Tsutomu Takahashi
(scénario & dessin)

NeuN, tome 5

(pour public averti)

Manga, fantastique / histoire / WWII
Publié en VF le 19 août 2020 chez Pika Édition
Publié en VO depuis 2017 par Kôdansha dans Young Magazine (« ノイン »)

Tandis que Theo s’infiltre dans un camp pour aider Slomiana Kula, Rebekka et Neun partent en expédition. Capturés par un homme, ils n’échappent à la mort que grâce au pouvoir de Neun. Il n’en fallait pas plus pour éveiller l’intérêt des nazis…

Après un tome 4 très étrange, voici un tome 5 tout aussi étrange… Comme G.R.R. Marin, Tsutomu Takahashi prend un malin plaisir à couper l’herbe sous le pied des lecteurs et des lectrices car après avoir mis en place un projet de grand évasion il envoie tout bouler ! (mais attention, à toujours prendre le contre-pied tu peux finir par lasser, pire encore être prévisible dans ta volonté de surprendre à tout prix)

Entre Rebekka Elf qui enrage de ne pas être aux côtés de son géniteur au point de vouloir le tuer de ses propres mains, Theo qui renie Adolf Hitler pour faire de Neun son nouveau Führer, Slomiana Kula germano-polonais qui s’est engagé dans résistance polonaise parce qu’il a été refusé par les SS allemands, ou Naomi Reisinger qui ne sait plus dans quel rang se ranger on est balancé de tous les côtés… Le fil directeur c’est quand même que Sechs après avoir ordonné l’exécution de tous ses frères et de toutes ses sœurs se demande si ceux qui ont survécu à cet ordre ne pourraient pas être des cobayes intéressants, mieux encore de formidables camarades de jeu !

– Quelqu’un nous a balancés, si je comprends bien.
– On trouve toujours des gens prêts à trahir les leurs pour sauver leur peau.

C’est ainsi que l’immonde Doktor U intervient dans le camp de concentration destiné à devenir un camp de la mort pour se livrer à une petite expérience des familles… Mais le plus terrifiant, c’est qu’ici l’idéologie nazie dans sa plus grande horreur ressemble beaucoup au « meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, donc au libéralisme et au transhumanisme cultivés par quasiment tous les gouvernements et toutes les entreprises du monde entier aux ordres de la ploutocratie mondialisée. Tout cela va mal finir, et on aura bien de la chance si l’humanité survie à tout ce merdier… Toujours est-il que Sechs comme Neun ressemblent tous les deux de plus en plus à Johan Liebert de Monster, le manga culte de Naoki Urasawa : remembrer l’holocauste de l’orphelinat (les vrais savent) !

Franchement un tome très intéressant, avec un cliffhanger encore plus intéressant : en enquêtant sur l’incident survécu au chantier d’Auschwitz (auquel nous venons d’assister sans en connaître la conclusion), Naomi Reisinger rentre clairement dans la catégorie des des chasseurs d’horreurs. Murder et Scully n’ont qu à bien se tenir ! Mais un tome pas facile à suivre avec sa structure en ellipses voire en analepses qui met en avant flashbacks et flashforwards. Ça pourrait clairement monter en puissance quand la narration va se poser, et c’est pour cela que j’ai fait du mieux possible pour éviter les SPOILERS qui pleuvent de tous les côtés avec des psioniques recourant à la physique quantique dans l’optique l’immortalité pour eux seuls, pour une élite éclairée ou pour toute l’humanité… Le Chat de Schrödinger n’a qu’à bien se tenir !

note : 6,5/10

Alfaric

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