Buichi Terasawa
(scénario & dessin)

Midnight Eye Goku

Intégrale 2

(pour public averti)

Manga, science-fiction / cyberpunk / policier
Publié en VF en 2008 chez Taïfu Comics, repris par Isan Manga le 28 janvier 2022​
Publié en VO en 1987 chez A-Girl Rights Co.Ltd

Gokû et Yûko cherchent toujours à découvrir le secret de la Nymphe Céleste, mais les assauts des ninjas s’intensifient. Pour avancer dans ses recherches, Gokû se rend chez En, le Prince Divinateur, pour en apprendre plus sur ses ennemis.​

Cette 2e intégrale est très largement consacrée au récit La Nymphe des Ténèbres, initialement détournement de Ghostbusters.

Mais on suite ensuite tellement bien bien le cahier des charges jamesbondien que tout cela se transforme en plaisir coupable !
Grâce à divers indices Gôku remonte la piste du Clan Kuki dirigé par le milliardaire Yôsuke Kuki qui veut devenir le maître du monde, et les élites politiques, économiques et médiatiques applaudissent des deux mains celui qui veut les anéantir. C’est ainsi que Gôku infiltre la maisonnée Ko : on veut le tuer puis l’interroger, ou l’interroger et le tuer… Mais il y retrouve la femme de tête Yûko Genjô dans le rôle de la demoiselle en détresse, Reiko Tanuma la femme d’action dans le rôle de la belle traîtresse qui veut le faire tomber dans un piège, et Bomber Yagami la catcheuse de haute taille dans le rôle de la strong independant woman qui laisse planer le doute quand à sa mission et ses affiliations.
Gokû qui lit dans les technologies comme dans des livres ouverts et devine immédiatement le pot aux roses lors de l’inauguration du premier satellite de type Gaüs, donc il doit mourir pour le grand méchant puisse réaliser ses plans…

Gokû Furinji s’aperçoit donc qu’il a été l’appât des services secrets japonais pour que le Clan Kuki sorte du bois, mais il rallie leur cause quand il apprend que ses derniers sont en quête de vengeance…
On fait retraite pour mieux contre-attaquer, et les patriotes lancent l’assaut contre les traîtres à leur patrie qui ont vendu leur âme à un milliardaire qui veut devenir le Maître du Monde ! On serait pile-poil entre On ne vit que deux fois et Les Diamants sont éternels, si quand le grand méchant explique son masterplan on ne glissait pas vers le genre fantastique…

ATTENTION SPOILERS Les satellites Gaüs sont le mode « search » et les assassins spectraux sont le mode « destroy », sauf que lesdits assassins spectraux sont les propres ancêtres de Yôsuke Kuki. Car deux siècles auparavant le samouraï psionique Mondo Kuki avait trouvé le moyen d’accéder à l’immoralité en transférant son esprit dans le corps de son descendant, à charge pour lui de ne pas sombrer dans la folie en abritant plusieurs âmes dans un seul corps. C’est ainsi que de génération en génération, la jeune Reiko Kuki fut poussé par 7 machos suprématistes à la folie et à un donner naissance à un mâle au péril de sa vie. Pour ne pas subir le même sort, l’héritier du Clan Kuki fit créer un super-ordinateur pour transférer l’esprit de ses prédécesseurs.

Deus Ex Machina ? Dans le monde réel Gokû Furinji est la belle au bois dormant protégé par le prince charmant Bomber Yagami (c’est plus que jamais Roger Moore et Grace Jones), tandis que le monde virtuel Gokû Furinji est la Colère de Dieu sur Terre : Atatatatata !!!
Que c’est dommage : la double planche qui présente les machos suprématistes adversaires de notre James Bond cybperpunk est une tuerie, mais le combat est trop vite expédié. Au lieu de cela le mangaka se concentre sur un univers de poche où Gokû ne trouve pas la force de mettre fin aux jours d’une adolescente condamnée à être mère avant de devenir femme et qui attend toujours son enfant qui est venu au monde le jour où elle est morte. Le milliardaire apprenti Maître du Monde à la fois Karl Stromberg, Hugo Drax et Max Zorin n’a respecté rien ni personne, donc c’est sans aucun remord qu’il balance sur lui deux missiles nucléaires, juste pour être sûr qu’une telle crevure aille bien en enfer !!! FIN SPOILERS

