Jean-Luc Bizien

Katana, 1ère partie :

Vent Rouge

Roman, fantasy / heroic fantasy / Young Adult
Publié le 07 mai 2013 au Pré aux Clercs

Le jeune Ichirô suit les préceptes de son maître et père adoptif, le vieux guerrier Hatanaka, afin de devenir un grand samouraï. Mais il découvre un jour que ses parents ont été tués par le daimyo, l’impitoyable seigneur-dragon, réputé invincible. Ichirô ne sera plus désormais guidé que par un seul souhait : obtenir vengeance et vaincre le démon qui a fait de lui un orphelin. La route pour y parvenir ne sera pas sans danger, mais il pourra compter sur l’aide de quatre jeunes gens rencontrés en chemin et auxquels il semble mystérieusement lié.

Ce n’est pas le grand roman de Katana & Sorcery que j’attendais et que j’attends encore. Le diptyque étant résolument Young Adult, je ne peux décemment critiquer les lacunes inhérentes aux partis-pris jeunesse : background trop léger, personnages trop lisses, intrigues trop faciles. Difficile avec le bon prologue ne pas penser à L’Homme qui voulait tuer l’empereur de Thomas Day, qui puise aux mêmes sources d’un Extrême-Orient féodal.

C’est plutôt rafraîchissant de transposer tous les codes de la Fantasy classique au Japon de l’Ere Edo : le héros adolescent orphelin de noble ascendance, un vieux mentor qui doit faire son apprentissage, les compagnons de route destinés à l’aider dans sa quête de vengeance, la prophétie manichéenne (le Guerrier de Lumière vs le Dragon des Ténèbres), le super-vilain chaotique mauvais et l’artefact magique qui va permettre de le vaincre.

Malheureusement, j’ai trouvé que le récit avançait à coup de grosses ficelles, surtout dans la manière dont le groupe se construit, le héros de l’histoire apparaît bien pâlot, le daimyô félon / le mago psycho est tellement simpliste qu’on se donne même pas la peine de nommer (alors qu’on aurait pu construire un chouette whodunit autour de sa véritable apparence) et le traitement du personnage d’Ôno est assez capillotracté (on dépeint très antipathique puis très sympathique, dans la grande tradition du compagnon canaille du chevalier blanc, avait de se lancer sur un laïus sur ses origines pauvres, son enfance malheureuse et sur son mal de vivre, puis sur un coming out gay, puis sur un gros pétage de plomb… alors que tout cela passera à la trappe dans la 2e partie).

De plus j’ai cru allait nous faire un revival Star Wars avec Ichirô = Luke, Aiko = Leia, Ôno = Han Solo, Buta = Chewbacca et Obi Wan Kenobi = Hatanaka. Et cela n’aurait été que justice tant la saga de George Lucas a pillé La Forteresse cachée d’Akira Kurosawa. Oui mais non. OMG le cliffhanger de fin : génial ou bidon selon les goûts et les exigences de chacun.

– Pour dominer la peur, il faut l’avoir connue. On n’apprend à dompter que les sentiments que l’on a éprouvés.

Reste que j’ai vraiment envie de défendre l’ouvrage. La plume de l’auteur qui s’est donné du mal pour rendre la culture japonaise très accessible s’avère très fluide : cela se dévore vraiment tant cela se lit bien et vite. Le bon équilibre a été trouvé entre descriptions, palabres et bastons. D’ailleurs les scènes d’action sont de bonne facture et apportent un véritable plus à l’ensemble.
Mais surtout cela transpire la sincérité de la part de Jean-Luc Bizien : je soupçonne l’intégralité du naming d’être un bel hommage à la culture chambara : les films d’Akira Kurosawa évidemment avec un passage à la Sept Samouraïs, mais aussi les grands classiques tels que Lone Wolf & Cub, Zatoïchi, Kamui, Gohatto / Taboo… L’amateur que je suis s’est régalé ! Et si Hatanaka fait trop penser à Toshiro Mifune, que dire de Dame Kachiko ? Remember Legend of the Five Rings !

Mieux encore, on sent les saines références au shonen antique : si un jour si avez kiffé Saint Seiya et compagnie, vous deviez apprécier l’effort à sa juste valeur, mais j’en reparlerai pour la 2e partie…

On sent quand même que pour le meilleur et pour le pire que tout cela était destiné à être une bande-dessinée. Ce qui marche en BD ne marche pas forcément en livre, et ce qui passe assez bien en BD peut être rédhibitoire en livre. BD d’ailleurs que je lirai avec grand plaisir si elle voit le jour… Pour un peu je l’attendrais presque avec impatience, mais on peut toujours rêver !
Pour résumer excellent pour les plus jeunes ou les plus néophytes, assez sympa car très rafraîchissant pour les easy readers, sans doute parfaitement dispensable pour ceux qui sont plus exigeants quant à leurs choix de lecture.

PS : la couverture d’origine de Xavier Ribeiro est très réussie, dommage que le vent rouge qui donne son nom au tome 1 n’apparaisse que dans le tome 2, car on a préféré finir sur un gros cliffhanger des familles plutôt que sur sa résolution…

note : 6/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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