Thierry Gloris (scénario)
Jacques Lamontagne (dessin)

Wild West, tome 3

Scalps en série

(pour public averti)

 

Bande dessinée, histoire / western
Publiée le 25 mars 2022​ chez Dupuis

Après la mort de son époux indien, assassiné par Wild Bill Hickok, Martha Jane Cannary est recueillie par Charlie Utter, un généreux colon qui ne peut toutefois éviter la déchéance alcoolisée de sa protégée, laquelle ne songe qu’à se venger. Pendant ce temps, Wild Bill travaille en tant que responsable de la sécurité sur le chantier de construction du chemin de fer, où il doit gérer les bagarres entre ouvriers blancs et noirs, mais aussi les meurtres d’un mystérieux tueur scalpant ses victimes… Le destin va-t-il réunir Martha Jane Cannary et Wild Bill ? Probablement. Et leurs retrouvailles risquent fort d’être couleur rouge sang…​

​Dans ce tome 3 très Hell on Wheels : L’Enfer de l’Ouest, Jolie Calamité est devenue à moitié-folle après la mort de son époux et de son bébé. Elle est recueillie par le marchand Charlie Utter qui veut réussir à la sauver là où il a échoué à sauver sa petite sœur… Mais difficile de sauver quelqu’un qui ne veut pas l’être, surtout quand il se réfugie dans le whisky, et qui se met martel en tête que tuer Wild Bill est la solution à tout ses problèmes…

Wild Bill, lui est le chef de la sécurité d’un chemin de fer qui n’a pas toujours pas intégré l’abolition de l’esclavage à la fin de la Guerre de Sécession. Mais les deux problèmes du chantier c’est la pénurie d’ouvriers et les frontières des réserves indiennes qui changent au fil au des guerres qui ne cesse de s’enchaîner avec des résultats divers.

Option 1 : Augmenter les salaires pour dissuader les travailleurs d’aller vers la ruée vers l’or
Option 2 : Obliger les salariés à s’endetter sur place dans les saloons, les tripots et les bordels
Evidemment le capitalisme choisi la solution la plus compliquée, la plus dégueulasse mais prétendument la plus rentable (prétendument car on ne prend jamais en compte le coût de ses conséquences). D’ailleurs le directeur du chemin du chemin de fer incarne bien le capitalisme : petit, laid, grimaçant, sans scrupules, et prêt et au reste pour se faire de l’argent, encore plus de d’argent, et toujours plus d’argent.

Quand la poudre parle… mieux vaut se taire.

Ce qui rassemble les deux personnages c’est un serial killer qui veut faire croire que ses victimes ont été massacrés par des Amérindiens. Or après avoir raté sa tentative d’assassinat sur Wild Bill, Martha Cannary reconnaît immédiatement la mise en scène du troisième meurtre : il s’agit de l’illustration de couverture d’un canard réalisé par un dénommé Nicolas Torriol…

Et c’est parti pour une chasse à l’homme, Bill et Martha se réconciliant au fur et au mesure de leur traque (l’adjoint afro-américain Bass Reeves ayant déjà arrondi les angles à l’avance en démontrant que les Noirs ont davantage souffert que les femmes : l’intersectionnalité est-elle en marche ?).

Et le hasard fait bien les choses en bien comme en mal : Martha Cannary / Jolie Calamité / Calamity Jane retrouve pour toujours Charlie Utter, et le patron du chemin de fer s’est débarrassé de Wild Bill pour mieux accuser les Amérindiens des meurtres et traverser leurs territoires au grand mépris de toute les traités signés. Mais après tout le grand capital se torche le cul des traités qui ne lui rapporte pas de dividendes…

 

Thierry Gloris est un scénariste assez sous-estimé : en peu de cases et en peu de mots il dégage un bel humanisme, là où certains de ses collègues bien cotés multiplient les planches et les phylactères pour faire de la philosophie assez nébuleuse. Je le retrouve donc avec grand plaisir, d’autant plus que son compère Jacques Lamontagne est au diapason avec un travail de qualité.

note : 8,5/10

Alfaric

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