– Tu ne crois que ce qui est rationnel, c’est ça ?
– Dans mon milieu, je n’ai pas le choix.
– Ton milieu ? Il n’y a que la mort et la violence… Tu peux tuer les gens aussi simplement que tu vas faire les courses. Quelle tristesse que ton milieu. Tu es un homme, non ?
– J’étais un homme…
– Tu devrais penser un peu au futur, Gokû… On peut fabriquer un futur merveilleux grâce à des personnes douées de facultés extraordinaires ! Tu n’aurais donc pas de rêve dans ton cœur ?
– Bien sûr, je fais des rêves… Mais la plupart du temps, ça vire au cauchemar…

Dans Bonnie le mangaka se fait plaisir (ou se fait mal si on suit ses propres déclarations en interviews) en prenant pour cadre le Rallye Paris -Dakar… La championne de moto Bonnie surnommée Garuda l’Oiseau du Vent fait appel à son ancien amant Gokû Furinji pour la protéger d’un mystérieux assassin qui veut lui extirper les renseignements qu’aurait volé son défunt père à une grande puissance non nommée mais clairement située entre l’Océan Atlantique et l’Océan Pacifique. Depuis la mort de son paternel, Bonnie ne possède que sa moto et son propre corps et ne comprend pas pourquoi on s’acharne sur elle (remember le tatouage des sœurs Nelson / Royale), mais Gokû Furinji loyal jusqu’à la mort accepte d’être son garde du corps en participant à l’épreuve à bord de sa corvette pouvant atteindre les 560 km/h.

Bonnie veut absolument gagner le Paris – Dakar, et Gokû veut absolument qu’elle réalise son rêve. Mais le nouvel antihéros créé par le mangaka est rattrapé par la malédiction de tous les héros mythologiques : quand on veut protéger les siens, parfois toute la force du monde ne sert à rien… La dernière double page est terrifiante : Gokû roule à fond la caisse vers la ligne d’arrivée, mais nous ne saurons jamais si Bonnie est morte, vivante ou mourante. Seule le degré d’optimisme / pessimisme des lecteurs et des lectrices détermine comment le récit se finit.

On a envie de croire en l’espoir, mais vu que le mangaka accuse les États-Unis d’avoir créé le SIDA et de l’avoir propagé dans le monde entier c’est mal barré… Car on pourrait accuser le mangaka de complotisme, mais franchement il y a un tel « faisceau de présomptions » comme on dit dans le milieu judiciaire qu’il y a franchement anguille sous roche. Car à la même époque on a des labos californiens fabriquant des armes bactériologiques et virologiques iusses de travaux diabolique de l’ignoble Shirö Ishii qui font tout et n’importe quoi en dépit des traités internationaux, et qui utilisent l’Afrique subsaharienne comme lieu d’expérimentations car lieu d’affrontements entre pro-USA et pro-URSS, et comme par hasard les premiers lieux touchés sont l’Afrique sub-saharienne et la Californie. C’est quand même vachement plus crédible que les hupothèses officielles qui parlent de zoophilie massive entre noirs africains et chimpanzés, non ? (qui viennent bien évidemment de gens plus racistes tu meurs)

 

Comment expliquer que l’auteur soit ainsi passé de l’Espoir au Désespoir ? Parce que comme ses concitoyens il a vu arriver la catastrophe sans pouvoir l’empêcher au contraire des élites autoproclamées de son pays qui lui ont déroulé le tapis rouge. En 1991 la bulle spéculative immobilière explose. Année après années les différents gouvernements japonais ont appliqué à la lettre les recettes préconisées par le reagano-thatchérisme-macronisme, et années après années la croissance japonaise est restée morte avec un accroissement des inégalités, de la précarité et de la pauvreté (ce qui n’étonne absolument personne à part les crevards pétés de thunes qui exercent le pouvoir au grand détriment de ceux qui le subissent)…

note : 8,5/10

Alfaric

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