Balak, Michaël Sanlaville & Bastien Vivès

Lastman, tome 12

Manga, fantastique / portal fantasy
Publié le 20 novembre 2019 chez Casterman

Richard revient pour un dernier voyage dans la Vallée Des Rois, pour faire face à un ennemi intime : le Premier Homme à avoir franchi la frontière d’éther. Le passé et le présent, la Vie et la Mort, l’ordre et le chaos se mélangent pour un final apocalyptique dont nul ne peut prédire l’issue. Une seule chose est sûre : « Gare à celui qui trop loin flâne du souffle chaud de Reine Iguane… »

Dans ce 12e et dernier tome de la saga Lastman, les barrières du multivers s’effondrent et les mondes menacent de disparaître… Richard Aldana débarque une nouvelle fois dans la Vallée des Rois, mais la terre de toutes les merveilles est devenue l’antichambre de l’enfer ! Dans ce qui ressemble à un apocalypse zombie (ça ou une invasion chaotique dans Warhammer), il rencontre la guérisseuse Cody qui le reconnaît immédiatement : il n’est pas « le Nouvel Espoir », il est « le Dernier Espoir » ! Le refrain n’est que trop connu pour ce pauvre Richard Aldana, mais ce dernier n’est pas homme à tricher avec le destin : il met ses couilles en bandoulières et part affronter l’homme qui voulait être un dieu et par qui le malheur est arrivé, à savoir son ancien compagnon d’armes Howard devenu trickster parmi les tricksters… Richard Aldana est Arthur et Cody est Bédivère, et c’est entre grande tragédie et grosse déconne qu’ils traversent « les gastes terres » pour arriver au paradis artificiel du boss de fin pour mettre fin à la malédiction.

La double planche qui montre leurs retrouvailles et leur séparation est énorme. L’antihéros n’est aucunement de taille face à celui qui a vendu son âme au diable pour assouvir toutes ses ambitions au détriment de tout le monde et de tous les mondes (un Tout Pour La Gueule quoi, ce qu’en langage édulcoré on appelle « un premier de cordée »). Il a un plan, mais pour le vaincre, il va devoir mourir… Vous vous doutez que pour le reste, il va falloir entrer dans la ZONE SPOILERS !

Richard Aldana et Howard McKenzie sont Akira Fudo et Ryo Asuka (Devilman), Guts et Griffith (Berserk), Munsu et Aji Tae (Le Nouvel Angyo Onshi) : l’antihéros altruiste et le méchant égoïste, incarnations des véritables êtres humains qui n’aspirent qu’à vivre tranquillement leur vie et des homines crevarices prêts à tout et au reste pour assouvir leurs ambitions. Comme n’importe lequel d’entre nous Richard Aldana n’a pas les moyens de changer les choses, mais il les moyens de montrer la voie aux autres pour qu’ils changent les choses. En se sacrifiant, il montre la vérité à Elorna, Adrian et Marianne… et la guerrière la plus puissante de tous les temps a 2 ou 3 choses à dire à son ancien amant ! (et hop encore une double planche énorme)

Adrian voudrait mettre fin au cauchemar, mais en comprenant que Richard Aldana malgré tous ses défauts a été un bien meilleur père que son propre père se rappelle au sentiment de pitié qu’il lui a enseigné. Mais il est trop tard, car Howard est rattrapé par la malédiction du sorcier du l’Âge Sombre et devient le nouvel Iguane Noir. C’est la fin, du monde et de tous les mondes ! Mais survient Siri / Cristo Canyon dépositaire des secrets de l’éther qui livre une baston dragonballesque tout en invoquant Reine Iguane : pour vaincre un kaijû rien de mieux qu’un super-kaijû !!! Quand Shaka de la Vierge mourrait dans Saint Seiya le mangaka Masami Kurumada représentait cela par une page blanche, quand Howard le Sorcier meurt dans Lastman les auteurs français représentent cela par une page noire. Sic semper tyrannis ? Howard l’hominus crevaricus ultime a un jour été un véritable être humain capable d’empathie et de compassion, mais il a basculé du Côté Obscur parce que la Graine du Mal était en lui comme elle est en chacun d’entre nous… Nous menons chaque jour que les dieux font une lutte féroce contre les forces obscures de la crevardise (vous ne serez pas étonnés d’apprendre que le taux de victimes est plus élevé dans les classes les plus élevés de la société : ce n’est pas moi qui le dit, mais les très sérieuses études du FBI qui ont été stoppées et enterrées par ceux qui pétés de thunes qui se sentaient visés) !

