Jérémy Bouquin

Roman, thriller
Publié en 2015 aux Éditions Luciférines

Maximilien Fortis est négociant. Sa spécialité ? Un produit de luxe : la viande humaine. Quand un gros client lui passe commande pour un mets d’exception, une famille nourrie au bio, végétarienne et élevée en plein air, Fortis se trouve face à un véritable défi. Il s’agit d’une espèce bien protégée. Comment contourner les lois anti-cannibalisme pour dénicher les victimes idéales ? Épaulé par un chasseur fou, il se lance dans une traque à hauts-risques.

Je ne connaissais en rien les premières œuvres de Jérémy Bouquin, pas plus que les éditions luciférines, mais un petit tour aux imaginales de la bien nommée Epinal, au pied du massif des Vosges, me permet quelque rattrapage.

Si je n’en sais guère plus sur l’auteur tourangeau et ses polars, réalisateur de courts et moyens-métrages par ailleurs, je me suis donc procuré «Qui part à la chasse…». Et je l’ai lu.

L’éditeur nous présente ça comme un slasher dans lequel l’industrie agroalimentaire ne nourrirait plus aucune limite.

Quel cauchemar je vais devoir affronter ? Je suis un animal, je reste un animal. J’ai peur. Il y a toujours plus fort que soi, un prédateur au-dessus de chaque prédateur.

Nous avons donc affaire à un intermédiaire en viande humaine. Le narrateur, quinquagénaire décomplexé, se fait donc l’intermédiaire entre consommateurs avertis de la chair de leurs semblables et fournisseurs sans scrupules. Dans un trafic des plus illégaux, il va de soi. On commence gentiment, par la visite d’un éleveur des plus répugnants, mais réglo. Les choses se corsent quand intervient un mystérieux client, désireux d’une viande de qualité, qui répondrait aux normes du biologique… Rare et dure à débusquer, cette came ! En plus, ladite espèce se voit protégée, même dans le milieu…

Pas de panique, Maximilien connaît du chasseur, du bon gros psychopathe qui fera la maille ! A savoir du traqueur de première bourre, qui jouit littéralement en piégeant sa proie…

Mais de chasseur à chassé, il n’y a jamais bien loin… Et puis ce con qui voulait le faire participer… Sans oublier sa fille, issue d’une relation terminée, mais dont il ne peut assurer présentement la garde… Sans compter le gros poisson qui insiste et qui attend son festin.

Bref, non sans humour, péripéties et déconvenues s’enchaînent sur un rythme furieusement énervé. Les phrases sont courtes. Le style incisif. Les humains des prédateurs. Leurs abats goûtus. L’humour noir.

Tout cela pourrait paraître bien glauque, voire presque vain. En dehors du simple délire, s’entend. Mais cette course effrénée au profit, puis à la survie, tombe dans un cynisme des plus marqués, qui nous aiguillonne là où l’ambiance pourrait nous enliser. Ce slasher vous dégoûte et son cynisme froid vous est immonde ? Mais tout cela n’est qu’allégorie de notre société de consommation, très cher. Depuis quand les hommes de pouvoir et leurs sbires rendraient-ils compte publiquement de leurs crimes et paieraient-ils…

note : 7,5/10

Julien Schwab

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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