich Nietzsche et celle de Gilles Deleuze, que de sa narration en POVs qui fait la part belle à tout une galerie de personnage s fort bien campés bien que pas spécialement sympathiques (de Golgoth, inflexible, arrogant et vulgaire, à Caracole mystérieux, fantasque et cryptique…). Ils nous emmènent avec eux dans leur univers fantastique et leurs tragédies tant personnelles que collectives grâce à un style postmoderne très travaillé mais assez exigeant… Voire alambiqué, parce qu’on ne va pas se mentir, avec tous ses jeux d’écritures et de lecture Alain Damasio est quand même pas mal dans l’auto-complaisance stylistique (j’en veux pour preuve ici la préface de 4 pages qui nécessite un master en lettres modernes pour être compréhensible). Rappelons qu’il a dû auto-éditer son chef-d’oeuvre parce que les dézingueurs du dimanche bien installés dans leurs fauteuil d’éditeur ont décidé qu’il faisait de la bouillie (comme d’habitude suivez mon regard), mais les mecs qui se regardent écrire qui blacklistent un mec un se regarde écrire, cela aurait été drôle si cela n’avait pas pathétique (ah cette bonne vieille jalousie au yeux vert)…

Les hordiers meurent, pas l’esprit du combat ! Vif est celui qui se dresse et fait face !

Mais dans cette adaptation BD, nulle narration multiple ni postmodernisme alambiqué. le dessinateur faisant partie des talentueux héritiers de l’immense Mathieu Lauffay oeuvre ici pour la première fois en solo en rédigeant le scénario, et la genèse fut compliquée avec moult scenarii, départs et dénouement différents, et pas mal de frictions entre Alain Damasio et Eric Henninot… Mais le résultat est là : OMG que c’est beau !!! 80 pages et de planet opera post-apo, ou l’humour de Jack Vance est remplacé par la poésie de Shakespeare !

Dans ce tome 1 intitulé Le Cosmos est mon campement, c’est après une introduction nous présentant la formation, la jeunesse et le départ des membres de hordiers, que nous découvrons 27 ans plus tard un monde divisé entre nomades et sédentaires, des paysages merveilleux et terribles, une faune et une flore étranges, les différentes formes du vent dont le mortel furvent, et les mystérieux chrones reliquats conceptuels de la Création… Mais surtout la 34e Horde est confrontée à son pire ennemie : elle-même ! En sauvant la villageoise rêveuse Coriolis du furvent, le Prince Pietro Della Rocca s’est gravement blessé, et la Horde est divisée entre ceux qui veulent que la Horde continue sans lui et ceux qui sont prêts à quitter la Horde pour rester avec lui le temps qu’il guérisse… L’intéressé a déjà pris sa décision, mais pour sauver la Horde d’elle-même il doit lui trouver un nouveau coeur et une nouvelle âme… Celui qu’il a choisi sera-t-il à la hauteur de l’immense tâche qui l’attend ? Furvent, ceux qui vont mourir te saluent : To Be Continued !

PS: J’espère qu’Eric Henninot ne sacrifiera pas tout le côté dystopie / politique-fiction du récit d’origine, avec le système des Hordes utilisé comme élément de coercition sociale qui était fort intéressant mais bien difficile à comprendre / particulièrement fumeux…

note : 10/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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