Nicolas Jarry (scénario)
Gwendal Lemercier (dessin)

Oracle, saison 1 Tome 03 :

Le Petit Roi

Bande dessinée, fantasy / mythologie
Publiée le 20 août 2014 chez Soleil

Il est le roi du plus petit royaume de Grèce. Sa parole compte peu au regard de celle d’Athènes ou celle de Sparte. On le lui fait sentir, pire, on le lui dit. Il n’est rien qu’un grain de poussière grecque. Les Dieux ne lui accordent pas même l’ombre d’un regard. Il ne peut rivaliser dans l’art de la guerre. Mais il est d’autres arts. Ce roi, jeune, était un grand sculpteur avant que son talent se soit étouffé par son devoir envers son peuple. Zeus va le mettre à l’épreuve… Il fera de ce minuscule royaume un havre de paix à condition que le petit roi parvienne à l’émouvoir. Le seigneur de l’Olympe pleurera devant la plus belle statue qu’il ait jamais vue.

Ce tome 3 intitulé Le Petit Roi est finalement très différent des autres puisque la confrontation entre l’humain et le divin y est très accessoire, mieux il met sur un pied d’égalité humain et divin…

Quelque part nous sommes dans un tome plus historique que mythologique. Nous sommes au Ve siècle avant Jésus Christ et Athènes grande puissance oblige par le soft power puis par le hard power les petites puissances à adhérer à la Ligue de Délos pour combattre la super-puissance perse (grosso modo on a les USA, l’Otan et le grand méchant du moment). Et nous suivons les heurs et malheurs de la cité de Sérifos :
– comme tant d’autres le Roi Agis combat à la place de l’hégémon athénien, mais l’hégémon athénien ne fait rien quand il est assassiné lui et son héritier par le grand méchant du moment…
– son fils Léandre qui voulait être artiste hérite du pouvoir mais il ne l’a jamais voulu et il n’y a jamais été préparé, mais au nom de ses convictions il a un cœur et une âme et il envoie chier les ordures reagano-thatchéro-macronistes athéniennes qui malgré tous les sacrifices antérieures de la cité de Sérifos l’abandonne à son triste sort…

Le scénariste Nicolas Jarry a toujours été anti-système et cela irritera les lèche-cul du pouvoir (on pourrait citer des nom mais on le fera pas) de le voir tirer à boulets rouges sur les forts qui exercent le pouvoir et qui exploitent les faibles qui subissent le pouvoir. C’est bien beau de se réclamer des grands philosophes anciens et modernes pour ensuite se comporter comme un animal (se reconnaîtront qui voudront, mais si vous êtes intéressés j’ai plein de noms)…

– Athènes est une cité riche, mais elle n’en a pas pour autant vaincu la misère.
– Les puissants ne cherchent jamais à éradiquer la misère mon roi.

Zeus roi des dieux et dieu du pouvoir est piégé par les contradictions du pouvoir. Il est d’accord avec Léandre mais ne peut le reconnaître, sous peine de perdre le pouvoir car il nage en eaux infestées de pervers narcissiques en costards cravates et / ou en talons aiguilles. Il demande donc à Léandre qui a été artiste avant d’être roi d’être raccord avec ses propres discours : il sera la protecteur de sa cité s’il parvient à lui prouver que l’art est plus fort que la violence en produisant une œuvre capable de l’émouvoir (mais comme chacun le sait le pouvoir ne cède qu’à la violence, d’ailleurs la macronie l’a prouvé elle-même par l’exemple : « manifestez, j’en ai rien à foutre » ; « mettez la France à feu et à sang, je me chie dessus et je lâche du lest pour sauver ma peau »)
Léandre le roi artiste n’arrive plus à retrouver la lumière qu’il a perdue, et parcourt le monde entier pour retrouver l’inspiration. Après avoir consulté la Pythie, c’est en désespoir de cause qu’il cherche à rejoindre Zeus qui lui permet d’assister à son éternel combat contre Typhon. Pour lui c’est une révélation !

On reprend toutes les thématiques de feu David Gemmell :
– il y a les crevards qui ne pensent qu’à manipuler et exploiter les autres à leur profit (comme les reagano-thatchéro-macronistes)
– il y a les véritables êtres humains qui eux pensent à vivre tranquillement leur vie avec leurs parents et leurs amis
Léandre redécouvre le sens de la vie, et Zeus aussi, mais personne ne doit savoir que lui aussi a un cœur et une âme donc il détruit l’œuvre d’art qui lui a fait changer d’avis. Peu importe à Léandre qui de roi est redevenu homme et artiste, car il y a bien de choses plus importantes dans la vie que les games of thrones et la compétitivité à tout prix si chers aux reagano-thathéro-macronistes (qu’ils crèvent tous et qu’ils nous foutent ainsi enfin la paix).

 

Une belle fable. A 1ère lecture j’étais resté sur ma faim, mais à 2ème lecture après l’imposture et l’infamie macroniste j’ai été touché par la volonté de l’auteur d’essayer de prouver, pour résumer, que la plume était plus forte que l’épée… Les dialogues très bons sont des mines à citations, mais comme chacun le sait depuis que le monde est monde le pouvoir est incapable de se remettre en cause donc seule la violence peut le destituer et le remplacer. Pas entièrement fan des dessins de Gwendal Lemercier colorisés par Olivier Héban, mais c’est en forgeant qu’on devient forgeron et ici les forgeons du graphisme sont positivement en pleine évolution !

note : 7,5/10

Alfaric

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