Dobbs (scénario)
Fabrizio Fiorentino (dessin)
sous la direction de Bernard Lecomte

Un Pape dans l’Histoire, tome 3 :

Jean-Paul II « N’ayez pas peur ! »

Bande dessinée, histoire / 20ème siècle
Publiée le 13 novembre 2019 chez Glénat

Jean-Paul II. Rome, 13 mai 1981. Le pape est victime d’un attentat au milieu d’une foule immense, rassemblée place Saint-Pierre. Cet événement a choqué le monde entier. Transféré à l’hôpital entre la vie et la mort, il se souvient des moments forts de sa vie. Premier pape originaire d’un pays de l’Est, Karol Wojtyla traversera les événements qui ont marqué le XXe siècle : les guerres, le nazisme, l’horreur des camps d’extermination, le rideau de fer, la guerre froide, la chute du mur de Berlin et celle de l’URSS, la mondialisation… Devenu pape, il apporte son soutien aux opprimés et aux dissidents. Il parcourt le monde à la rencontre de tous et suscite de grands rassemblements. Jean-Paul II n’aura de cesse de prôner la réconciliation entre les peuples et entre les religions. L’appel qu’il a lancé le jour de son investiture restera dans l’Histoire : « N’ayez pas peur ! »

Jean-Paul II aka Carol Wojtyla est un personnage hors-norme. Sur l’échelle de Kohlberg du développement moral, il a clairement atteint le 6e niveau capable de transcender l’optique légaliste du 5e niveau et qui se soucie du bien commun et des réalités éthiques supérieures, indépendamment des frontières nationales, culturelles ou sociologiques. On ne va pas se mentir, pas mal gens pensent sans doute, et avec raison, qu’il a atteint le 7e niveau, celui de ceux qui obéissent uniquement aux principes universels comme Jésus, Bouddha ou Gandhi… Comment résumer sa vie en moins de 48 pages ? Ah ça les auteurs ont longtemps réfléchit à la question avant de tenter d’y répondre avec ce chouette album !

Tout commence le 13 mai 1981 sur la Place Saint-Pierre de Rome : il est 17h17, le jeune militant nationaliste turc Ali Agça tire sur le pape Jean-Paul II, et pour le monde entier c’est forcément une vengeance du KGB (l’attentat n’a jamais été élucidé, les documents déclassifiés de l’URSS n’apportant aucun éclairage sur l’événement). Entre le vie et la mort, la convalescence et le rétablissement le pape revoit son passé…
Carol Wojtyla était le fils pacifiste d’un officier militaire polonais, et il perdit sa mère et son frère aîné avant d’accéder à la majorité. Il passa de la passion du théâtre où il voulait devenir comédien à la passion de la religion où il voulait devenir prêtre, et il fut victime du nazisme hitlérien avant d’être victime du communisme stalinien. Après un voyage d’étude en France (vous savez ce pays qualifié de pourri par ses élites autoproclamées, mais qui a inspiré tous les réformateurs de ces 3 derniers siècles), il se lance à corps perdu dans la reconquête des âmes et des cœurs pour redonner de l’espoir là où il n’y en avait plus. Il monte vite en grade dans l’Église polonaise décimée par la guerre et le totalitarisme, et après avoir travaillé auprès de lors du Concile Vatican II auprès de Paul VI il se retrouve en bonne position après la mort très controversée de Jean-Paul Ier.

C’est le premier pape issu d’Europe de l’Est, mais c’est aussi le premier pape non italien depuis 1523, donc la papauté entre avant l’heure dans le IIIe millénaire avec un défenseur des opprimés qui va dézinguer les dictatures du monde entier : ah le voyage en Pologne en 1979, où il ridiculisa tous les sicaires du Ministère de la Propagande ! (en Pologne, on en rit encore)

Staline s’était moqué de la papauté en demandant combien de divisions possédait le Vatican. Le Destin est farceur puisque quelques décennies plus tard après le « fakir va-nu-pieds » qui fit trembler l’Empire britannique sans haine ni violence, ni mépris ni indifférence, le « pape globe-trotter » a très largement contribué à l’effondrement de l’Empire soviétique sans haine ni violence, ni mépris ni indifférence.

Le temps s’en va, l’éternité demeure.

Ensuite on repousse le quatrième mur, puisqu’on suit un journaliste réalisant un documentaire sur Jean-Paul II qui se demande comment parler du personnage sans tomber dans l’hagiographie en n’omettant pas ses ambiguïtés, les contradictions entre son modernisme sur certains sujet et son conservatisme sur d’autres sujets. Entre les paroles et les actions, la vérité est quelque part entre les deux… Ses interrogations sont celles des auteurs, et il décide de commencer son documentaire par le 13 mai 1981 où il a démarré sa carrière de journaliste. Les auteurs parviennent à réaliser la biographie de l’un des personnages les plus importants du XXe siècle par une mise an abyme qui raconte la vie de l’un de ceux dont il a changé la vie : c’est génial ! Manquerait plus qu’on soit dans l’autofiction du plotmaster Bernard Lecomte et la boucle serait bouclée…

Tome après tome, Dobbs prouve qu’il est un bon voire un très bon scénariste. Les dessins de Fabrizio Fiorentino colorisés par Josie De Rosa sont agréables, et pour ne rien gâcher le dossier de Bernard Lecomte est très complet. Ici on se heurte a un personnage « bigger than life : les choses humaines ont de vastes de rivages, et on ne peut les contenir bien longtemps dans un chenal trop étroit… La pensée et l’action de JPII sont beaucoup trop vastes pour tenir en 48 pages, et elles appellent à bien d’autres adaptations sous bien des formes tellement il y a à dire !

note : 7,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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