Jean-Luc Istin (scénario)
Alex Sierra (dessin)

Orcs & Gobelins, tome 10 :

Dunnrak

Bande dessinée, fantasy / heroic fantasy
Publiée le 21 octobre 2020 chez Soleil

Un jour, en pêchant, Dunnrak l’orc récupère au fond du lac un pendentif. Lorsque le nom de son frère se grave sur la pierre, Dunnrak ne s’en préoccupe pas, sauf que son frère meurt dans la journée et aussitôt son nom disparaît. Très vite le phénomène se renouvelle. Dunnrak est-il fou ? Est-ce une pierre de divination ? Et pourquoi personne d’autre que lui ne peut lire les noms inscrits dans la pierre ? ​

Le même jour Istin, Jarry et Peru sortent une nouvelle histoire des Terres d’Arran…
Pour résumer ce tome 10 d’Orcs & Gobelins, c’est grosso modo l’histoire de Dunnrak le peau-verte qui tombe sur le fameux « Mon Précieux »… Ici l’Anneau Unique est remplacé par une pierre de prédictions qui annonce la mort, et qui donc permet de sauver des vies mais au détriment de la sienne si le porteur ne trouve pas de victimes de substitutions pour la Grande Faucheuse… Ici le gros hobbit joufflu est remplacé par un orc pacifiste et philosophe qui aime penser en pêchant, mais les siens qui vivent pour l’honneur et la gloire de tuer ou d’être tué le prennent pour « une tapette » (sic), et son père désespère de faire de lui un véritable guerrier…

Tout commence avec Dunnrak poursuivi dans un marais par des mercenaires engagés par le croque-mort Charles Flammell. Ce dernier souhaite s’emparer de la pierre de prédictions pour faire fructifier ses affaires de manières légales et illégales (ah la loi et l’ordre, si fortes face aux voleurs de poules et si faibles face aux voleurs de chevaux), et c’est très attentivement qu’il écoute Dunnrak raconter sa vie… Bon on va partir en Zone Spoilers en deux temps !

SPOILERS NIVEAU 1 !
On nous montre la manière dont Dunnrak découvre l’artefact et la manière dont il prend conscience de ses pouvoirs ; sa rencontre avec l’organisation criminelle de la Veuve Noire (le Spectre heroic fantasy, mais quelle bonne idée !) qui massacre tous les membres de son clan ; sa rencontre avec le gobelin Hidden qui le forme au métier de voleur avant de le quitter ; ses combats au sein des mercenaires des Crocs de Fer du condottiere Ayraak et les réponses de la shamane Plume à ses questions existentielles ; le premier amour de sa vie et le premier drame de sa vie ; sa quête de vengeance contre l’organisation de la Veuve Noire et la manière dont le mage nécromancien Altherat lui donne les moyens de mener à bien sa croisade contre les forces obscures de la crevardise…

– Un jour, c’est toi qui tues ; un autre jour, c’est toi qui est tué. Autant miser sur le première option, tu ne penses pas ?

Charles Flammell se réjouit de mettre enfin la main sur le pouvoir dont il a rêvé toute sa vie. Sauf qu’il a commis une monumentale erreur en croyant sur parole le récit de Dunnrak, car ce dernier lui a menti sur quelques points…
SPOILERS NIVEAU 2 !
Hidden ne l’a jamais quitté, il a toujours été son ami le plus dévoué et son allié le plus fidèle. Un nouveau duo de légende est né avec le preux guerrier et le gros fumier ! Il est en embuscade et attend le signal de son partenaire pour passer à l’action. Les deux compères ne se donnent même pas la peine de tuer le croque-mort car la pierre de prédictions lui a a déjà donné rendez-vous avec la Grande Faucheuse. Et le duo continue sa croisade contre les forces obscures de la crevardise, mais en passant du menu fretin de la délinquance en col bleu aux gros poissons de la délinquance en col blanc ! (avec des Elfes et des Nains : la Révolution Mondiale est en marche, mais ceci est une autre histoire…)

 

Un tome franchement très plaisant ! Après il y a quantité de petits trucs qui m’ont quand même fait un peu tiquer. En fait, je crois que Jean-Luc Istin est un ton en-dessous des scénaristes auxquels je suis désormais habitué, donc intuitivement je relève les narrations inutilement sophistiqués et les phylactères inutilement chargés qui amoindrissent rebondissements et révélations (sans parler des choix pas forcément judicieux, car ici les grandes ambitions du grand méchant sont bassement mercantiles face à un Spectre heroic fantasy qui veut abrutir les peuples pour mieux s’emparer du monde !)…
Mais là j’ai envie de dire peu importe, car tout est emporté par les graphismes très fluides et très dynamiques du surdoué espagnol Alex Sierra qui sont d’une immense supracoolitude ! Cela fait des années et des années que les éditions Soleil essayent de marier les influences américaines, européennes et asiatiques, et avec celui qui nous avait déjà bluffé avec Hel’Blar ils ont trouvé une pépite qui allie à la perfection le meilleur de la BD et le meilleur des comics. Il est aussi fort sur les personnages que sur les décors, les visages sont terriblement expressifs dans toute la palette des sentiments, et son travail sur le découpage est tout simplement excellent (sans parler d’un chouette travail de colorisation de J. Nanjan). On ne peut qu’espérer qu’il continue ainsi de nous régaler pendant des années et des années !

PS: D’un côté nous avons Roduryn Ararun et Antalya qui voudraient bien botter les fesses des élites autoproclamées, et d’un autre côté nous avons Dunnrak et Hidden qui bottent les fesses des élites autoproclamées… Le jour où Kardum du Talion protecteur des pauvres et des déshérités pourra les rassembler, alors les jours de la ploutocratie mondialisée seront comptés ! Alors si rajoute tous les membres de la Justice League qu’ils pourraient à eux tous rassembler, il est clair que les pourris et les crevards n’auront plus qu’à se planquer !!! (allez on y croit au jour où tout va changer en fiction, car IRL c’est mal barré hein car le Spectre a déjà réussi à abrutir le monde pour mieux s’en emparer)

note : 8-/10

Alfaric

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