Tatsukazu Konda (scénario)
Shimeji Yukiyama (dessin)

Silver Wolf

Blood Bone,

tome 10

(pour public averti)

Manga, fantastique / horreur
Publié en VF le 09 juillet 2020 chez Kurokawa
Publié en VO à partir de 2015 par Shogakukan dans Ura Sunday  (« Ginrou Bloodbone / 銀狼ブラッドボーン »)

Zortan et ses suivants ont échangé leur vie contre un immense pouvoir. Faust, le roi des vampires, a localisé la source de la drogue qu’ils utilisent et lance une attaque contre eux. Cependant, Ayevis, l’ancien roi, apparaît à son tour…

Nous voilà déjà au tome 10, et cette série est toujours aussi sympa car même si tout n’est pas bien maîtrisé on voit que c’est plein de bonne volonté pour arpenter des voies peu explorées…

C’est dommage de ne pas avoir explicité plutôt la nature vampirique car contrairement à d’autres manga qui font n’importe quoi elle est ici cohérente et bien exploité : on s’inspire de la franchise vidéoludique Castlevania donc du Dracula de Bram Stocker, mais au final on est entre les Melnibonéens de Michael Moorcock, aristocrates décadents responsables de leur propre perte, et les mutants de Chris Claremont, œuvrant sans relâche à une coexistence pacifique entre les peuples. Les vampires ne sont pas des morts-vivants victimes d’une malédiction divine ou d’une bénédiction démoniaque, mais d’une espèce à part entière dont la puissance, la résistance, et la longévité confinant à l’immortalité ne sont que des caractéristiques communes, les manifestations particulières du « blood control » n’étant que l’expression de leurs caractéristiques individuelles…
Il faut garder cela à l’esprit quand quelque part en Amérique Centrale nous voyons Faust le Moïse vampire qui a causé la perte de son propre peuple être à tout et au reste pour le faire renaître (avec l’aide du savant humain MacMillan qui après participé à un génocide ne ménage pas ses efforts pour soulager sa conscience en défaisant ce qui a été fait). Car les métisses sont l’avenir du peuple vampire, et les derniers représentants de l’espèce se disputent la reine Edéa enceinte jusqu’au cou qui doit mettre au monde une nouvelle Cocowill…

Les mauvais auteurs de mangas nous font des combats de super-héros et de super-vilains overcheatés régénérant à l’infini (suivez mon regard), mais les bons auteurs développent des conflits de loyauté qui sont autant de dilemmes cornéliens. Sans la maîtrise, la puissance n’est rien. Et ici plus que jamais le sort du monde pourrait bien se jouer en l’âme d’un seul homme (ou d’un seul vampire), car la question qui hante tous les personnages quel que soit leur camp est « quel est le futur que nous désirions / désirons ? »… (Artha, Dharma, Karma : dans le destin des hommes comme de l’humanité plus les choses changent et plus elles sont les mêmes)

Pourquoi ce qui nous paraît le plus beau est-il ce qu’il y a de plus inatteignable ?

Après Hans Vahpet obligé d’affronter ses anciens compagnons ressuscités et maraboutés par Grim l’agent du chaos, voici Faust obligé d’affronter ses anciens ressuscités et maraboutés par Grim l’agent du chaos (les agents de l’ordre étant les ploutocratie mondialisée qui a jouée aux apprentis sorciers en déclenchant une guerre totale entre humains et vampires). On Faust et ses nouveaux partisans (ayant recours aux médicament fabriqués par les savant fous humains) obligés d’affronter les anciens partisans de Faust passés du Côté Obscur (ayant recours aux dopants fabriqués par Grim l’agent du chaos) partagés entre la soif de vengeance et l’espoir de rédemption (peut-on renier son passé pour construire l’avenir ?). Tout cela est symbolisé par le seigneur vampire Zortan qui est pris entre le marteau et l’enclume en devant affronter à la fois son fils et son suzerain ne sait plus à quel saint se vouer… Mais pas que, car Nirram affronte son ancien professeur Seth, Minstah affronte son ancienne élève Carmilla, et Faust affronte conjointement son ancien mentor et son ancien disciple tandis qu’on fait du droit de quota de flashbacks avec Riks le vampire germaphobe prêt à accomplir l’ultime sacrifice par loyauté bien ou mal placée (yaoi forever ?). Dommage qu’on sacrifice l’histoire au rythme en accélérant le tempo par des ellipses et par des coupes dans la scénographie des affrontements, parce ça a la gueule hein niveau tenant et aboutissant !

Cerise sur le gâteau on ne sait pas trop sur quel bien danser avec Ayevis l’ancien roi vampire qui représente le chaos de l’individualisme face à Faust le nouveau roi vampire qui représente l’ordre du bien commun (c’est pour cela que l’émule d’Armand du vampireverse d’Anne Rice s’entend si bien avec Grim le Joker dreadful punk). Il manipule les pions de Grim sans en être un lui-même, lui qui a monnayé sa survie auprès des humains. Il n’a jamais abandonné ses ambitions, et semble en avoir beaucoup pour la reine Edéa et son enfant à naître (lui dont le sang semble si crucial pour la survie et le renouveau du peuple vampire)… Qui sait, peut-être que Vishar l’ex-chef des services des renseignements sous le contrôle direct du roi Faust en a aussi ? To Be Continued !!!

Bref un tome très vampirique, et en attendant l’arrivée en renfort de la Team Hans Vahpet les bonus sont tous consacrés au quotidien des vampires…

note : 8-/10

Alfaric

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