Dans ce tome 3 intitulé La Princesse du Silence, tout commence par un droit de quota de flashback où on nous montre que la rivalité entre les deux filles de Julia Maesa qui voulait un garçon pour la descendance de la dynastie. Seule l’aînée compte, mais la cadette compte bien prendre sa revanche : ce sont leurs enfants qui seront les pions de leur domination ou de leur vengeance… Lever de rideau !

Dans ce troisième et dernier acte de la tragédie des princesses d’Emèse, Héliogabale est toujours dans son délire tantrique plein de prières, de danses et d’orgies pour sa Pierre Noire. Les Romains ne le comprennent pas et il ne comprend pas les Romains certes, mais je trouve les similitudes entre Néron et Héliogabale trop nombreuses et trop fréquentes pour que cela soit fortuit. Soit les détracteurs du 2e se sont inspirés des détracteurs du 1er, quitte à multiplier les copier-coller, soit les uns et les autres cochent bêtement le bingo de tous les stéréotypes du souverain fou, donc bête, méchant et imbus de lui-même…

Du coup Julia Maesa et Comzaon, déjà écartés du pouvoir dans le tome précédent par leurs marionnettes, lâchent la fille aînée et son fils Bassianus destiné à être ancien empereur pour soutenir la fille cadette et son fils Alexianius destinée à être le nouvel empereur. Le cousin de l’empereur devient donc son héritier, et il est tout de suite mis en compétition avec lui car il est plus aimé des Romains que lui. C’est donc la foire aux intrigues et aux complots au sein de la même famille, avec ragots et rumeurs, chantage et corruption, dans une lutte d’influence sans nom…

Le trône de Rome trône n’est qu’un instrument de torture… Une machine à tuer particulièrement sadique, destinée à broyer les chairs et les esprits de tous les malheureux que le destin lui a désignés.

Les prétoriens avertissent bien l’empereur mais quand sa mère ordonne leur arrestation, il n’y a plus personne pour lui obéir y compris au sein de la IIIe Légion Alba qu’elle avait pourtant soudoyé avec ses propres deniers. C’est là que Julia Mamea règle ses comptes avec sa sœur Julia Soemia de manière sanglante, radicale et définitive.

La fin de la dynastie est racontée par la Pierre Noire elle-même, les 13 ans de paix et de prospérité offerts par Sevère Alexandre étant balayés par une guerre sans butin contre des révolutionnaires religieux iraniens (décidément, c’est des spécialistes de l’exercice de style hein) et des difficultés militaires en Illyrie… C’est son ami Maximin le Thrace qui est porté au pouvoir à sa place, mais c’est le temps des malédictions et pendant tout le IIIe siècle après Jésus-Christ aucune personne n’est resté bien longtemps au pouvoir… On dirait la manière dont la cité de Florence racontait sa propre histoire dans série Médicis ou comment la divinité vengeresse piégée dans une statuette maudite racontait les heurs et malheurs des Romains qu’elle martyrisait dans la série Roma (série pensée par Gilles Chaillet qui aurait dû aller jusqu’au XXe siècle mais qui s’est arrêtée au IVe siècle : quelle dommage, il restait tellement de chose à raconter)…

PS: même si on a attendu un certain temps ce 3e tome qui est un peut-être un chouia moins abouti, notamment visuellement, le projet d’ensemble d’une tragédie en 3 actes avec 3 femmes tournant autour du pouvoir et de ceux qui l’incarnent pour mieux le leur confisquer est joliment exécuté, comme le montre la scénographie formé par les 3 illustrations de couverture…

note : 7,5/10

Alfaric