Luc Ferry (histoire)
Clotide Bruneau (scénario)
Giuseppe Baiguera (dessin)
Didier Poli (direction artistique)

La Sagesse des mythes :

L’Odyssée tome 3,

La Ruse de Pénélope

Bande dessinée, fantasy / mythologie
Publiée le 11 mars 2020 chez Glénat

Le voyage d’un naufragé. Voilà sept ans que Calypso retient Ulysse sur son île. Sept ans que le roi d’Ithaque se morfond de son foyer et de sa belle Pénélope. Mais suite à la visite d’Hermès, le messager des dieux, la nymphe de la mer doit consentir à laisser partir celui qu’elle aime par-dessus tout. Ulysse est enfin prêt à entamer la dernière partie de son voyage. Mais celui-ci est encore loin d’être terminé. Poséidon n’en a pas fini avec lui…

Luc Ferry avait réussi l’exploit de raconter la Guerre de Troie sans jamais montrer Hélène de Troie, et bien dans ce tome 3 intitulé La Ruse de Pénélope il réussit l’exploit de transformer Pénélope en élément de décor qu’on voit 1 fois ou 2 seulement… Ulysse quitte Calypso et les Îles Baléares, puis après avoir raconté son histoire en 1 page il quitte Nausicaä et les Îles Phéaciennes. Il finit enfin à rejoindre Ithaque malgré la malédiction de Poséidon, et magiquement déguisé en vieillard il fait diverses rencontres et découvre son palais dilapidé par ceux qui veulent prendre sa place…

– Comment peux-tu me préférer une mortelle ? Pénélope ne peut se mesurer à une divinité !
– Aucune mortelle ne pourrait t’être supérieure, belle Calypso. Tu les domines toutes… Mais il ne s’agit pas de cela…
– Alors quoi ?
– Ithaque est ma patrie.

Alors c’est moyennement moyen sur le fond comme sur la forme, en plus Luc Ferry n’arrête pas de parler de laïcité alors que les dieux interviennent via des deus ex machina pour un oui ou pour un non, et c’est limite s’ils ne tiennent pas Ulysse par la main pour le ramener à Ithaque. On avait une histoire universelle et millénaire d’un époux qui revient enfin à la maison après 20 d’absence pour découvrir un enfant qu’il n’a connu, avec une épouse qui a toujours cru en son retour et un fils qui a toujours cru tout court. Et parvient à la transformer en fable moraliste bourgeoise et nationaliste : on se face avant même le fameux « massacre des prétendants » qui aurait pu avoir lieu dans ce tome si on avait pas fait inutilement traîner les choses… Ulysse en a rien à faire de Calypso, il en rien à faire de Nausicaä, mais il en aussi rien à faire de Pénélope. Il veut juste retourner sur le trône d’Ithaque parce que c’est la « philosophie » de Luc Ferry.

Luc Ferry peut se cacher derrière le stoïcisme et le bouddhisme, mais on voit bien où il veut en venir (il nous l’a suffisamment expliqué dans le tome précédent)… Chacun doit être à sa place, donc les pauvres doivent travailler et être pauvres, les riches doivent s’amuser et être riches, les rois doivent gouverner et être rois, les hommes doivent vieillir et mourir, et les dieux immortels doivent s’ennuyer à mourir donc doivent tromper leur ennui avec des coucheries et des games of thrones à n’en plus finir ! C’est toujours aussi fumeux car il explique de manière compliquée et alambiquée des choses simples voire intuitive : « carpe diem » devient « il faut être en harmonie avec l’harmonie »… Et à quoi ça sert de faire des études de philosophie pour sortir des aphorismes qu’on retrouve dans n’importe quel livre de développement personnel : il ne faut pas penser au passé c’est stressant, il ne faut pas penser à l’avenir c’est angoissant, il faut juste se concentrer sur le présent… C’est presque un éloge de l’ignorance tout ça… Et comme Luc Ferry signe aussi les aparté, il parvient à être encore plus chiant que d’habitude !

note : 4,5/10

Alfaric

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