Mari Yamazaki
(scénario & dessin)

Olympia Kyklos, tome 2

Manga, histoire / antiquité 
Publié en VF le 16 juin 2021 chez Casterman
Publié en VO à partir de 2018 par la Shueisha dans Grand Jump (« オリンピア・キュクロス »)

Son village sauvé, Démétrios est bien décidé à retrouver ses vases et ses pinceaux. Le patriarche ne l’entend pas de cette oreille : il en est sûr, Démétrios est l’athlète qui apportera gloire et prospérité à sa communauté ! Aux abois, le jeune homme est à nouveau transporté jusqu’au Japon des Olympiades de 1964. Sa rencontre avec un géant du manga lui permettra-t-elle d’apprendre à concilier sport et art ?​

Mari Yamazaki avait déjà aborder dans un tome Pline la compétition comme source de corruption de toute civilisation. Demetrios est à la fois artiste et sportif, c’est donc tout naturellement qu’il veut ressentir des émotions et les partager avec autrui. Mais il est confronté au patriarche de la cité de Tritonia qui ne pense qu’à l’argent et au pouvoir. Parce qu’on lui a fait croire comme au reste de l’humanité qu’il aurait ceux qui sont tout et ceux qui ne seraient rien. Pire on leur a fait croire que ceux qui ne seraient reine devraient se bouffer entre eux dans l’espoir de rejoindre un jour ceux qui seraient tout. C’est ce qu’on appelle le reagano-thatchéro-macronisme, avatar moderne de cette saloperie de suprématisme.

Qui sont donc ces enfoirés qui ont condamné à perpétuité l’humanité à la compétitivité ? De quel monde notre planète est-elle l’enfer ??? Ce n’est aucunement un hasard si la mangaka a décidé de dessiner le Japon des années 1960, où les cultistes du Veau d’Or ont laissé à leur sort les victimes de la guerre et de l’après-guerre en imposant leur idéologie matérialiste de merde… D’ailleurs elle ne mâche pas ses mots contre les JO modernes devenus une machine à fric dégueulasse, et un ring géant pour que les grandes puissance puissent se bastonner en toute légalité ! (argent et pouvoir : rappelons que le CIO n’a pas hésité une seule seconde à offrir les JO de 1936 au IIIe Reich)

Donc le patriarche veut égaliser le succès commercial d’Olympie, qui passerait selon lui par un le merchandising à outrance. Il ordonne à Démétrios de fabriquer à la chaîne des céramiques avec des hommes musclés, des femmes galbées et de l’action de l’action et encore de l’action (et en temps limité s’il vous plaît)…
Les dieux font repartir Démétrios dans le Japon des années 1960, et Démétrios découvre avec fascination des papyrus assemblés et ornés de dessins appelés « mangas ». Michiko apprentie mangaka à qui ses parents lui ont interdit de faire des mangas lui fait découvrir ce nouveau médias, avant de lui présente un certain maître mangakas à qui ses parents lui ont interdit de faire des mangas. C’est ainsi que Démétrios devient l’espace d’un jour assistant d’Osamu Tezuka, à qui ses responsables ont ordonné des hommes musclés, des femmes galbées et de l’action de l’action et encore de l’action (et en temps limité s’il vous plaît)… Sauf que l’inventeur du manga qui a été médecin avant d’être dessinateur en a un peu rien à secouer de ses responsables éditoriaux, mais pas de ses lecteurs et de ses lectrices !

– Il ne sert à rien de fabriquer un objet s’il n’y a aucun profit à en tirer.
– C’est faux ! Avec tout le respect que je te dois… en réfléchissant de la sorte, on ne créera jamais que des choses médiocres !

Donc le patriarche veut que sa cité brille aux concours d’Olympie, et comme Démétrios est sa meilleure chance de médaille. Il lui interdit de peindre et lui ordonne de s’entraîner sans relâche pour remporter la victoire…
Les dieux font repartir Démétrios dans le Japon des années 1960, et Démétrios se lie d’amitié avec le sportif Kichiki Tsuburaya. Ce dernier aime courir mais ne supporte plus la pression que lui met sa fédération pour faire de lui une arme de propagande dans le cadre du redressement productif japonais…
ATTENTION SPOILERS Après avoir remporter la médaille de bronze à Toyko en 1964, les autorités lui ont ordonné de remporter la médaille d’or à Tokyo en 1968. Pour qu’il se consacre à 100% à la victoire, il lui ont interdit d’épouser sa fiancée qui dépitée a fini par s’en aller. L’athlète complètement déprimé finit par se suicider… Vous pouvez pleurer, et maudire ces paniers de crabes que sont les fédérations sportives… FIN SPOILERS

Démétrios aime l’art, Démétrios aime le sport, Démétrios aime sa cité, mais déteste ce que le patriarche veut en faire. Il décide donc de devenir meilleur artiste et meilleur sportif en partant se former à Athènes : To Be Continued !
Certains esprits chagrins vont sans doute rouspéter que Mari Yamazaki ne se renouvelle pas en reprenant la formule de sa série Thermae Romae. Mais quand c’est aussi bien fait, que c’est autant rempli d’humanité et que cela pose autant de questions d’une brûlante actualités pourquoi faire la fine bouche ??? (ce n’est pas comme si les dialogues entre le mangaka Tezuka et le professeur Imaya abordait également cette question)

note : 8+/10

Alfaric

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