Matz (scénario)
Philippe Xavier (dessin)

Tango, tome 5 :

Le Dernier Condor

Bande dessinée, polar / thriller
Publiée le 30 octobre 2020 chez Le Lombard

Tango et Mario se sont installés en Argentine où ils coulent des jours paisibles. Mais cette fois c’est le passé de flic de Mario qui refait surface. Il est enlevé par d’anciens criminels de guerre résolus à se venger. Tango le sait, il n’a que quelques heures devant lui pour retrouver son ami…

Les auteurs ont réussi à transformer un stand alone en serial voire en feuilleton avec une Série B bien calibrée plutôt de qualité. Dans ce tome 5 intitulé Le Dernier Condor, comme annoncé Mario Borgès et John Cruz alias Tango sont rentrés en Argentine : le premier vit une vie bien peinard de rentier propriétaire d’appartements à Buenos Aires, le second est reparti courir la pampa avec les gauchos. Sauf que Mario a a disparu après avoir laissé en plan son neveu après un match de River Plate, et que sa sœur est d’autant plus inquiète que la police ne veut pas intervenir avant 48 heures (et comme vous le savez s’il y a un vrai problème au bout de 48 heures il sera bien trop tard). Et elle a bien raison : Mario est tombé entre les mains du dernier mec qu’il a arrêté avant de quitter la police, et ce dernier bourreau de la dictature bien planqué et bien protégé qui n’a pas supporté l’affront fait à se supériorité a décidé de se venger… Mais dans ses travaux d’observation et de préparation, il a oublié le Facteur X : Tango !

Un album simple mais efficace : le désir de vengeance est utilisé pour ralentir Carlos Cabrera (il veut fumer tous ceux qui ont contribué à sa chute au lieu de se contenter de Mario Borgès), ses contacts à la CIA permettent à John Cruz de le rattraper dans le délai imparti, la belle-gosse uruguayenne Virgina Conde est utilisée comme fausse piste, et celui dont on ne cesse de parler mais qu’on ne voit jamais débarque à la fin comme deus ex machina… On ajoute une narration à rebours avec flashforwards et flashbacks qui est là pour sophistiquer l’intrigue sans la complexifier ni la densifier.

Moi, ce que je veux, dans la vie maintenant, c’est zéro emmerde. Aucune embrouille. La paix. La sérénité. Le bonheur. Je suis fait pour ça.

On pourrait qualifier la série de polar mainstream en BD, et elle pourrait devenir le nouveau standard de polar mainstream en BD. Néanmoins elle possède trois atouts qui lui permettent de sortir du lot : les chouettes dialogues de Matz véritables mines à citations, les beaux dessin de Philippe Xavier aussi agréables qu’impeccables, et le cadre latino américain qui nous change du sempiternel cadre états-unien… Après de source bien informées l’éditeur pousse au cul les auteurs pour enchaîner les albums à un rythme trop rapide pour faire maturer les bonnes idées, donc difficile de réitérer l’alchimie du premier tome qui était plus abouti donc de meilleure qualité…

 

PS: Il est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Dans la seconde moitié du XXe siècle au nom de la lutte contre le communisme, les États-Unis ont poussé au cul les États d’Amérique latine pour traquer les agents soviétiques et cubains, quitte à dégommer les gouvernements non coopératifs et à sortir de la naphtaline d’anciens nazis criminels de guerre et criminels contre l’humanité (ah Liberté, que de crimes commet-on en ton nom). Sauf qu’on est pas dans la sécurité mais dans l’idéologie, et que forcément ça a dérapé gravement (surtout quand on voit que la première mesures de tous ces Docteur Mabuse fut comme les Nazis d’organiser leur irresponsabilité pénale) : en criminalisant la pensée, on réprime les activistes, puis les militants, puis les sympathisants, et au final les gens seulement choqués par tout ce merdier… On aboutit au « vous êtes avec nous ou contre nous » qu’on voit fleurir aujourd’hui dans les déclarations de ploutocrates patentés, et on en arrive à exécuter des contestataires dans un fossé pour défendre les libertés économiques d’une minorité de rentiers… Mais j’en reparlerai avec de grands artistes latino-américains qui ont mystérieusement disparu eux et leurs familles qui demandaient seulement aux autorités d’enquêter !

note : 7+/10

Alfaric

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