Hirohiko Araki
(scénario & dessin)

JoJo’s Bizarre Adventure, Arc 8 :

Jojolion, tome 20

Manga, fantastique / polar
Publié en VF le 07 avril 2021 chez Delcourt / Tonkam
Publié en VO à partir de 2011 par la Shueisha dans Ultra Jump (« JoJo no Kimyou na Bouken – JoJolion / ジョジョの奇 »)

En enquêtant à l’hôpital universitaire TG, Yasuho tombe sur Mitsuba, l’épouse de Jobin, qu’elle trouve dans un état improbable. Mais elle se fait tout à coup attaquer par le médecin Tomaki Wu, caché dans son cabinet de consultation. Quels bénéfices reçoit-il des traitements qu’il donne à Mitsuba ? Yasuho réussira-t-elle a s’évader de ce cabinet ?!

Le Frankenstein de Josefumi et Kira est toujours dans la course au fruit du miracle, avec des ennemis implacables, un allié douteux et un hominus crevaricus qui joue triple jeu. Il découvre que leur mère commune a été le premier cobaye donc la première victime des expériences des hommes-rochers pour percer le secret de l’immortalité

Toujours passionnant à court terme mais confusant à long terme, je ne sais vraiment pas trop quoi penser de tome 20. Alors oui, la saga JoJo’s Bizarre Adventure a toujours brillé par étrangeté, mais ici le récit devient malsain. Dans un récit d’horreur cela serait un compliment, sauf que cela devient malsain à la fois pour de bonnes et de mauvaises raisons…

Tomaki Wu est capable de se subdiviser à l’infini puis de se reconstituer indéfiniment, chaque partie de lui-même gardant l’identité donc le contrôle de l’ensemble (encore une idée de génie repiquée par Yoshihiro Togashi). Avec un tel pouvoir il pourrait devenir un médecin miraculeux, mais soigner les gens ne l’intéresse pas. Par sa gloriole personnelle il veut percer le secret de l’immortalité, et dans sa quête tous ses patients ne sont que des ressources humaines corvéables et exploitables à merci, donc de véritables cobayes soumis à tous ses caprices…

– Une lycéenne venue me voir pour se faire enlever un bouton qui a poussé au bout de son nez… Ou bien la victime d’un accident de la route, renversée par un chauffard en fuite. Un sportif qui s’est tordu la cheville la veille d’un match aux J.O… Un patient souffrant de cancer en stade terminal… Le souhait de guérir est aussi puissant chez les uns que les autres.

Nous avons tous peur de la mort et de la douleur, donc quand les médecins chargés de repousser la mort et de soigner la douleur sont ceux qui l’infligent ont bascule dans l’horreur la plus absolue : c’est peu ou prou le « Body Horror » pensé et exécuté par David Cronenberg ! Le rokakaka permet de soigner une partie de son corps en échange d’une autre partie de son corps, mais que se passe-t-il quand on possède deux corps ? Vous ne voyez pas où ce taré sociopathe et psychopathe veut en venir…

Si je vous-dis que ses patientes qui passent par le service gynécologie perdent systématiquement la mémoire, ça vous met la puce à l’oreille ? Oh oui, c’est affreusement dégueulasse, et cela oblige Mitsuba Higashitaka qui ne pensait qu’à son apparence à passer de son image de femme à son rôle de mère dans la peur, la douleur et le malheur… Et elle dévoile un stand encore plus tarabiscoté que d’habitude : ses flèches « longueur », « largeur » et « hauteur » lui octroient le pouvoir de maîtriser n’importe quel vecteur. Elle peut donc renvoyer n’importe quelle attaque dirigée contre elle, mais à l’image de Josuke Higashikata dans Diamond is Unbreakable elle peut même défaire ce qui été fait…

Tomaki Wu est un gros taré. Il répète comme un mantra qu’il n’a jamais connu l’échec : d’un côté pour lui ses dégueulasseries n’en seraient pas parce qu’il œuvrerait au bien commun, mais d’un autre côté il accuse ses victimes d’être responsables de leur funeste sort à cause de leur comportement égoïste. Il utilise son pouvoir pour espionner, manipuler et contrôler n’importe qui. Et quand n’importe qui ne lui sert à rien, il utilise son pouvoir pour provoquer allergies et choc anaphylactiques. Il pourrait provoquer AVC ou infarctus du myocarde, mais à l’image des œuvres de « Body Horror », n’est pas avare de mises à mort bien plus « gore »…

 

Donc au final on a un pervers narcissique qui adore « pénétrer » le corps de ses victimes, pour les dominer et les traumatiser. En plus c’est mis en scène avec des femmes à terre dans des poses suggestives, et dans des situations explicites. Je n’aime pas quand un auteur sert de passe plat aux fantasmes déviants de certains gens. On pourrait laisser la place au doute, mais quand déboule de nulle part l’ex de Yasuho qui lui sort immédiatement des remarques sexistes, des blagues salaces et des allusions pipi-caca-prout la coupe est pleine ! Le monde a changé, donc il faut que « toilet humor » des années 1980 reste dans les années 1980 sinon c’est malsain…

note : 6,5/10

Alfaric

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