Matz (scénario)
Philippe Xavier (dessin)

Tango, tome 3 :

A l’Ombre du Panama

Bande dessinée, polar / thriller
Publiée le 27 septembre 2019 chez Le Lombard

Tango et Mario ont décidé de quitter les Bahamas et de poursuivre leur périple. Après une escale, ils découvrent un passager clandestin dans leur bateau. Muller est un homme d’affaire français en fuite. Pour Tango, impossible d’abandonner à son sort un camarade d’infortune. Mais Mario est plus méfiant : il a compris que la présence de Muller signait le retour des ennuis à grande échelle.

Dans ce tome 3 intitulé A l’Ombre du Panama, c’est entre road trip à la latino-américaine et buddy movie à la française que l’ancien mafieux John Tango et l’ancien flic Mario Borgès font route avec le fric qu’ils ont dérobé à la voyoucratie. Ils se retrouvent avec un drôle d’oiseau comme voyageur clandestin en la personne de Charles Muller, un premier de cordée de la Ripoux-blique en cavale : les criminels veulent le tuer pour le faire taire et les autorité veulent l’arrêter pour le faire parler, mais sur la fin comme sur les moyens j’avoue qu’on peut avoir du mal à faire la distinction entre les criminels et les autorités… On peut dire qu’avec John et Diego il est à la fois très mal tombé car ces derniers ne sont pas nés de la dernière pluie, et assez bien tombé car ce sont peut-être les seuls à pouvoir le sauver !
John Tango, qu’on découvre être en fait John Cruz, et Diego Borgès livrent directement ou indirectement une part de leur passé mais les auteurs dévoilent leur jeu de manière plus subtile et plus élégante que dans le tome 2 qui avançait trop rapidement. A la fois chassés et chasseurs ils sont dans ce tome au cœur d’une guerre de l’ombre entre la délinquance / déliquescence d’en haut et les derniers combattants de lutte anti-criminelle qui doivent lutter moins contre leurs adversaires que contre leur hiérarchie laxiste voire complice qui suit aveuglément l’idéologie du « renard libre dans le poulailler libre ». Ils servent d’appât pour passer du mener frettin aux gros poissons, et visiblement cela va continuer dans la suites de leur (més)aventures… C’est ainsi que nous découvrons Tom Reyes de la DEA, ancien mentor de John Tango / John Cruz, qui en a marre de courir après les voleurs de poules et qui a décidé de traquer les voleurs de chevaux ! To Be Continued !!!

 – N’empêche, c’est quand même un truc extraordinaire, non ?
– Quoi donc ?
– Ici. Les Grenadines. Pas la moindre source d’eau potable. C’est quand même incroyable que le Bon Dieu ait crée un endroit aussi beau, et qu’il ait oublié d’y mettre de l’eau, non ?
– C’est surtout une preuve de plus que Dieu n’existe pas. La nature est comme elle est.

Les bons dialogues remplis de punchlines de Matz se marient toujours aussi bien aux chouettes graphismes plein de dynamisme de Philippe Xavier. Personnellement j’ai y vu un revival des Tontons flingueurs revus et corrigés avec toutes les techniques du polar moderne. Après quelques ficelles sont assez grosses pour envoyer les personnages là où les auteurs veulent les voir sévir, mais ici c’est beaucoup moins gros que dans le tome 2…

En 1998, Jean de Maillard et Pierre-Xavier Grézaud, Bertrand Bertossa, Antonio Gialanella, Benoît Dejemeppe, Renaud Van Ruymbeke, Eva Joly et Laurence Vichnievsky, des gens bien plus ancrés dans le réel que les idéologues et les fanatiques qui se paluchent le manche devant les théoriciens de « l’école autrichienne », dénonçaient dans leur ouvrage Un Monde sans loi une financiarisation de l’économie qui flirtait dangereusement avec la criminalisation de la finance. 20 ans et 3 crises économiques mondiales plus tard, on a rien fait pour améliorer les choses donc c’est le plus logiquement que tout a empiré : alors que des pans entiers du monde retournent à la précarité et la ploutocratie mondialisée se gargarise d’avoir volé aux peuples du monde entier 40000 milliards de dollars ! Avec ce « pognon de dingue », on pourrait éradiquer la plupart des fléaux de l’humanité pour que le progrès soit enfin partagé par tous. Oui mais non, ces homines crevarices qui n’ont d’humains que l’apparence ne sont heureux que quand les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres pour pouvoir se sentir tellement supérieurs aux autres (Don Salluste Copyright).

note : 7,5/10

Alfaric

Parce que notre avis n’est pas le seul qui vaille, quelle note mettriez-vous à cet ouvrage ?

 
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