Shinobu Ohtaka
(scénario & dessin)

Orient : Samourai Quest, tome 8

Manga, uchronie / fantasy
Publié en VF le 02 juin 2021 chez Pika
Publié en VO à partir de 2018 par Kodansha dans le Shuukan Shounen Magazine (« オリエント»)
Alors que l’opération de reconquête de l’île d’Awaji s’amorce, l’ignorance de Musashi lui vaut d’être ridiculisé devant toute son escouade. Conscient qu’un bushi incapable de relier son tôki avec celui de ses compagnons n’est bon à rien, il commence à s’entraîner sous la houlette d’Amako. Mais lorsque Michiru décide de se joindre à eux, leurs tôki entrent en résonance et révèlent la présence de la déesse obsidienne au sein du château ! Il n’en fallait pas plus pour que les Chiens Noirs la flairent et fassent déferler leurs troupes sur ce dernier…​
Dans ce tome 8, Musashi et Michiru sont traqués à la fois par Tatsuomi du Clan Uesugi et par Yataro Inuda de la Confrérie de l’Obsidienne. Ils font tous les deux pression sur l’un pour faire craquer l’autre et s’emparer de ses informations… Et à l’instant des révélations, les méchants envahissent le camp des gentils !

On a donc ensuite des méchants qui se lolent en balançant de grandes tirades à propos de ceux qui sont tout et qui ne sont rien (comme macron et les macronistes), donc sur l’opposition entre les super forts qui feraient tout ce qu’ils veulent et sur les super faibles qui ne seraient là que pour accomplir ou subir leurs caprices d’enfants pourris gâtés. Mais ces mêmes méchants s’énervent avant de chouiner quand ceux qui sont rien ne se laissent pas faire, et qui mieux que leur résister leur foutent la pâtée…

Je n’étais déjà pas très fan des centaures géants composées de reptiles déchaînés pour la partie inférieure et d’adolescents / adolescentes cabotineurs en mode BDSM pour la partie supérieure. Mais en plus on cède trop facilement aux gimmicks super-forts / super-faibles. Le manga met en scène pour énième fois des humains devant lutter contre des monstres invincibles car régénérant à l’infini, or à chaque power-up des résistants on nous sort du chapeau des collabos qui comme par hasard possèdent la capacité qu’il faut pour contrer, annuler et annihiler les power-up effectués par les résistants. Non seulement c’est fatiguant car uniquement destinés à faire durer la série avec de nouveaux power-up (donc de nouveaux contre power-up), mais c’est en plus contre-productif car cela décrédibilise le mythe universel du Héros aux mille et un visage… Donc au final, on a d’un côté le Clan Uesugi en deuil qui doit lutter pour sa survie contre des crevards overcheatés, et d’un autre côté Musashi en deuil qui doit lutter pour sa survie contre un crevard overcheaté…

De tout temps, pour garantir la fidélité de leurs troupes sur un champ de bataille dangereux, les stratèges se sont appuyés sur deux pièces maîtresses. Il s’agit d’une noble cause, créatrices de passions, et d’une grande récompense à la clé, ciment de loyauté.

Chaque page du manga transpire le rejet de l’idéologie suprématiste de la ploutocratie mondialisée, ce qui était déjà le cas dans Magi: The Labyrinth of Magic la précédente série de l’auteure (dont force est de constater que les graphismes ne cessent de s’améliorer). On a donc des élites autoproclamées collaboratrices et cooptées, qui du haut de leurs tours d’ivoire méprisent le reste de l’humanité (tout en se regardant leur nombril bien aimé)… Elles sont détestées car détestables bien évidemment, mais elle essaient de se justifier avec des mantras hypercapitalistes et ultralibéraux qui se résument à la loi du plus fort, avec du darwinisme social, du pseudo-pragmatisme et du pseudo-utilitarisme d’un côté, et de l’élitisme et de la mémoire génétique à gogo d’un autre côté… A quoi ça d’être prétendument intelligent et cultivé si c’est pour gober toutes les conneries du monde à l’instar du dernier des teubés ??? Donc les élites autoproclamées ne servent à rien du tout à part parasiter l’ensemble de la société, et c’est ce qu’il faudrait démontrer si cela n’avait pas déjà été fait ces 2000 dernières années…

Aristocratique et élitiste le Japon a été fasciné par le suprématisme occidental, mais la population japonaise a toujours été habitée par un esprit plutôt collectiviste. Tant que les écarts de salaire était de 1 à 6 le miracle japonais a transformé un pays détruit et ravagé en deuxième puissance économique mondiale. Puis il y eut le mirage des années frics, et on introduisit au Japon le management à l’américaine : les écarts de salaire sont passées de 1 à l’infini, et la précarité et la pauvreté ont explosé au nom de la théorie du ruissellement, idéologie d’ancien régime incompatible avec la modernité sauf pour ceux qui regrettent le bon vieux temps des seigneurs et des gueux (pas de bol, c’est ces abrutis d’un autre temps qui nous gouvernent). Depuis le Japon est en crise et en régression permanente, mais les médias prestitués aux ordres de la ploutocratie mondialisée nous disent que tout va pour le mieux dans le meilleur des monde…

note : 7/10

Alfaric

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