– Marianne, reviens ! Je vais tout arranger !
– Tu as tué tout le monde, Howard… comment pourrais tu tout arranger ?

Comme dans toutes les grandes sagas, ce dernier épisode contient forcément une dose d’amertume qui sera plus ou loin grande selon les lecteurs et les lectrices. Toutes les bonnes choses ont une fin, et cette dernière est toujours amère (et d’autant plus amère après toutes les émotions qu’on nous a offertes). Le climax survient très tôt, trop tôt peut-être, du coup malgré la succession de planches / scènes d’anthologie on se demande si d’une manière ou d’une autre il n’y avait pas moyen d’atteindre le nirvana du nec plus ultra (l’invocation du Lion contre le Serpent, la réunion des dieux protecteurs de la Vallée des Rois, Richard et/ou Siri divinisés ou je ne sais pas quel autre truc de dingue issus des géniaux cerveaux des mousquetaires de la supracoolitude). Et puis ce n’est pas comme si les auteurs avaient enrichi leur univers d’archétypes jungiens et d’éternel recommencement moorcockien : l’aventure ayant commencé par quelqu’un ouvrant la porte de l’autre côté du miroir, elle doit finir par la même personne refermant cette même porte ; tout ayant commencé par un iguane noir porteur de malheur, tout doit finir par un iguane noir porteur de malheur (oh on dirait la mythologie du Hellraiser de Clive Barker !) ; et les êtres humains étant des êtres humains l’Âge Sombre est appelé à revenir à intervalles réguliers avec des tyrans pour le bâtir et des résistants pour le détruire (rendez-vous pour la grande crise économique de 2020 où les sicaires du Grand Capital et de la Bête Immonde, quand ils ne travaillent pas pour les deux camps, vont une fois de plus s’amuser pour dans les ténèbres nous lier !)

RICHARD ALDANA EST MORT ! VIVE RICHARD ALDANA !!! Pendant 50 pages d’épilogue les auteurs nous montrent les survivants du drame se rassembler pour célébrer la mémoire de celui qui des deux côtés du miroir est devenu une légende : Richard Aldana. Ah, s’ils savaient : vous vous doutez que nous allons devoir entrer dans la ZONE SPOILERS OF THE SPOILERS

Comment vous expliquer à quel point je suis Mort De Rire après toutes ces tragédies ? Richard Aldana a tellement bien incarné l’Espoir qu’il est parvenu à persuader la guérisseuse Cody de réussir l’impossible, elle qui était désespérée d’avoir échoué à sauver qui ce se soit malgré le sacrifice de sa compagonne d’armes… Grâce à elle il est donc comme Jésus-Christ mort et ressuscité !!! (fou rires) Et c’est ainsi que le branleur autoproclamé devient bon gré mal gré le refondateur de la Vallée des Rois : il n’est plus le « lastman » mais le « firstman ». (fou rires) Donc tout le monde commémore sa mort alors qu’il n’est pas mort, et c’est en plus un miroir de la série animée : Richard Aldana pleurait la mort de Siri finalement belle et bien vivante dans la Vallée des Rois, et ici la Team Aldana pleure la mort de son leader bel et bien vivant dans la Vallée des Rois. (fous rires) Notre antihéros espérait jouir d’un éternel repos bien mérité, mais c’est pour se retrouver de nouveau encerclé et harcelé par des escadrilles d’emmerdes. (fous rires) Cerise sur le gâteau ? Visuellement c’est un hommage au final donc au message d’espoir de THX 1138 : sic semper macronis !

note : 8+/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

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